Quels sont les impacts pour les agents économiques de la hausse des taux par la BCE ?
Question d'origine :
Bonjour
J'aurai voulu savoir quels sont les impacts pour les ménages, les consommateurs, les entreprises (soit les agents économiques) en France et en europe concernant la hausse des taux par la BCE , ainsi que l'intervertion ou la prévision de l'intervention de la FED en matière de taux s'il vous plaît.
Toute documentation, rapports seront la bienvenue afin que je puisse exliquer la situation de la manière la plus complète et l'illustrer au mieux que possible.
Merci infiniment
Cordialement
Réponse du Guichet
C'est pour endiguer l'inflation que les banques centrales prennent la décision d'augmenter leurs taux directeurs. Cela signifie qu'emprunter coûtera plus cher à la fois aux particuliers (crédits auto, conso ou immobiliers) et aux entreprises (investissement) mais aussi pour l’État (remboursement de la dette). Des répercussions positives pourraient toutefois survenir pour les épargnants, mais pas dans l'immédiat.
Bonjour,
Pour quelles raisons les banques centrales augmentent-elles leurs taux directeurs ?
La Banque centrale européenne a annoncé jeudi 9 juin que ses taux directeurs vont augmenter à partir de fin juillet, à cause de l'inflation record. "L'inflation est indésirable" et la BCE "va s'assurer qu'elle revienne à l'objectif", a promis Christine Lagarde, sa présidente. La BCE cherche donc à ralentir l'économie car la hausse des prix vient du fait qu'il y a plus de demande (produits alimentaire, énergies...) qu'il n'y a d'offre. En rendant l'argent plus cher via la hausse de ses taux, la BCE veut donc casser cette demande et faire en sorte que les entreprises comme les ménages achètent et investissent moins.
Cette augmentation "de 25 points de base" se fait en revanche par petites touches car la BCE veut freiner l'économie mais pas la stopper pour ne pas casser la croissance. C'est donc pour cela que l'organisme remonte ses taux progressivement. Malgré tout, il y aura des conséquences, tant pour les particuliers que pour l'État français.
source : Hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne : quelles conséquences pour les Français ? / France info - Le décryptage Eco de Fanny Guinochet - 10/06/2022
Un article daté d'aujourd'hui précise quels sont les moyens d'action de la BCE pour contrôler l'inflation :
Théoriquement, pour contrôler l'inflation, la banque centrale peut agir soit sur son taux directeur, ce qui est aujourd'hui le choix des deux côtés de l'Atlantique, même si le rythme de relèvement diffère, soit sur la quantité de monnaie qu'elle émet. Il est très difficile d'utiliser ces deux instruments en même temps. En effet, toute variation des taux entraîne une variation de la quantité de monnaie, et réciproquement.
Augmenter ses taux directeurs raréfie la liquidité accessible aux classes sociales les plus pauvres pour financier prêts et hypothèques. À terme, ces décisions ont un impact négatif sur l'emploi. Des taux plus élevés découragent en outre l'investissement privé, d'autant plus que le niveau d'endettement des ménages, des entreprises et des États - même si celui-ci commence à refluer - est comme aujourd'hui, élevé.
Néanmoins, si la banque centrale n'augmente pas les taux et laisse filer l'inflation, les prix des aliments, de l'énergie et du logement augmentent entraînant une crise du niveau de vie touchant plus durement les plus pauvres. Toute la question est donc de savoir si l'augmentation des prix est rapidement et efficacement compensée par une augmentation de salaire correspondante. C'est tout le dilemme.
En ce qui concerne l'émission de monnaie, le deuxième levier d'action des banques centrales, il semble difficile d'aller encore plus que pendant la crise : le taux de croissance de la masse monétaire en zone euro (en glissement annuel) avait ainsi plus que doublé fin 2020 par rapport à 2019 (5 % à 11 %) pour retomber à 7 % fin 2021. Aux États-Unis, ce taux a quintuplé dans le même temps (de 5 % à 25 %), pour retomber légèrement en dessous de 15 % fin 2021. Décroître brutalement la masse monétaire peut avoir des conséquences très fâcheuses sur la stabilité financière.
source : Fed et BCE : deux rythmes mais une même stratégie contre l’inflation / Fredj Jawadi et Philippe Rozin - La Tribune - lundi 20 juin 2022
Pour en savoir plus sur le rôle de la BCE, vous pouvez consulter son site officiel à ces pages :
- Pourquoi la stabilité des prix est-elle importante ? / Banque centrale européenne
- Qu’est-ce que la politique monétaire ? / Banque centrale européenne
Quelques livres sur la Banque centrale européenne.
Quelles sont les conséquences pour les ménages et les entreprises de cette hausse ?
La hausse des taux directeurs des banques centrales (BCE (Banque centrale européenne), FED (banque centrale américaine), la BOE (Banque d’Angleterre) ou la BOJ (Banque du Japon)) entraîne un renchérissement du coût de financement des banques. Ces dernières le répercutent sur leurs clients, entreprises ou consommateurs, qui cherchent à emprunter. Concrètement, pour les particuliers et les entreprises, il sera plus difficile d'emprunter pour acheter un logement ou pour investir. La remontée des taux des crédits à la consommation ou immobiliers va générer un ralentissement du marché immobilier et de la construction. En revanche, pour les épargnants, les rendements des produits financiers comme l'assurance-vie ou le Livret A seront plus intéressants. L'effet ne sera toutefois pas immédiat.
sources : BFM et Pourquoi votre épargne ne va pas tout à coup rapporter plus
Voici quelques extraits d'articles de presse récents qui étayent ces propos :
A l'image de la Fed et de la BCE, les banques centrales décident de rehausser leurs taux directeurs dans l'espoir de contrôler l'inflation galopante. Des actions fortes et historiques qui auront de nombreuses conséquences, aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises et les Etats endettés.
