Le blason de la gare aux Brotteaux représentant un griffon est-il bien celui de Valence ?

Le photographe Antoine Cusin qui est l’auteur des photographies de l’ensemble des blasons de la façade de la gare des Brotteaux mises sur la base Photographes en Rhône-Alpes avait effectivement donné des explications à ses identifications sur le Guichet du Savoir . Il s’agissait pour lui semble-t-il d’une déduction possible en croisant à la fois la carte des villes traversées dressées par la Compagnie PLM et la correspondance avec le regroupement par 5 et par région des blasons.

Effectivement lorsque l’on cherche une reproduction du blason de Valence dans les ouvrages sur l’histoire de cette ville, on trouve l’illustration suivante, que nous avons trouvée sur le site actuel de la ville de Valence :

Sources:

• Valence à tous les temps, 2006
• Valence / Christophe Belser, 2015

Les armoiries actuelles de Valence sont apparues au 12e siècle, issues du sceau communal en plomb représentant une enceinte fortifiée percée de 3 portes crénelées. C’est au 18e qu’apparaissent les griffons servant de tenant aux armes de Valence. Animaux mythologiques inspirés à la fois du lion, symbole d’obéissance au pouvoir en place et de l’aigle, emblème de la rébellion. Ce choix s’explique peut-être par la devise inscrite sur le blason de Valence: «Par bec et par les ongles».C’était également la formule choisie au milieu du 14e pour accompagner les 2 aigles des armes d’Avignon qui ressemblaient jusqu’alors beaucoup aux anciennes armoiries de Valence.

Ces représentations évoluant dans le temps, le blason actuel de Valence en est dépouillé.

Aussi, à l’époque de la construction de la nouvelle gare des Brotteaux entre 1905 et 1908, à l’emplacement de la première gare dite «Gare de Genève», le sculpteur F. Masson qui exécuta la frise des blasons a-t-il délibérément choisi de ne garder qu’une partie des armoiries de la ville de Valence, par pur choix esthétique ou par contrainte de place ?

Le blason de la ville de Valence fait partie du groupe des villes de Chambéry, Grenoble, Digne-les-Bains, Forcalquier telles que les a identifiées le photographe Antoine Cusin.

Dans aucun des ouvrages suivants que nous avons consultés sur l’histoire la gare des Brotteaux, nous n’avons trouvé le détail de ces blasons :

• Les Brotteaux : une gare à deux faces / Violaine Terrin ; sous la dir. de Gilbert Lazar, 1981
• Lyon-Brotteaux : vie et mort d'une gare, 1984
• La gare des Brotteaux / Bulletin de la Société académique d'architecture de Lyon ; No 6, octobre 2003, p. 6-9

De même, la notice réalisée par l’Inventaire régional du Patrimoine ne détaille pas davantage ces blasons :

«Le décor de la façade principale fait partie intégrante de la construction. Les pilastres semblent soutenir la frise du pavillon central et la corniche des 2 autres corps de bâtiment. Au-dessus des chapiteaux centraux, 2 têtes de femmes, l’une coiffée d’un bonnet, l’autre d’une étoile, symbolisent les villes de Marseille et Paris avec au-dessus d’elles, les 2 écussons de ces villes terminus de la Compagnie du PLM Les autres blasons de la frise, groupés 5 par 5, figurent les villes traversées par la compagnie. Les blasons de la frise, groupés 5 par 5, figurent les villes traversées par la compagnie P.L.M. interrompus au centre par l'inscription « chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée »

Des recherches dans les journaux lyonnais de l’époque, notamment La Construction lyonnaise sont restées vaines sur ce sujet.

D’autre part, la bibliothèque ne disposant pas de tous les armoriaux des communes de France , nous ne pouvons procéder à la recherche précise de l’existence d’un blason à un seul griffon.

Enfin, pour conclure sur ce monument lyonnais témoin du patrimoine industriel de la ville de Lyon et à ce titre classé aux monuments historiques en 1982, la gare des Brotteaux a fait l’objet de 2003 à 2006 d’une restauration avec des travaux de grande envergure sur l’ensemble du bâtiment.