Quel est l'objectif de ces deux articles de presse ?
Question d'origine :
Bonjour,
Je vous adresse en documents joints 2 communiqués parus dans la presse(en juin 2021 et le 1er juillet 2022) qui occupent une page entière...
A priori ce n'est pas pour inciter les lecteurs d'y partir en vacances !
Leur contenu est il destiné à valoriser l'état chinois?qui est à l'origine de ses publications ? Est ce légal ?le journal peut il refuser ce communiqué ?est ce de la propagande ?les russes pourraient ils faire pareil?...
Merci d'apporter une large explication à propos de ces documents et merci beaucoup pour votre travail de recherche.
Réponse du Guichet
Les articles que vous nous soumettez ont été publiés par l’agence de presse officielle du gouvernement chinois, Xinhua. Elle constitue l’organe de propagande privilégié du régime et a pour modèle le système de désinformation Russe.
Bonjour,
Nous avons retrouvé la trace des quatre articles que vous nous soumettez. Ils ont été publiés par l'agence de presse officielle du gouvernement de la République populaire de Chine (RPC) : Xinhua. On les retrouve en texte intégral dans notre base base Europresse.
Ils visent clairement à donner une image positive de la Chine et à masquer les tensions et soulèvements hongkongais provoqués par les ingérences et la répression anti-démocratique de Pékin.
Vous nous demandez s'il s'agit de propagande ou d'information. L'introduction du rapport de Reporter sans frontières intitulé Xinhua : la plus grande agence de propagande du monde est clair :
" Avec plus de 8 000 employés et 105 branches dans le monde, l'agence de presse officielle Xinhua est au cœur de la censure et la désinformation mises en place par le Parti communiste. A l'occasion du 56e anniversaire de la République populaire de Chine, Reporters sans frontières publie un rapport d'enquête sur le fonctionnement de cette agence de presse pas comme les autres." [...] Bien qu'elle soit de plus en plus régulièrement citée comme une source crédible - près d'un tiers des articles d'information sélectionnés par Google News sur l'actualité en Chine proviennent de l'agence - Xinhua, dont le directeur a rang de ministre, est l'élément central du contrôle des médias chinois. [...] Depuis octobre 1949, cette agence de presse d'Etat est totalement subordonnée au PCC. Le rapport de Reporters sans frontières contient le témoignage de plusieurs journalistes de Xinhua qui ont accepté, sous couvert de l'anonymat, d'expliquer le fonctionnement du contrôle imposé au quotidien par le Département de la propagande (rebaptisé Département de la publicité) du PCC. Avec l'aide d'un ancien journaliste français de Xinhua, Reporters sans frontières met en évidence la manipulation des faits, la haine contre les ennemis (notamment les Etats-Unis et le Japon) et le parti pris pour les pires régimes du monde dans le traitement de l'actualité internationale. Malgré une certaine libéralisation économique du marché des médias, Xinhua reste la voix du Parti unique. Les journalistes, triés sur le volet et régulièrement endoctrinés, produisent des dépêches pour les médias chinois qui donnent le point de vue officiel. Les informations trop sensibles, classifiées « références intérieures », ne sont à destination que des seuls dirigeants. Critiquée pour son manque de transparence, notamment lors de l'épidémie de SRAS, Xinhua diffuse, depuis quelques mois, des informations gênantes pour le pouvoir. Mais seulement destinées à tromper la communauté internationale, elles ne sont pas publiées en chinois.
Un autre extrait du journal Le Figaro pointe du doigt les milliards de dollars consacrés tous les ans par le gouvernement chinois à sa politique de désinformation :
Alors qu'il se projette vers un troisième mandat, le dirigeant le plus autoritaire depuis Mao redouble d'efforts, dans un contexte de bras de fer désormais assumé avec les États-Unis, l'oeil rivé sur l'Histoire, avec l'ambition d'affirmer la prééminence retrouvée de la « grande Chine » , d'ici à 2049, centenaire du régime. « On constate une présence en ligne à l'international nettement plus forte depuis 2019, en réplique aux manifestations à Hongkong. L'objectif est d'étendre la bataille de la propagande vers l'étranger afin d'infléchir les débats internationaux sur le long terme en faveur de la Chine », juge Mareike Ohlberg du German Marshall Fund. Ce volontarisme s'appuie sur des moyens financiers massifs consacrés à la propagande internationale, chiffrés à 10 milliards de dollars par an par David Shambaugh, professeur à la George Washington University, interrogé par le Financial Times.
