Existe-t-il un lieu appelé "Le Clos de Chazière" à Lyon ?
Question d'origine :
Madame la Bibliothécaire en charge du Guichet du Savoir,
J'effectue depuis un an environ une recherche concernant les réalisations architecturales de mon feu père, Mr ETIENNE-ANTOINE GUÉRIN, architecte DPLG, certifié par le MRU, et vous avez eu l'amabilité de répondre à une question à ce sujet en janvier 2023, ce dont je vous remercie.
La question actuelle est la suivante : je souhaiterais savoir s'il existe un lieu appelé "Le clos de CHAZIÈRE", dans le quatrième arrondissement de Lyon. En effet, à ma demande, mon père avait établi une liste des réalisations architecturales de son père, BARTHÉLÉMI-CLAUDE GUÉRIN, également architecte et mentionné une villa construite pour Mr ANDRÉ SORNAY (créateur de meubles), localisée au " Clos de CHAZIÈRE". S'agit-il du clos JOUVE ? J'ai appris par ailleurs qu'il pourrait s'agir d'une villa située actuellement rue RIBOT, car elle avait été équipée de meubles réalisés par l'entreprise SORNAY. Le "clos de CHAZIÈRE" aurait-il été anciennement localisé dans la délimitation actuelle d'une partie de la rue RIBOT, percée au début des années 1920 ? J'ai tenté de chercher sur le plan cadastral, édité par vos soins au sujet du belvédère situé à proximité du Parc CHAZIÈRE, mais n'ai pas trouvé de réponse probante. En vous remerciant par avance de votre réponse, je vous prie d'agréer, Madame la Bibliothécaire en charge du Guicher du Savoir, l'expression de mes salutations distinguées,
Mme le Dr M.-L. KOSSOVSKY
Réponse du Guichet
Une résidence signalée au nom de Sarnay rue Ribot est visible sur les plans parcellaires de la ville de Lyon pour l'année 1927. Le rue Chazière croisant la rue Ribot et Jean Chazière possédant du terrain dans les environs, il est fort probable que ce lieu ait porté le nom de "clos Chazière", de façon formelle ou informelle, comme indiqué sur la liste de votre père. Le clos Jouve se trouve plus bas dans la rue, au croisement de la rue Chazière et Anselme.
Bonjour,
En consultant les plans parcellaires numérisés sur le site des archives municipales de Lyon vous retrouverez, en sélectionnant "Plan de secteur au 1/500", le "secteur 68" et le plan en date de 1927, au numéro 17 de la rue Ribot une maison appartenant à la veuve Sornay :
Source : Plan parcellaire Lyon, 1927, Rue Ribot. Secteur 68.
Tout porte à croire qu'il s'agit de la même famille mais que l'époux Sornay serait décédé entre l’acquisition de la maison et la réalisation de ce plan. En ce qui concerne la création de la rue Ribot vous avez raison, elle a bien reçu son nom au début des années 1920, précisément en 1923 en l'honneur d'Alexandre Ribot, homme politique qui fut Président du Conseil à plusieurs reprises, ministre et sénateur du Pas de Calais. Le livre Lyon et ses rues de R. Brun de la Valette (Éditions du fleuve, 1969) ajoute qu'il rendit de grands services à la cause des habitations à bon marché et qu'en conséquence, dans les mois qui ont suivi son décès, les administrateurs de la société "l’Espérance du Foyer" se mobilisèrent pour que cette rue reçoive son nom : "c'est pourquoi la rue principale de la cité-jardins construite à l'angle des rues Niepce et Chazière a reçu son nom" (p. 107). Sans pouvoir l'affirmer, il est possible que la rue Ribot ait été percée spécialement pour l'occasion. Aucune rue n'apparait sur la plan antérieure le plus proche en date (1880) dont nous disposons sur le site des archives.
Autre indice, la rue Chazière qui croise à l'angle la rue Ribot porte le nom du clos que vous recherchez. L'ouvrage Rues de Lyon de Louis Maynard nous donne quelques éléments historiques sur l'histoire de ce nom :
Le 27 mai 1889, l'ancienne rue des missionnaires, a reçu le nom de Jean Chazière, né en 1820 d'une modeste famille de jardiniers de Caluire, mort en 1885, qui a institué la ville de Lyon sa légataire universelle. Dans cette donation figuraient deux immeubles, rue des Missionnaires dont l'un a été transformé en orphelinat pour filles. Jean Chazière donna, par son testament, 700 00 francs au musée et 230 000 francs à l'académie de Lyon.
Un clos étant : "une parcelle cultivée et fermée de mus ou de haies, près des maisons. (Se dit, notamment, en parlant d'une vigne.)" (Larousse en ligne). Sachant que Mr Chazière possédait des terrains sur la rue des Missionnaires (l'internat Adolphe Favre au numéro qui a fait l'objet d'une précédente question) et que la rue Ribot traversait une cité jardin, mais aussi que Jean Chazière descend d'une famille de jardiniers, il est fort à parier qu'un clos ait un jour porté son nom aux intersections d'une de ces rues. D'autant qu'une activité viticole est encore en activité dans ce secteur de la ville, avec la vigne du clos des Canuts située depuis 1986 dans l'enceinte du parc de la Ceriseraie.
Le clos Jouve se trouve quant à lui un peu plus bas dans le quartier, au croisement de la rue de Chazière et de la rue Anselme. L'endroit était à l'origine destiné à des activités militaires avant que le site n'accueille en 1850 la première société de jeu de boule de Lyon puis une partie du terrain accueillera des habitations bon marché et un gymnase (Wikipédia - Clos Jouve).
En vous souhaitant une bonne journée,