Que représentent les deux visages sur le vitrail de l'église de Raincy ?
Question d'origine :
Bonjour,
Je viens de visiter l'église du Raincy.
Dans la partie inférieure de la croix de vitrail bleu il y a 2 visages
Qui représentent t ils?
Réponse du Guichet
Les Saintes femmes soit Marie (mère de Jacques), Marie-Madeleine et Marie-Salomé sont souvent représentées dans la Déploration du Christ. Dans ce cas précis, Marguerite Huré a choisi de n'en représenter que deux mais lesquelles ?
Bonjour,
Le site notredameduraincy.fr apporte de nombreuses précisions sur l'architecture et la décoration et revient notamment sur la réalisation des vitraux :
Oeuvre des frères Auguste et Gustave Perret, classée monument historique en 1966, elle est emblématique de l’architecture moderne.
Les vitraux sont l’oeuvre du maître-verrier Marguerite Huré sur des cartons de Maurice Denis pour les parties figurées.
(…)
Les vitraux figurés sont en partie haute des verrières. Ils s’inscrivent dans un carré constituant le centre d’une vaste croix matérialisée par les motifs des claustras ; leur mise en plomb, selon un quadrillage régulier de 10 cm de côté – excluant seulement les éléments forts du dessin, tels que les visages ou les mains.
Le choix de ce parti, inspiré des vitraux de l’église Saint-Eustache de Paris, revient à Marguerite Huré, à qui Maurice Denis, en lui remettant ses cartons, n’avait donné aucune indication précise quant à la coupe des verres.(...)
Le programme iconographique prévoit, au centre de ces croix, neuf scènes de la Vie de la Vierge et une verrière commémorative de la victoire de la Marne.
Au centre de chaque verrière se trouve ainsi un vitrail illustrant la vie de Marie:
« L’Annonciation »
« La Visitation »
« La Nativité de Jésus »
« Les Noces de Cana »
« Marie rencontre Jésus portant sa croix »
« Marie au pied de la croix »
« La Communion de Marie »
« Marie le jour de la Pentecôte »
« L’Assomption »
« Souvenir de la victoire de l’Ourcq en 1914 » : cette dernière scène représente Marie guidant les troupes vers la victoire de la bataille de l’Ourcq. Les fameux taxis de la Marne, réquisitionnés par Foch pour envoyer des renforts de troupes en 1914 sur la Marne, sont passés par le Raincy, où se trouvait le quartier général des généraux Maunoury et Galliéni.
En 2009, Antoine Le Bas consacre une étude, « Notre-Dame du Raincy (Seine-Saint-Denis), chef-d’œuvre des chapelles de la banlieue ? », (In Situ) qui apporte des précisions sur le programme iconographique :
Le programme résulte d’une étroite collaboration entre les protagonistes, le chanoine Nègre, l’architecte Auguste Perret, le peintre Maurice Denis, puis le peintre verrier Marguerite Huré (1895-1967), collaboration au sein de laquelle l’initiative et l’influence du peintre cofondateur des Ateliers d’art sacré demeureront de bout en bout prépondérantes23. La suite des tableaux développe trois thèmes qui se partagent inéquitablement la surface vitrée : la vie du Christ (Nativité, Noces de Cana, Portement de croix, Crucifixion), la vie de la Vierge (Annonciation, Visitation, Nativité, Noces de Cana, Crucifixion, Communion de Marie, Pentecôte, Assomption, Victoire de l’Ourcq), enfin, la Victoire de la bataille de l’Ourcq ; les trois thèmes se recoupent et s’enchevêtrent, afin de suggérer et susciter parallèles, correspondances et identifications. Combinant représentations historiques, allégoriques et mystiques, l’ensemble délivre aux fidèles du Raincy une vision originale du salut : par le biais d’une dévotion à Notre-Dame-de-la-Consolation, elle lie douleur et espoir à travers l’évocation de la souffrance et de la mort transfigurées par le message chrétien de rédemption et de résurrection transmis et exprimé par l’eucharistie, c’est-à-dire par l’hostie associée à la croix (sur l’autel-ciborium comme sur la verrière). Ainsi les soldats embarqués au Raincy, principaux artisans de la Victoire, mais aussi premières victimes de la guerre pour le salut de la Patrie, sont-ils implicitement associés à la Passion du Christ, victime offerte au martyre pour le salut des hommes. Cette association implicite - que soutient une mystique patriotique largement partagée - a au lendemain d’une amère victoire valeur d’évidence dans une chapelle-mémorial où l’autel conserve, incrustées dans la table, les reliques d’un saint qui, en donnant sa vie pour sa foi chrétienne, s’associe à la démarche des soldats et participe symboliquement à la Passion du Christ dont la messe, à chaque office, redit sur l’autel et commémore le sacrifice. Et la Vierge même, endolorie par le deuil de son fils, se pose ici à la fois en médiatrice du message d’espoir du Christ (Visitation, Annonciation, Noces de Cana), mais aussi en porte-parole de la douleur des mères privées de leur enfant (Portement de croix, Crucifixion) auxquelles elle apporte consolation et réconfort par l’exemple de sa vie et de sa foi (Communion de Marie), dans la victoire de la vie sur la mort (Assomption, Triomphe de la Vierge associé à la Victoire) et dans la rédemption finale (Croix et hostie). Ainsi, le souci maintes fois exprimé par Maurice Denis de renouveler l’art chrétien en puisant aux fondements de la foi et en l’ancrant dans l’actualité de la vie des hommes24, trouve-t-il au Raincy l’opportunité d’une illustration magnifique : sa vision synthétique et tragique de la guerre, de la mort et du salut dans la foi chrétienne25 peut ici se déployer dans l’affirmation cohérente de la place centrale du sacrement de l’eucharistie, du sens de la dévotion mariale et de l’interprétation mystique de la souffrance et de la mort.
Aussi, la scène que vous décrivez est celle de La Déploration du Christ et met généralement en scène Marie, Les Saintes Femmes soit Marie (mère de Jacques), Marie-Madeleine et Marie-Salomé ainsi que l'apôtre Jean et d'autres personnages.
Le choix ici c'est porté sur deux des trois Marie mais lesquelles ? En l'absence d'attribut, il est compliqué de les identifier. Nous avons cependant contacté l'église de Notre-Dame-du-Raincy pour obtenir d'éventuels compléments d'information que nous ne manquerons pas de vous communiquer le cas échéant.