Un travail de sape mené sur tous les fronts, des médias aux réseaux sociaux en passant par la publicité avec pour enjeu l'influence planétaire et qui a « remporté quelques succès » selon Ohlberg. En pleine pandémie, les médias d'État s'activent pour mettre en scène la livraison de masques et de vaccins, avec des moyens sans précédent. L'agence de presse officielle Xinhua compte 230 bureaux à travers le monde, environs 40 % de plus qu'en 2017, et diffuse en onze langues ses articles passés au tamis de la censure, omettant les informations jugées dérangeantes. Ainsi, l'agence n'a jamais mentionné l'Oscar remportée par la cinéaste Chloé Zhao, suite à une déclaration ancienne de cette Pékinoise d'origine, jugée critique par les censeurs.
source : La propagande chinoise à l’assaut du monde / Sébastien Falletti, Le Figaro,
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A lire aussi :
- Xinhua, une certaine vision du journalisme / Gaël Vaillant - L'Express - le
/ Frédéric de Monicault - Historia - 06/04/2020
- L’image de propagande en Chine, outil du contrôle social : le cas de Pékin / Léo Kloeckner - Géo Confluences - 14/02/2016
a Chine est d'ores et déjà l'auxiliaire des opérations de désinformation russes. C'est ce qu'explique Nathalie Guibert dans un article publié dans le journal Le Monde daté du 12 mars 2022, dont voici quelques extraits :
" La guerre en Ukraine est un nouveau laboratoire de la coopération russo-chinoise en matière de manipulation de l'information : depuis le début de l'invasion russe, le 24 février, la propagande de Pékin fait ouvertement la courte échelle à celle menée par Moscou. Dans ce cadre, la Chine ne manque pas d'utiliser, en direction des Occidentaux, des réseaux sociaux inaccessibles à sa population, notamment Twitter et Facebook.
Sur Twitter, le quotidien nationaliste Global Times, contrôlé par le Parti communiste chinois (PCC), a ainsi relayé la désinformation russe selon laquelle le président Volodymyr Zelensky avait quitté son pays. Ce fut le cas, vendredi 4 mars, avec le hashtag #ukrainetensions. Le message reprenait une affirmation, fausse, diffusée par l'agence russe Sputnik, qui citait le président de la Douma. Dès le 26 février, un tweet accusait le chef de l'Etat ukrainien d'avoir fui Kiev pour Lviv « Zelensky avait déjà quitté la capitale ukrainienne dès hier », assurait même CGTN, la grande chaîne d'Etat chinoise.
A l'occasion de cette guerre, « il faut noter l'approfondissement de la coordination entre les deux pays, qui ont appris récemment à agir de conserve en matière de désinformation et à s'échanger des récits, comme on l'a vu à Hongkong », souligne Paul Charon, chercheur de l'Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire (Irsem), coauteur d'un rapport exhaustif sur les opérations d'influence chinoises. « Les Chinois ne se cachent plus, ils ont mobilisé fortement leurs porte-parole et reprennent mot pour mot le récit et le vocabulaire russe, évoquant par exemple "l'empire du mensonge" que seraient les Etats-Unis, une expression employée par le président Vladimir Poutine », précise M. Charon.
Les analystes américains d'Axios ont montré que Pékin avait acheté, ces jours derniers, des espaces publicitaires sur Facebook au profit de la Russie, afin de contourner la censure des médias d'Etat russes Sputnik et RT sur le réseau social. « Beaucoup de ces publicités, pour la plupart des clips de la télévision CGTN, diffusent les éléments pro-Russie et anti-OTAN et minimisent le rôle de la Russie dans l'invasion de son voisin », écrit Ashley Gold."
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Cette coopération entre les deux puissances en matière de désinformation date d'avant la crise du covid :
c’est avec Moscou, dont le ministère de la défense diffusait dès janvier 2020 la thèse du virus américain, que la conjonction des intérêts fut la plus organisée. La crise a servi de catalyseur, en donnant toute leur portée à des accords bilatéraux récents passés entre médias russes et chinois, portant sur des échanges de contenus, la promotion réciproque d’informations sociétales, ou le développement en ligne : accords de Sputnik avec l’agence officielle Xinhua, Global Times et Alibaba en2017; entre l’agence extérieure russe Rossiya Segodnia et China Media Group en 2018; entre Rossiya Segodnia et Huawei en 2019.
Pékin s’est inspiré des méthodes soviétiques pour adapter récemment ses modes opératoires dans la guerre informationnelle, affirme le chercheur Paul Charon. A l’ère soviétique, l’opération «Infection» de 1983 sur le sida s’était appuyée sur des scientifiques de RDA pour légitimer la fausse information selon laquelle les Américains avaient créé le virus. Le 17 mars 2020, la rubrique «Sino Rus Focus» de Rossijskaïa Gazeta publiait un épidémiologiste russe saluant l’expérience chinoise de gestion du coronavirus. La veille, le service européen pour l’action extérieure de l’Union européenne (UE) dénonçait dans un rapport la campagne de désinformation russe au sujet du coronavirus, en évoquant 80 cas repérés au cours des deux derniers mois.
Nous ne pouvons que vous conseiller de consulter le rapport intitulé LES OPÉRATIONS D'INFLUENCE CHINOISES de Paul Charon et Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, deux chercheurs à l'IRSEM (Institut de Recherche Stratégique de l'Ecole Militaire).
Si vous souhaitez en savoir plus sur Hong Kong, son histoire et ses relations avec la Chine :
- Hong Kong, de colonie britannique éprise de liberté à ville étouffée par Pékin / - Géo - 30/06/2022
- Rétrocession de Hong Kong à la Chine : retour sur 25 ans de reculs démocratiques / Pierre Desorgues - TV5 Monde - 01 juil 2022
- Hong Kong : 25 ans après sa rétrocession à la Chine, promesse tenue ou "trahison" ? /
Bonne journée.
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