Qui est le poète Haidar Ali Chinassi Fazil ?
Question d'origine :
bonjour je sollicite votre aide et vos connaissances pour trouver des renseignements sur l'auteur suivant : je possède un ouvrage intitulé "roses ensanglantées" par le Prince HAIDAR ALI CHINASSI FAZIL paru en 1919 LE CAIRE imprimerie de l'institut français d'archéologie orientale 1919; l'exemplaire que j'ai est dédicacé. j'ai fait des recherches sur internet et trouvé les notices sur la BNF rien sur gallica et sur retronews un article citant sa parution. est il possible de trouver ailleurs des renseignements sur cet auteur et savoir s'il y a d'autres écrits ? et s'il a été reconnu à l'époque. une biographie existerait elle ? Puisqu'il était "prince" de quelle famille faisait-il partie ? merci de votre aide.
Réponse du Guichet
A notre connaissance, le prince égyptien Haïdar Fazil, cousin du roi Fouad, a publié deux recueils de poèmes en français : Gerbe d'Orient et Roses ensanglantées.
Il a aussi consacré des travaux à l'histoire de l'Egypte, restés inachevés à sa mort en 1929.
Bonjour,
On trouve plusieurs articles dans RetroNews qui nous fournissent des informations sur le prince Haïdar Fazil.
Journal des débats politiques et littéraires, 30 septembre 1924 :
Un prince égyptien poète français
[...] on ne doit pas ignorer que le français inspire l'âme des Egyptiens cultivés, dont l'un d'eux, Wacyf Boutros Ghali est un écrivain remarquable bien connu de nos lecteurs. Tel est le cas du prince Haïdar Fazil, qui vient aimablement de nous adresser ses deux volumes de poésies : Gerbe d'Orient et Roses ensanglantées. Il est facile de se rendre compte, en parcourant l'oeuvre du prince Haïdar Fazil, cousin du roi, qu'elle procède à la fois du romantisme européen et du romantisme musulman.
Mercure de France, 1 mai 1922 :
[...] le Prince Haidar Fazil, membre de la dynastie régnante, qui a déjà fait paraître deux recueils de poèmes d'une inspiration élevée : Les Roses ensanglantées et la Gerbe d'Orient. Qu'un petit-fils de Méhémet Aly s'exprime en vers français, n'est-ce pas un titre de gloire tout particulier pour la langue de Ronsard et de Racine ?
On ne peut guère s'étonner de ces efforts, lorsqu'on sait les encouragements qu'ils reçoivent d'un Souverain éclairé qui perpétue la tradition de son aïeul, le grand Méhémet-Aly, et de son père, le Khédive Ismaïl. C'est, en effet, au Roi Fouad que l'Egypte doit la fondation de son Université, ainsi que de la plupart des institutions scientifiques et Sociétés savantes du pays. C'est encore ce prince qui, avant de monter sur le trône, aidait à la création d'une Société d'Economie Politique, de Statistique et de Législation, rajeunissait la Société de Géographie dont il présidait le comité, et réorganisait l'Institut d'Egypte, fondé par Bonaparte en 1797.
[...] Un événement douloureux a jeté une note de tristesse au moment même où s'ouvrait, avec le retour du roi et la reprise des conférences, la saison d'hiver au Caire ; cet événement qui affecta tous ceux qui avaient coutume de le rencontrer à chacune de ces leçons publiques qu'il affectionnait particulièrement, est la mort du prince Haïdar Fazil, petit-fils du Khédive Ismaïl, fils d'Ibrahim pacha et cousin du roi Fouad. Aucune figure n'était plus sympathique que celle du prince-poète, ainsi qu'on l'appelait communément ici. Ancien élève du lycée franco-turc impérial de Galata-Sérail, possédant une vaste érudition et maniant notre langue avec une rare maîtrise, le prince Haïdar Fazil ne comptait que des sympathies. Ami personnel de Pierre Loti, du professeur Richet et de nombre de nos compatriotes, ce grand ami de la France était un puissant travailleur et un aimable poète. Il laisse une oeuvre poétique assez importante et une oeuvre historique malheureusement inachevée. Attelé avec ferveur à la rédaction d'une partie assez peu connue de l'histoire d'Egypte - celle de 1800 à 1849 - le prince Haïdar Fazil avait projeté la relation de l'histoire de Mahomet Ali ; la mort ne lui aura pas permis de mener à bien cette oeuvre d'un intérêt incontestable.
Journal des débats politiques et littéraires, 20 février 1925 :
Un lauréat égyptien aux "Jeux floraux".
- Nous apprenons avec plaisir que le prince Haidar Fazil, de la famille royale d'Egypte, et dont nous avons analysé et commenté l'oeuvre poétique, a obtenu une "églantine d'argent" au concours des Jeux floraux du Languedoc de 1925, pour un sonnet : L'homme heureux. Cette distinction est une nouvelle preuve de l'estime en laquelle est tenue la langue française en Egypte et de la perfection avec laquelle elle est parlée et écrite par l'élite du pays.
Il semble par ailleurs que le prince Haïdar Fazil ait connu dans sa jeunesse Solange Clésinger-Sand, la fille de George Sand.
Source : Solange, fille de George Sand, Michelle Tricot (extraits disponibles dans Google Livres)
Nous n'avons malheureusement pas pu consulter l'Anthologie des écrivains d'Egypte d'expression française conservée aux archives départementales, qui nous aurait peut-être permis d'en apprendre plus sur la vie du prince-poète. On en trouve néanmoins une présentation sur Retronews dans Le Jour, 22 septembre 1937.
Bonne journée.