Une monnaie qui a pu avoir le statut de devise a-t-elle connu une "rétrogradation" ?
Question d'origine :
Bonsoir, je me demande si dans l'histoire contemporaine, une monnaie qui a pu avoir le statut de devise, s'est vue " rétrogradée " au rang de monnnaie nationnale, non échangeable à l'internationnal.
Avec mes remerciements.
Réponse du Guichet
Nous n'avons pas trouvé d'exemples renvoyant à une dépréciation monétaire telle, que la devise ne serait plus reconnue au sein du marché de change international. Les monnaies locales ont cette particularité, bien qu'elles n'aient jamais intégré au préalable le commerce international. Il existe toutefois deux grands types de devise dont la propriété détermine leur implication dans le marché mondial. Elles peuvent rendre compte d'une économie monétaire à deux vitesses, bien qu'aucune de ces monnaies ne soit réellement exclue des transactions internationales.
Bonjour,
Selon la définition donnée par le dictionnaire en ligne d'Alternatives Économiques, une devise est une :
Monnaie étrangère convertible, c'est-à-dire dont les autorités émettrices acceptent qu'elle
soit achetée ou vendue contre d'autres monnaies sur un marché de changes.
Ces devises sont achetées ou vendues à l'internationale sur le marché des changes (appelé Forex, pour la contraction anglaise de "FOReign" et EXchange"), qui constitue le plus vaste marché financier au monde, en terme de valeurs échangés (6590 milliards de dollars en volume d'échanges quotidien en 2019). C'est un marché non régulé, décentralisé et dématérialisé qui n'est rattaché à aucune place financière particulière. Les devises circulent librement mais les transactions restent dominées par le dollar américain, monnaie de référence sur le marché des changes, qui représentait à lui seul 88% des opérations en 2019.
Source : La finance pour tous - Le marché des changes (FOREX).
Toutes les monnaies ne sont toutefois pas échangeables librement et ne peuvent être achetées sur le marché des changes mondial. La "convertibilité" est une :
Propriété d'une monnaie d'être librement échangeable contre une autre devise. (...) elle peut être achetée en dehors du territoire du pays qui l'utilise.
Source : La finance pour tous - La convertibilité.
En revanche, "l’inconvertibilité" d'une monnaie peut se définir comme une :
Situation (...) dont les autorités émettrices n'assurent pas la convertibilité en une autre monnaie, ou seulement pour des quantités limitées, ou seulement pour des opérations déterminées. Tout opérateur détenteur de devises ou demandeur de devises (monnaies étrangères convertibles) doit s'adresser à la banque centrale, qui les achète et les vend à un taux décidé unilatéralement par elle.
Source : Alternatives Économiques.
Il existe donc deux types de devises sur le marché. Les devises non convertibles sont extrêmement limitées dans leur participation au commerce international. Elles sont utilisées pour des transactions nationales et leur valeur n'est pas négociée sur le marché de change. La décision de rendre inconvertible une monnaie est une décision politique ; les gouvernements veulent le plus souvent empêcher une fuite des capitaux du pays ou protéger une économie vulnérabilisée aux aléas du marché mondial. Ces monnaies s'achètent alors quasi exclusivement sur le territoire national à un taux de change fixé par la banque centrale. Le dong vietnamien, le peso argentin, le peso cubain par exemple ou encore la roupie indienne (convertible partiellement) font partie de ces devises non convertibles ou convertibles sous conditions (autorisations préalables ou jusqu'à un certain plafond). Ces devises circulent alors énormément sur le marché noir puisqu'elles sont interdites d'échanges internationaux par les gouvernements émetteurs.
Source : The Press Free - Définition de la devise non convertible.
Ces pays ne sont toutefois pas exclues du réseau des transactions internationales. Il est possible d'acheter de leur monnaie en passant par un instrument financier : Le NDF (non deliverable forward). C'est un moyen de commercer avec des devises non convertibles sans avoir à passer par cette monnaie.
Voici la définition faite par le Crédit Suisse :
Comme pour une opération à terme, un NDF est conclu pour un montant (dans la devise non convertible), une date d’échéance et un taux à terme définis. À l’échéance, le taux à terme est comparé au taux de référence du jour. Il peut s’agir du taux quotidien fixé par la banque centrale concernée ou d’une moyenne de taux publiés par plusieurs banques. À l’échéance, la différence entre le taux à terme convenu et le fixing est réglée sur votre compte dans la devise convertible. Par conséquent, vous serez débité ou crédité de la différence.
Le solde des flux est donc réglé dans une monnaie convertible sans qu'aucune transaction ne soit faite dans la devise du pays. Cela permet de palier à la fermeture d'une monnaie au commerce international.
Pour aller plus loin :
Le FOREX : Introduction au marché des devises, FERNANDEZ-RIOU Benoit (Galino 2023)
La monnaie et ses mécanismes, PLIHON Dominique (La découverte, 2022)
Comprendre la monnaie et les politiques monétaires, VOISIN Michel (Bréal, 2022)
En vous souhaitant une bonne journée,