Que sont les parcs et jardins Tivoli ?
Question d'origine :
A la suite de mes voyages, j'ai pu constater qu'il existait de nombreux parcs et jardins TIVOLI à travers le monde (Ljubljana, Copenhague, Londres, Paris etc). Tout ce que j'ai pu trouver sur ce nom est une ancienne ville romaine datant de 1215 av. JC. D'où ma question : Que signifie le nom Tivoli ? Pourquoi ces parcs et jardins portent-ils tous le même nom ? S'agit-il d'une ancienne famille de jardiniers ?
Merci pour votre temps !
Réponse du Guichet
L'origine du nom est à liée à l'Italie et plus particulièrement à la localité de Tivoli, célèbre pour ces monuments dont la Villa d'Este. Cependant, au XVIIIe siècle, le jardin "Tivoli" à Paris devint une référence dans de nombreux pays et le nom de Tivoli fut employé en référence à ce jardin.
Bonjour,
Le nom fait effectivement référence à l'antique ville Romaine Tivoli qui connut un fort engouement; La notice publiée sur Wikipedia indique ainsi que
De la Renaissance au XIXe siècle, divers cardinaux et papes relèvent l'attrait de la ville par la construction de la villa d'Este, qui reste l'un des plus importants exemples et modèles de jardins d'eau de cette période, ayant attiré de très nombreux artistes européens, peintres, poètes ou musiciens voyageant dans la campagne romaine.
De là découle, la diffusion d'un modèle et la reprise du nom. En 1851, l'Enciclopedia italiana e dizionario della conversazione mentionne :
Essendo stato stabilito a Tivoli un pubblico giardino con una cosi detta montagna russa, ne venne l’uso a Napoli, a Vienna, a Parigi,ec. Di chiamarTivoli i pubblici giardini, ove trovansi uniti parecchi trattenimenti di più specie ad uso dei passeggiatori.
soit :
Après la création à Tivoli d'un jardin public doté d'une "montagne russe", son utilisation s'est répandue à Naples, Vienne, Paris, etc de nommer Tivoli les jardins publiques, où plusieurs divertissements de différentes natures sont combinés à l'intention des promeneurs.
Plus récemment, Stéphane Gendron écrit dans L'origine des noms de lieux en France [Livre] : essai de toponymie :
A partir du XVIe siècle se multiplient les maisons de plaisance aux noms évocateurs et souvent idéalisés. Les références favorites sont les villas italiennes et méditerranéennes, par exemple Tivoli, qui se compte par dizaines dans les dictionnaires topographiques (Alliers, Ardennes, Cantal, Eure, Gers, Gironde etc.)
Aussi comme le révèlent Arthur Mangin et Auguste-Paul-Charles Anastasi dans un ouvrage ancien de 1883, Histoire des jardins chez tous les peuples depuis l'antiquité jusqu'à nos jours :
Delille nous apprend que les deux premiers essais de style irrégulier en France furent le jardin de Tivoli, crée à Paris même, par Boutin, et celui que fit établir à Auteuil la duchesse de Boufflers.
Le jardin parisien connut alors une grande renommée et lui-même fut dupliqué dans divers pays sous cette appellation. Ainsi, Gilles-Antoine Langlois, dans l'étude Les origines des premiers parcs de divertissements parisiens (Histoire de l'art, N°19, 1992. Varia. pp. 51-63) - que nous vous laisserons lire dans son intégralité - rapporte :
Tandis que les artificiers italiens tentaient d’implanter à Paris la mode anglaise du Vauxhall, l’évocation des paysages de l’Italie romaine et l’exotisme chinois entraient dans le jardin français.
Le jardin du receveur des finances Boutin, dit Tivoli, en est une des premières et des plus remarquables illustrations. L’on sait que sous le Directoire, à partir de 1795, Tivoli deviendra le plus fameux des grands jardins-spectacles, et une référence pour tous les parcs de loisirs postérieurs, jusqu’à nos jours. ..
La définition apportée dans Jardin. Vocabulaire typologique et technique confirme cette reprise et cette diffusion :
Tivoli, du nom d'un des premiers jardins d'attractions à Paris au XVIIIe siècle, est devenu un nom commun pour désigner ce type de jardin.
L'ouvrage poursuit en mentionnant les ouvrages dans lesquels le nom a été employé.
Mais, pour revenir à l'appellation initiale et en guise de complément, nous vous conseillons la lecture de La villa d'Este à Tivoli ou Le songe d'Hippolyte : un rêve d'immortalité héliaque de Gérard Desnoyers, 2002.