Comment connaitre le nom de l'architecte qui a (re)construit un chateau en France au XIXeme siecle ?
Question d'origine :
Comment peut on connaitre le nom de l'architecte qui a construit ou reconstruit un chateau en France au XIXeme siecle.
Merci.
Réponse du Guichet
Vous pensez certainement à Eugène Viollet-le-Duc.
Bonjour,
L'architecte Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) a eu un rôle capital - et aujourd'hui controversé - pour la restauration du patrimoine médiéval au XIXe siècle. Son oeuvre s'inscrit dans le contexte d'un timide commencement de prise en compte d'un passé jusque là négligé :
Sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), la volonté de remettre à l’honneur de grands édifices symboliques de l’Ancien Régime, comme le Louvre, Versailles ou Saint-Denis, conduit l’État à mettre en place un appareil administratif pour les monuments historiques. La création d’un inspecteur général des monuments historiques le 21 octobre 1830, à l’instigation de François Guizot, alors ministre de l’Intérieur, représente l’aboutissement d’une réflexion engagée sous la Révolution puis sous le Premier Empire autour de la notion de patrimoine national. D’abord dirigé par Ludovic Vitet, puis par Prosper Mérimée à partir de 1834, le nouveau service d’inspection a pour mission de classer les édifices et d’y entreprendre des travaux de conservation, ceux-ci pouvant aller d’une simple réparation à la rénovation complète du bâtiment. [...]
En 1840, Mérimée confie au jeune architecte Viollet-le-Duc (1814-1879) la restauration de la Madeleine de Vézelay, qu’il avait visitée lors de sa première tournée d’inspecteur général des Monuments historiques en 1834. L’église était alors dans un triste état, ainsi que le montre une aquarelle de Viollet-le-Duc, pour qui le dessin était indissociable de la pratique architecturale : voûtes crevassées, murs lézardés, tour gauche de la façade ouest effondrée, etc. Aussitôt entamé, le chantier de restauration s’étale jusqu’en 1859. Viollet-le-Duc reconstruit une grande partie de l’édifice, en particulier les arcs-boutants et les voûtes, et restaure la façade ouest, ainsi que le chœur. Réputé exemplaire et consciencieux malgré sa radicalité, ce sauvetage marque le début d’une longue série de restaurations : la Sainte-Chapelle (1842), Notre-Dame de Paris (1843), Carcassonne et ses remparts (1844), Saint-Sernin de Toulouse (1846), Saint-Denis (1846)... Dans les deux derniers monuments, Viollet-le-Duc met en œuvre ses grands principes théoriques sur l’architecture : proscrivant l’emploi de matériaux considérés alors comme modernes, tel le fer, il privilégie la structure architecturale de l’édifice au détriment du décor et de la diversité des ajouts effectués au cours de l’histoire. De son propre aveu, « restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné ».
(Source: histoire-image.org/)
Viollet-le-Duc se permet de nombreuses libertés avec les bâtiments qu'il restaure, y ajoutant parfois des éléments n'y ayant jamais figuré, comme les chimères décoratives de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris. Vous trouverez d'ailleurs un article très complet au sujet du mobilier de Notre-Dame sur culture.gouv.
Si son travail sur les édifices religieux est le plus connu, Viollet-le-Duc restaura des fortifications, comme à Carcassonne ou Avignon, et des châteaux comme celui de Pierrefonds (Oise), qu'il reconstruisit entièrement. Cette restauration, décidée en 1857, qui dura jusqu'à la fin de sa carrière :
La portée de cette restauration exceptionnelle est multiple. À l’extérieur, il reconstitue en archéologue fidèle le système défensif d’un château fort du début du xve siècle. À l’intérieur, en revanche, à l’exception des étages et des salles du donjon carré, il se donne une liberté d’invention illimitée qui confine à la plus grande fantaisie. Les chambres et salons de l’empereur [Napoléon III] et de l’impératrice [Eugénie] sont des créations sans pastiche dont la polychromie murale a pour objet de modeler l’espace au même titre que la lumière, à l’aide de vifs contrastes dans les appartements privés et de tons sombres dans les parties publiques. La salle des Preuses reçoit une cheminée monumentale aux chapiteaux historiés qui annonce les tendances de l’art 1900. La chapelle, totalement remodelée, acquiert des proportions étonnantes.
(Source :ehne.fr)
Dans un article biographique que nous vous invitons à lire dans son intégralité, l'équipe de la BnF ajoute que l'édifice influencera jusqu'à nos parcs d'attractions :
Cet interventionnisme exacerbé, Viollet-le-Duc le mit en œuvre sur des édifices aussi bien civils que religieux. Ainsi, pour la restauration du château de Pierrefonds à partir de 1857, l'architecte laissa libre cours à son imagination : non seulement il recréa des pans entiers de l'édifice médiéval datant de 1393 et rendu à l'état de ruine à la suite de son démantèlement par Richelieu en 1617, mais il imagina jusqu'à la part la plus infime de son décor. Aux yeux d'Anatole France, Viollet-le-Duc avait métamorphosé Pierrefonds en un "énorme joujou" ; pour Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments historiques, il y avait accompli un réel prodige :"On se croirait, dit-il, en plein Moyen Âge." Inévitablement, Pierrefonds, restauré ou pastiché, ne pouvait qu'inspirer Walt Disney pour son château de La Belle au bois dormant.
Pour aller plus loin :
Qui était Viollet-le-Duc ? sur monuments-nationaux.fr
Qui était Viollet-le-Duc, l’architecte qui réinventa Notre-Dame ? sur lemonde.fr
Site du Château de Pierrefonds
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