Question d'origine :
Je voudrais quelques infos sur l'art gothique (au niveau de l'architecture) en Espagne, son développement, la façon dont il se caractérise (par rapport à l'art gothique dans les autres pays), les monuments gothiques du pays, etc ...
Merci .
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 06/01/2007 à 16h02
Voici ce que dit le livre L'art espagnol (éditions Flammarion), à propos de la naissance du gothique espagnol, dans le chapitre Autour de 1200 : la confrontation des styles hispano-musulman, roman et gothique, sur cette question complexe de l’apparition, controversée et diffuse, du gothique en Espagne au XIIe siècle :
« La durée du royaume nasride, deux cent cinquante ans, est à peu de chose près celle de l’art gothique dans l’Espagne médiévale ; à l’inverse de l’art hispano-musulman de Grenade, le gothique est un art importé en Espagne, qui a du mal à trouver ses marques entre un style roman encore débordant de vitalité dans la première moitié du XIIe siècle et les productions des artisans mudéjares (espagnols d’origine musulmane) ou musulmans.
Au moment où l’art almohade produit, avec la Giralda (Séville) son chef d’œuvre et où les premières manifestations du gothique se font sentir dans l’architecture ou la sculpture des grands édifices religieux, l’art roman constitue le style dominant des églises, mais aussi des rares édifices civils parvenus jusqu’à nous.
[…]
L’élan créateur de la fin du XIIe est tel qu’il absorbe les tendances stylistiques venues des diverses régions de France et d’Italie, les unes incontestablement romanes, les autres déjà gothiques. C’est ce qui rend inclassable dans l’un ou l’autres des deux grands styles quantité d’édifices et d’œuvres d’art. Pour couper court aux débats académiques sur le style de ces œuvres, JM Azcarate proposa en 1974 d’adopter le concept de «protogothique». L’un des créateurs les plus prestigieux de ce protogothique hispanique est Maître Mathieu qui signa son œuvre, encore inachevée, à l’occasion de la pose des linteaux du portail de la Gloire de la cathédrale de Compostelle en 1188.
[…]
L’émergence de l’architecture gothique en Espagne peut paraître comme un phénomène assez confus du fait de l’assimilation de ce style à l’un de ses critères de définition qui, pour être important, n’en est pas pour autant exclusif, la nervure d’ogives, dont on fixe traditionnellement l’apparition à Durham (Angleterre) à la fin du XIe siècle.
C’est ainsi que les coupoles à nervures entrecroisées de tradition islamique, ou les nervures renforçant les coupoles des cathédrales de Salamanque et Zamora, ont pu alimenter les spéculations injustifiées sur le rôle de l’Espagne dans la mise au point de la voûte gothique.
Les nervures d’ogives apparaissent associées à des formes romanes dans quantité d’édifices de toutes les régions d’Espagne : à la salle capitulaire de la cathédrale de Cuenca, vers 1180, dans une chapelle et des travées du déambulatoire de Santo Domingo de la Calzada…
[…]
Le rôle prêté à l’ordre de Cîteaux dans la diffusion des formes gothiques est reconnu depuis lontemps de la majorité des spécialistes. Pour l’Espagne, les travaux l’Elie Lambert, dans les années 30, ont confirmé l’importance du rôle joué par les grandes abbayes de l’ordre […]. Nombre d’entre eux, comme l’église du monastère de Valdedios (Oviedo), contruite par un certain Galtier à partir de 1218, comportent des parties voûtées en berceau brisé et d’autres couvertes de voûtes à croisées d’ogives.
[…]
Le passage de du protogothique, qui n’est en quelque sorte qu’un style roman abâtardi ou gothique «classique», n’est dû ni à l’adoption de la voûte d’ogives, ni à l’abandon du chapiteau sculpté, mais à la volonté délibérée de certains princes et prélats de construire des édifices étrangers à la tradition hispanique, inspirés étroitement par les grandes cathédrales gothiques construites au début du XIIIe siècle dans le royaume capétien.
[…]
Les alliances matrimoniales de la couronne de Castille avec les monarchies de l’Europe du Nord amenèrent des prélats-diplomates à entrer en contact étroit avec les réalisations du Nord de la Loire. Cela explique en partie la révolution esthétique qui préside à la mise ne place des grands chantiers des cathédrales de BURGOS, LEON et TOLEDE, dans les années 1230. »
Le chapitre distingue ensuite des styles particuliers à certains lieux, comme la Catalogne, l’Aragon et Séville.
Pour en savoir plus, vous pouvez lire in extenso le chapitre où ont été relevés les extraits ci-dessous, ou consulter les ouvrages suivants :
L'Art gothique (éditions Place des Victoires) ;
L'art gothique en pays catalan (éditions Privat) ;
Monastères espagnols (éditions Citadelles et Mazenod) ;
Cathédrales d'Europe (éditions Citadelles et Mazenod)
Enfin, vous pouvez consulter en ligne un portail culturel (et touristique) espagnol, où la recherche par ville et monument est possible ; il est illustré et pourvu de nombreux liens.
La cathédrale de Léon.
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