La clinique Tân Dinh à Saïgon existait-elle déjà avant 1900 ?
Question d'origine :
Bonjour, Pourriez-vous me dire si la clinique ou polyclinique de Tân Dinh à Saïgon située au 328 rue Paul Blanchy dans les années 1900 existait avant 1900 quand cette rue portait le nom de rue Nationale ? Si oui, existe-t-il des archives répertoriant les naissances de cette époque dans cette clinique ? Merci beaucoup.
Réponse du Guichet
Peu d'éléments d'information sur la polyclinique Tân Dinh
Bonjour,
Saïgon, aujourd’hui Hô Chi Minh-Ville, dépendait, fin XIXème, de l’empire colonial français. A ce titre, des archives sont conservées par la France (Archives Nationales d’Outre-Mer) sur le site d’Aix-en-Provence (ANOM, 29 chemin du Moulin de Testas, 13182 AIX-EN-PROVENCE Cedex 5). Si un travail de mise à disposition en ligne d’une partie de ces archives a bien été entamé, il est très lacunaire…aussi nous vous engageons vivement à les contacter, voire à vous rendre sur place afin d’obtenir des réponses précises à vos questions, qu’elles portent sur un état civil ou sur un lieu.
Vous trouverez également un document en ligne aidant à la recherche pour la consultation des archives indochinoises disponibles par le biais de l’ANOM.
Votre question porte sur la polyclinique Tân Dinh, localisée rue Paul Blanchy début XXème siècle. Cette rue se nomme aujourd’hui Hai Ba Trung. Paul Blanchy fut maire de Saïgon de 1895 à 1901, date de son décès. Quelques années plus tard la rue fut baptisée en son honneur, appellation qui a perduré jusqu’à l’indépendance du Vietnam.
Nous avons trouvé quelques lignes dédiées à cette rue dans un document accessible en ligne et intitulé Guide historique des rues de Saïgon (transcription d'un ouvrage publié en 1943 par André Baudrit).
« La rue Paul Blanchy et la rue Chasseloup-Laubat qui lui est perpendiculaire étaient — jusqu'à maintenant — les deux seules artères faisant communiquer l'agglomération de Saigon avec l'extérieur. C'était une des plus importantes pour la longueur et pour le trafic. En raison de cela, il lui fut tout d'abord donné sous l'Empire le nom de « rue Impériale ». Mais, en 1870, voulant effacer tout souvenir du régime disparu, il fut proposé de l'appeler « rue de la République » (Voir reg. délib., t. 2, f°. 59. Séance du 9 nov. 1870 ou Baudrit : « Extraits… », t. 2. p. 396, doc. 776). Cependant, elle se contenta du nom plus prosaïque de « rue Nationale » (Voir « Courrier de Saigon » du 20 nov. 1870). C'est au lendemain même de la mort de Paul Blanchy (1901) que la rue fut débaptisée et qu'elle prit le nom que nous lui connaissons aujourd'hui (Voir reg. délib., t. 12, p. 43-44. Séance du 4 avril 1909 ou Baudrit : « Extraits... », t. 1, p. 78, doc. 101.»
Cette rue a ainsi changé de nom plusieurs fois : rue Impériale, puis rue Nationale, puis rue Paul Blanchy, et aujourd’hui rue Hai Ba Trung…
Il aurait été intéressant de pouvoir consulter le Courrier de Saïgon en date du 20 novembre 1870, mais ce numéro est manquant sur le site Gallica de la Bibliothèque Nationale de France. Cependant d’autres journaux liés à l’Indochine et disponibles sur Gallica, qui pourraient mentionner cette polyclinique. Vous trouverez leur recension sur cette page: presse et revues Indochine.
La polyclinique Tân Dinh est également mentionnée dans une synthèse portant sur l’inauguration d’une autre polyclinique saïgonnaise en 1930, la polyclinique Khanh-Hôi.
« J'ai l'honneur de vous présenter la polyclinique de Khanh-Hôi, 2e polyclinique de Saïgon, 3e polyclinique du quartier. Cette conception d'assistance a été déjà réalisée, d'abord dans la polyclinique du boulevard Bonard et ensuite dans la polyclinique du quartier de Tân-Dinh. L'expérience a montré qu'elle convenait parfaitement à la population, à ses habitudes, à sa mentalité : elle a fait ses preuves. Le principe en est la liberté absolue et l'indépendance des malades, qui sont reçus sans distinction de race ni d'origine. On ne leur demande ni justification d'identité, ni carte d'impôt, ni preuve d'indigence. Si, en effet, ces cliniques sont, en principe, destinées aux indigents, elles ont aussi pour but de répandre et de faire connaître dans tous les milieux les procédés de traitement et les notions de l'hygiène scientifique européenne. Elles sont une œuvre d’assistance sociale. […] La polyclinique centrale de Saïgon, que j'ai organisée et ouverte en 1914, donne, annuellement, plus de 300.000 consultations à des malades divers. La clinique de Tân Dinh voit sa clientèle accrue tous les jours.»
Enfin, un site amateur fait un court historique de cette rue intitulé Saigon’s Famous Streets and Squares – Hai Ba Trung Street, avec des photos à consulter.
Nous n’avons malheureusement pas plus d’éléments à vous communiquer, aucun historique de cette clinique, ni aucune date de construction. Le plus pertinent semble être de prendre contact avec l’ANOM afin d’avoir accès aux archives qui vous intéressent. Nous vous souhaitons de la réussite dans vos recherches !