L'ère de l'argent facile semble bel et bien terminée. Mercredi soir, la banque centrale américaine (Fed) a annoncé le relèvement de ses taux directeurs de 0,75 point de pourcentage, pour les fixer dans une fourchette comprise entre 1,50 à 1,75 %. Soit le plus fort tour de vis monétaire depuis 1994. Avant elle, la Banque centrale européenne (BCE) avait annoncé mettre fin à sa politique d'achats d'obligations sur les marchés et prévoir un relèvement de ses taux d'intérêt en juillet de 25 points de base, une première hausse depuis 2011. La Banque d'Angleterre (BoE) est entrée dans la danse ce jeudi en annonçant une cinquième hausse consécutive de son taux directeur, le portant à 1,25 %, un nouveau record depuis 2009.
Ces décisions, qui marquent un tournant dans l'histoire récente des politiques monétaires, ne seront pas sans conséquences sur les économies et leurs acteurs. Certains tireront leur épingle du jeu mais d'autres risquent d'y laisser des plumes. Passage en revue.
Les épargnants se réjouissent
Ceux qui sont plutôt fourmis que cigale figureront parmi les gagnants. La hausse des taux devrait rendre plus alléchants les rendements des produits financiers les plus populaires, comme l'assurance-vie ou le livret A. Le taux de ce dernier est en effet calculé en fonction du taux auquel les banques se prêtent et de l'évolution de l'inflation. « Si la revalorisation avait lieu aujourd'hui, le taux proposé serait de 1,7 % », contre 1 % en février dernier, explique l'économiste Eric Dor. La prochaine hausse est justement attendue cet été.
Une bonne nouvelle pour les banques (sous conditions)
[...]
Une épine dans le pied des emprunteurs
La remontée des taux n'est pas une bonne nouvelle pour les emprunteurs. La BCE va augmenter son taux de refinancement, qui est celui auquel les banques commerciales lui empruntent des liquidités. Objectif : renchérir le coût de l'argent pour réduire la masse monétaire en circulation et freiner l'inflation. Or, les banques commerciales devraient répercuter ce renchérissement sur leurs clients, se traduisant par une hausse du coût du crédit. Acheter une maison deviendra plus compliqué : la hausse des taux immobiliers, déjà à l'oeuvre, devrait s'intensifier.
Le renchérissement du coût des emprunts sera globalement un frein à la consommation des ménages. Mais pas seulement. Les entreprises, qui empruntent pour développer leurs activités, seront également touchées. D'où les inquiétudes autour d'un ralentissement global de la croissance. « Il y a un manque de visibilité évident concernant la direction que va suivre l'économie. Des taux plus élevés vont la fragiliser, c'est certain », estime William Gerlach, country Manager France chez iBanFirst.
source : Emprunteurs, épargnants, Etats : les gagnants et les perdants de la hausse des taux d'intérêt / Les Echos - jeudi 16 juin 2022
La hausse des taux entraîne de fâcheuses conséquences pour certains pays de l'Union Européenne comme l'Italie mais aussi à terme pour les pays émergents :
Une épée de Damoclès au-dessus des Etats endettés
Tout comme les particuliers et les entreprises, les États qui empruntent sur les marchés pour financer leurs dépenses seront dans le rang des perdants. La France, par exemple, déjà endettée à hauteur de plus de 2.800 milliards d'euros, ne profitera plus de taux d'emprunt avantageux. Elle verra progressivement les charges de sa dette augmenter, avec des conséquences notables sur son budget.
Une pression accrue sur les pays émergents
La hausse des taux décidée par la Fed entraîne un renchérissement du dollar, devenu plus rémunérateur, face aux autres devises. Or, les produits essentiels, comme le pétrole ou la quasi-totalité des matières premières, sont libellés en devise américaine sur les marchés mondiaux. Ils deviennent donc plus chers, pénalisant les importateurs et accentuant localement l'inflation. Les pays émergents ou très pauvres, déjà fragilisés par les conséquences de la pandémie de Covid et de la guerre en Ukraine, sont les plus exposés à ce risque.
source : Emprunteurs, épargnants, Etats : les gagnants et les perdants de la hausse des taux d'intérêt
Quelques articles en complément :
- Inflation, hausse des taux… Quelles conséquences pour vos finances ? / Pauline Chateau - JDN - 16/02/2022
- Livret A, PEL, assurance vie... Quels sont les placements boostés par la remontée des taux ? / Paul ANTHONIOZ - Money Vox - 17 juin 2022
- Inflation : pourquoi la hausse des taux directeurs sème la pagaille sur les marchés / Clément PERRUCHE - Les Echos - 17 juin 2022
- Les épargnants face au spectre de la « stagflation » / Gilles Mandroux - l'Obs -
Bonne journée.