Les racines d'épicéa cessent-elles de grandir passé un certain âge ?
Question d'origine :
Bonjour,
- J'ai un épicéa de 15 m de haut et 30 ans. Je crains que les racines continuent de progresser en sous sol et j'envisage de le supprimer. A proximité il y a une surface parking revêtue d'un bitume qui est lézardé, je crains un élargissement si les racines progressent malgré l'âge de mon épicéa.
J'ai entendu dire que les racines ne progresseraient plus au bout de X années ? Quel est votre avis sur ce point ?
Merci pour votre retour.
Cordialement
Réponse du Guichet
D’après nos recherches, les racines des plantes, de manière générale, ne s’arrêtent jamais de croître.
Bonjour,
Chez les arbres on distingue 3 grands types de d’enracinement :
• Type pivotant ou profond, caractérisé par un pivot prépondérant, le développement de longs pivots secondaires et de racines horizontales. C’est le cas du sapin, du pin sylvestre, du chêne, de l’orme, du noyer, du micocoulier…
• Type traçant ou superficiel, avec un pivot qui avorte rapidement, laissant la place à des racines horizontales et de courts pivots verticaux. La surface prospectée est étendue mais peu profonde. Sont concernés l’épicéa, le tremble, le frêne, les légumineuses…
• Type en cœur ou oblique, caractérisé par des racines horizontales, obliques et verticales (hêtre, érable, tilleul, douglas…).
Source : Jardins de France
Votre épicéa rentre donc visiblement dans la catégorie des racines traçantes.
Pour en revenir plus précisément à votre question, d’après nos recherches, les racines des plantes, de manière générale, ne s’arrêtent jamais de croître.
C’est ce qui est très bien et précisément expliqué sur le site de l’Encyclopédie de l’environnement à la page Système racinaire des plantes :
Chaque plante possède plusieurs catégories de racines organisées en un système racinaire. Cet ensemble de racines ancre la plante dans le sol et communique avec la ou les tiges, qui portent les feuilles, les fleurs et les fruits. Le système racinaire se développe par la formation répétée de nouvelles racines et leur croissance en longueur. La croissance et la formation des racines dépendent étroitement de l’environnement dans lequel elles se développent. Les racines permettent ainsi à la plante de s’adapter, malgré son immobilité, au caractère hétérogène et variable des ressources et des contraintes de son milieu de vie
Le système racinaire présente une architecture ramifiée et une anatomie spécialisée qui influencent ses propriétés d’exploration du sol et d’échanges. Lors de la germination, de premières racines dites séminales se développent à partir de l’embryon situé dans la graine. Plus tard, et tout au long de la vie de la plante, d’autres racines dites post-embryonnaires se développent à partir de racines existantes ou de tiges. Il existe une grande variation dans les proportions des différentes catégories de racines qui contribuent au système racinaire, ainsi que dans leur rythme de croissance et de ramification. On observe ainsi une grande diversité des systèmes racinaires.
Le développement des racines dans le sol est très sensible à l’environnement. La croissance, le développement et les propriétés fonctionnelles des racines sont influencées par des signaux circulant dans la plante et par la perception d’informations en provenance du sol. Ces modifications du système racinaire en réponse aux conditions changeantes de l’environnement sont cruciales pour l’adaptation de la plante et sont désignées par le terme de plasticité racinaire.
Par exemple, la disponibilité locale en eau peut influencer la vitesse et l’orientation de la croissance de certaines racines. (…)
Ainsi, le système racinaire de la plante est une structure complexe se développant de façon continue dans le sol en s’y adaptant de façon dynamique. Les caractères adaptatifs de plasticité racinaire sont favorables à la nutrition de la plante dans des conditions où les ressources sont limitées. De plus, par leur activité, ces racines interagissent avec le sol et modifient ses caractéristiques.
Ainsi, les racines des plantes se développent plus ou moins vite selon l’environnement dans lequel elles évoluent (sol, conditions climatiques, présence d’eau…) mais dans tous les cas elles se développent tout au long de la vie de la plante.
En gros comme l’explique l’auteur du site le Jardinier paresseux :
La vérité est que les racines des arbres sont opportunistes. Elles s’allongent davantage quand elles ont l’occasion de le faire… ou ont besoin de le faire. Et des racines individuelles peuvent errer encore beaucoup plus loin, jusqu’à environ 8 fois plus loin que la largeur de la couronne.
Pour conclure nous vous présentons ci-dessous quelques conseils prodigués sur le site Jardins de France pour aménager son jardin de manière à éviter une coupe d’arbre des années plus tard :
Quelles leçons pour aménager nos jardins ?
De ces connaissances sur le système racinaire, il est possible de tirer quelques enseignements pour réussir nos plantations.
Rappelons-nous que des racines en bonne santé sont une garantie de longévité et de résistance pour un arbre ou un arbuste. Les soins apportés au moment de la plantation, lors du travail du sol, pour l’aérer et favoriser son activité biologique, sont à cet égard primordiaux. Durant la vie du végétal, les intrants chimiques comme les herbicides ou les fongicides sont à proscrire car ils perturbent les symbioses racinaires.
Pour les arbres, toute mutilation ou suppression de racines devront être évitées. D’une part, cela constitue un risque de pourriture, d’autre part, la partie aérienne peut s’en trouver désorganisée. Une ablation de racines doit donc rester un cas de force majeure (construction menacée, etc.). À ce titre, si les nuisances proviennent des racines d’un arbre situé sur un terrain voisin, le propriétaire de l’arbre est tenu pour responsable des dommages causés. La loi vous autorise à supprimer vous-mêmes les racines colonisant votre terrain (art. 673 du Code civil). En revanche, si l’arbre venait à dépérir suite à cette opération, votre responsabilité pourrait être engagée… Mieux vaut donc mettre en demeure le propriétaire concerné de faire réaliser les travaux.
Le décapage de surface ou le remblayage de terre sont également déconseillés car les premiers horizons de sol concentrent les racines d’absorption, vitales pour l’arbre. Dans le premier cas elles seront supprimées, dans le second elles mourront par asphyxie.
En termes de choix d’essences, il convient de se rappeler qu’un végétal à petit développement aura en général un système racinaire plus restreint, y compris chez les arbres. On évitera ainsi les sujets à grand développement à proximité des habitations : tôt ou tard ils créeront des désordres souterrains, sans compter leur encombrement aérien. On privilégiera donc des essences à petite motte racinaire comme les fruitiers d’ornement (pommiers ou poiriers à fleurs par exemple) ou les arbustes élevés sur tige. Sur pelouse, il faudra préférer des végétaux à enracinement pivotant ou superficiel non drageonnant. Enfin, au-dessus des canalisations, les systèmes pivotants seront proscrits et avantageusement remplacés par des arbrisseaux ou des vivaces.
Bonne journée
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