Question d'origine :
Bonjour.
Qu'est-ce que l'ethnothérapie ?
Merci.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 28/01/2006 à 16h34
Le terme « ethnothérapie » ne figure pas en tant que tel dans les dictionnaires de langue française (Robert, Larousse, Trésor de la langue française, Dictionnaire de l’Académie française…), ni dans les dictionnaires spécialisés en sciences humaines dont nous disposons.
Il semble résulter, sous l’influence de la culture anglo-saxonne, d’une généralisation (il vaudrait pour tout ce qui relève du « soin » qu’il soit médical, musicothérapeutique, psychothérapique… fondé sur les apports de l’ethnologie), ou parfois d’une restriction au seul sens de « psychothérapie », et renvoie à cette égard à «ethnopsychanalyse» et «ethnopsychiatrie».
Voici l’article « ethnopsychanalyse » du Dictionnaire de psychologie publié sous la direction de Roland Doron et Françoise Parot :
« De même que l’ethnomusicologie est la partie de l’ethnologie consacrée aux notions et aux techniques musicales des sociétés sans écriture, ou l’ethnomédecine la partie de l’ethnologie consacrée aux savoirs et aux savoir-faire médicaux des mêmes sociétés, de même l’ethnopsychiatrie devrait être la partie de l’ethnologie consacrée aux savoirs et savoir-faire ethniques relatifs aux troubles mentaux, tout comme l’ethnopsychothérapie est l’étude ethnologique des méthodes psychothérapiques traditionnelles.
« Le terme ethnopsychanalyse n’entre pas dans cette série, puisque la psychanalyse n’existe que dans notre civilisation. Par ailleurs, le terme ethnopsychiatrie a été utilisé par le fondateur de cette discipline, G. Devereux (1970), dans un sens qui englobe celui que nous avons indiqué, mais ne s’y réduit pas. Selon lui, l’ethnopsychiatrie utilise les données de l’ethnopsychiatrie stricto sensu pour construire une théorie psychanalytique générale de la maladie mentale, considérée comme désordre ethnique, de la culture et des rapports entre personnalité individuelle et culture. En ce sens, elle se confond avec l’ethnopsychanalyse et c’est S. Freud qui, avec Totem et tabou en 1912-1913, a été le fondateur des études ethnopsychanalytiques. L’ethnopsychanalyse ne peut se constituer que dans le cadre d’une épistémologie complémentariste qui confronte les discours antagonistes de l’ethnologie et de la psychanalyse tout en renonçant à les concilier (G. Devereux, 1972).
Consultons maintenant la définition de l’«ethnopsychiatrie» dans l’article qui lui est consacré dans l’ouvrage PSY : dictionnaire pratique et thématique de psychiatrie, psychanalyse et psychothérapie :
« L’ethnopsychiatrie se veut à la fois recherche scientifique et pratique psychothérapeutiqued’un phénomène pathologique, sous la double approche psychologique et sociologique.
« On s’accorde à attribuer la genèse et la conceptualisation de cette discipline à georges Devereux(1908-1985). Après avoir étudié la physique avec Marie Curie et Levy Bruhl, il eut une formation assez courte en psychanalyse avec Schlumberger puis à la clinique Karl Menniger au Kansas. Il devint directeur d’étude à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes grâce à l’intervention de Claude Lévi-Strauss. Mais il fut aussi un homme de terrain et étudia notamment les Indiens Mohave et les Sedang Moï. Dans son œuvre sa définition de l’ethnopsychiatrie se confond avec celle de l’ethnopsychanalyse dont Geza Roheim fut le fondateur. (…)
« Il pense en bon analyste freudien, qu’on ne peut comprendre l’autre qu’à travers soi, le deuxième temps consistant à évaluer ce Soi, toujours plus ou moins résistant à la connaissance qu’on peut en avoir.
« Il met à mal les notions de « normal » « anormal » que les culturalistes avaient associés à l’adaptation sociale et les relie à la sublimation réussie ou échouée.
« Ainsi, dit-il, « la pierre de touche de la santé mentale n’est pas l’adaptation en soi mais la capacité du sujet de procéder à une réadaptation successive sans perdre le sentiment de sa propre continuité dans le temps ». Il conviendrait nous semble-t-il d’ajouter « et dans la l’espace ».
Dans notre fonds, les ouvrages d’ethnopsychanalyse et d’ethnopsychiatrie sont classés à la cote 155 ETH et / ou accessibles par le mot sujet ethnopsychiatrie.
Vous pouvez également consulter le dossier du n° 64-65 de 1996 du Journal des anthropologues consacré à ces questions ; et faire une recherche sur le site de la revue L’Homme.
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