Question d'origine :
Bonjour
D'abord merci pour votre travail à tous et toutes
Je lis le livre Ambroise Vollard (En écoutant Cezanne Degas Renoir )
page 125 il parle de pinceaux en emeloncile j'ai regardé de partout même de vieux dictionnaires si vous pouvez me donner la signification merci beaucoup
cordialement
Réponse du Guichet
Le terme "émeloncile" fait référence à la nature du poil utilisé dans la fabrication des pinceaux. Nos recherches donnent la priorité à deux mammifères : la marte et la mangouste.
Bonjour,
D'après nos recherches, les pinceaux en "émeloncile" cités dans cet extrait de la correspondance de Cézanne à son fils renverraient à la nature du poil utilisé dans la fabrication de ces pinceaux. Dans un article d'Elisabeth Reissner pour le bulletin technique de la National Gallery (volume 29, 2008), sont décrits les procédés et outils utilisés par le peintre pour composer ses toiles. Par chance, la chercheuse y fait directement référence à la lettre du 15 octobre 1906 :
On 15 October 1906 on a letter to his son Cézanne mentions "emeloncile" brushes. These are probably the sable brushes called "Melloncillo", which come from Russia.
Nous traduisons : Le 15 octobre 1906 dans une lettre à son fils Cézanne mentionne les pinceaux "emeloncile". Il s'agit probablement de pinceaux en martre appelés "Melloncillo", qui viennent de Russie.
Les pinceaux en "émeloncile" pourrait donc être des pinceaux fabriqués à partir du poil de martre, un petit mammifère que l'on retrouve abondamment dans les forêts d'Eurasie. Toutefois les hispanophones reconnaitront derrière l'autre terme cité ci-dessus, le mot "Meloncillo", qui désigne la mangouste en langue espagnole. Cette seconde hypothèse se voit confirmée dans un commentaire de la lettre publiée sur le site de la Société Cézanne :
Les pinceaux en « émeloncilo » sont en poil de meloncillo (nom espagnol d’une espèce de mangouste qui vit principalement en Espagne et en Afrique)
Alors marte ou mangouste ? Il est difficile de donner une réponse définitive à cette question. Et le débat pourrait se compliquer si l'on se place sur le terrain de la traduction. "Emeloncile" pourrait être une traduction francisée de "Meloncillo", lui même traduit en "martre" en anglais (peut être par commodité) dans l'article d'Elisabeth Reissner. Cependant la répartition géographique de chacune de ces deux espèces donne l'avantage à la martre sur la mangouste, beaucoup plus répandue sur le continent européen.
Plus largement ces pinceaux en poils naturels d'animaux semblent avoir des propriétés manifestes sur le trait de l'artiste et la texture de la peinture. Elles étaient privilégiées pour la composition de toiles à la peinture à huile. Aujourd'hui leur commerce est prohibé mais continue d’inonder les marchés européens et américains comme le rappelle cet article de National Geographic qui dénonce des pratiques cruelles mais lucratives.
Bonne journée