- Les Charités d'Alcippe - Marguerite Yourcenar
- Andrée Sodenkamp – femmes de longs matins
- Aristide broie du noir – Severine Gauthier (BD, fable illustrée)
- Renée Vivien – études et préludes, cendres et poussière, Sapho
- Marie Noël – à complies
Je cherche des textes en alexandrins exclusivement écrits par des femmes
Le 06/03/2024 à 14h15
104 vues
Question d'origine :
Bonjour,
Pour des concours je recherche des textes en alexandrins exclusivement écrits par une femme. De préférence post 19e mais je suis preneuse de tout!
Merci infiniment pour votre aide,
A bientot
Réponse du Guichet
Chineuse Deculture
- Département : Langues et Littératures
Le 09/03/2024 à 13h36
voici quelques alexandrins écrits par des poétesses contemporaines.
Bonjour,
La poésie contemporaine propose une plus grande diversité. Prose, fragments, journal, récits, haïkus…le vers traditionnel et l'isométrie standard sont remisés.
Ainsi l'utilisation de l'alexandrin se raréfie et les poètes multiplient les fantaisies.
Toutefois nous avons trouvé quelques alexandrins de plumes féminines contemporaines :
- Terres Chaleureuses d'Andrée Chedid (1920-2011) évoque l'homme et sa relation avec le monde ainsi que la condition des femmes.
Moi, altéré de vie, enfant des impatiences,
Je chanterai les noces de l’ombre et de l’ardent.
Avec mon peu de souffle, jusqu’au temps sans lisière,
Je tiendrai promesse envers l’unique mort.
Aux chemins divisés, l’horizon est le même ;
Nos jours furent ce miracle pareil aux moissons.
Songe à l’oiseau délié en nos arbres meurtris ;
Nous avons eu l’herbe et l’eau du seul amour.
Songe à l’espérance, sa tige doublée de terre ;
Songe au cœur dénoué par la voix de l’ami.
Un champ raidi prête naissance au pavot ;
Et le grain fut, chaque fois, le contraire de la nuit.
Mon amertume se noie, si légère est sa trame ;
Si vaste est l’univers où tout s’accomplira.
Oui, je te chante ô mort, jusqu’à l’ultime absence,
Gardienne de l’inconnu, douce prairie des errants !
Je chante, car ici-bas l’épi échappe aux cendres ;
La parole délivre, l’aile trouve sa raison.
Un soir, je m’en irai loin des terres chaleureuses ;
Le masque, couleur d’aube, sur ma face de vivant.
- Les charités d'Alcippe de Marguerite Yourcenar (1903-1987)
Alcippe offre son cœur aux Sirènes, son âme aux statues de marbre, son corps aux morts et, déjouant ainsi la Mort, existe à tout jamais dans ce qu'il a donné. En tout cinquante-cinq pièces, écrites entre 1929 et 1963. Marguerite Yourcenar emprunte des formes régulières : alexandrins, hexasyllabes, octosyllabes, rimes plates, rimes croisées, sonnets pour évoquer la mythologie. - Vous emplissez ma vie d'Anna de Noailles (1876-1933)
Vous emplissez ma vie et vous êtes ailleurs,
Votre esprit loin du mien voit se lever l'aurore ;
Vous êtes tout mêlé au monde extérieur,
Quand je ne l'entends plus, votre voix parle encore.Mon cœur à votre cœur toujours communicant,
Se représente avec un dévorant délice
Le pain qui vous nourrit, l'eau vous désaltérant,
L'air que vous respirez, et qui seul m'est propice.Mon cœur toujours tendu et prolongé vers vous
Ressemble par l'effort à ces rades marines
Qui jettent sur les flots un bras triste et jaloux
Vers les dansants vaisseaux qu'entraînent les ondines. - L'éternelle chanson de Rosemonde Gérard (1871-1953) écrit pour son mari Edmond Rostand,
dont voici un extrait :
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos cœurs en fête,
Nous nous croirons encore de jeunes amoureux,
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et nous ferons un couple adorable de vieux.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs. - Lucidité de Renée Vivien (1877-1909)
L’art délicat du vice occupe tes loisirs,
Et tu sais réveiller la chaleur des désirs,
Auxquels ton corps perfide et souple se dérobe.
L’odeur du lit se mêle aux parfums de ta robe.
Ton charme blond ressemble à la fadeur du miel.
Tu n’aimes que le faux et l’artificiel,
La musique des mots et des murmures mièvres.
Ton baiser se détourne et glisse sur les lèvres.Tes yeux sont des hivers pâlement étoilés.
Les deuils suivent tes pas en mornes défilés.
Ton geste est un reflet, ta parole est une ombre.
Ton corps s’est amolli sous des baisers sans nombre,
Et ton âme est flétrie et ton corps est usé.
Languissant et lascif, ton frôlement rusé
Ignore la beauté loyale de l’étreinte.
Tu mens comme l’on aime, et, sous ta douceur feinte,
On sent le rampement du reptile attentif.
Nul amour n’a frémi dans ton être chétif.
Les tombeaux sont encor moins impurs que ta couche,
Ô Femme ! je le sais, mais j’ai soif de ta bouche ! Pour finir avec un extrait moins sulfureux mais ô combien lyrique,
https://catalogue.bm-lyon.fr/ark:/75584/pf0000109961.locale=fr Je crus à la fierté d'un certain déshonneur,
La vie d'Hélène Picard tiré de Pour un mauvais garçon (1873-1945)
Aux ferveurs de vermouth, aux rêves des lanternes
A ce rouge as d'amour, à ce riche as de cœur
Beau comme l'incendie, l'échafaud, les casernes…
J'ai chéri les printemps peints sur les murs des bars
Entre les miroirs purs et le bruit de fontaine
Aimé par les soirs doux, humectés de brouillard
L'absinthe au filtre vert qui secouait Verlaine.
Enfin voici deux sites qui ne manqueront pas d'étoffer vos recherches :
https://www.poemes.co/poetes-contemporains.html
https://www.bonjourpoesie.fr/lesgrandsclassiques/Author
Bonne chance pour votre concours et bonnes lectures,
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