Temps de travail aux USA
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 05/03/2007 à 15h48
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Question d'origine :
Bonjour,
je souhaite vous poser trois questions:
- Quelle est la durée légale de travail annuelle et hebdomadaire aux USA ainsi que le nombre de jours de congés par an ?
- Un ami français travaillant aux USA m'affirme que la proportion de salariés travaillant à temps partiel est plus importante aux Etats-Unis qu'en France. Est-ce vrai ? Et quel est, dans les faits, le temps de travail moyen réel d'un américain par semaine ?
- Et pour finir: quel est le salaire moyen net d'un salarié américain ?
Merci pour vos réponses.
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 06/03/2007 à 17h08
Il existe bien une durée légale hebdomadaire du travail aux Etats-Unis, de 40 heures, mais celle-ci est utilisée pour déterminer le seuil de rémunération des heures supplémentaires. Il n'est pas rare que certains secteurs professionnels, industriels en particulier, travaillent jusqu'à 60 heures, comme dans l'industrie automobile : il n'existe pas comme en Europe (48 heures) de seuil hebdomadaire maximum. Il n'existe pas non plus de congés payés légaux, ces derniers font l'objet de négociations au sein des branches professionnelles, voire directement entre salariés et entreprise. Cette étude de Catherine Sauviat, Une durée du travail à la mesure de l’insécurité salariale (Institut de Recherches Economiques et Sociales), revient sur l'histoire du travail aux USA et son contexte actuel :
Le Fair Labor Standards Act de 1938 est à mettre au crédit des acquis sociaux du New Deal. Outre l’établissement d’un salaire minimum fédéral, il institue une durée légale hebdomadaire du travail fixée à 44 heures. Au-delà de cette durée, les heures supplémentaires doivent être rémunérées à un taux majoré de 50 %.
Entre 1939 et 1940, la durée hebdomadaire est ramenée à 40 heures par voie législative. Les autres déterminants de la durée du travail (durée des congés payés notamment) sont laissés à la négociation collective de branche et surtout d’entreprise.
De fait, l'insécurité salariale provoquée par des licenciements massifs incite plutôt les salariés à travailler davantage, tandis que les syndicats sont eux davantage préoccupés par la stabilité et la rémunération des emplois :
Face à la menace permanente de licenciements, les travailleurs américains sont incités, quand ils sont en poste, à effectuer le plus d’heures de travail possible.(...)
De fait, les restructurations accélérées d’entreprises, le changement technique rapide et l’internationalisation croissante de l’économie américaine ont entraîné l’apparition d’une nouvelle catégorie de « chômeurs » : ce que le Bureau des statistiques du travail américain désigne sous l’appellation de displaced workers, c’est-à-dire littéralement les travailleurs « déplacés », victimes des suppressions d’emplois liées aux restructurations.
Une grande partie de ces travailleurs licenciés retrouvent certes un emploi assez rapidement , mais souvent de moins bonne qualité (temps partiel) et associé à des pertes de salaire substantielles pour certains d’entre eux . Et c’est là le paradoxe de l’économie américaine et du fonctionnement du marché du travail. La crainte de perdre son emploi est exceptionnellement forte pour une économie en situation de quasi plein emploi. A tel point que la défense de l’emploi et la lutte pour des emplois stables et bien rémunérés sont devenus le leitmotiv des revendications syndicales et l’enjeu central des conflits sociaux récents.
Cette autre étude de l'OCDE, La réduction du temps de travail : une comparaison de la politique des « 35 heures » avec les politiques d'autres pays membres de l'OCDE, revient sur les durées annuelles réelles. L'écart entre la France et les Etats-Unis est de l'ordre de 15% : 1459 heures travaillées annuelles en 2002 contre 1724 pour les USA.
Alors qu’au début des années 70, le nombre annuel d’heures travaillées par actif occupé était en France sensiblement identique à celui des autres pays de l’OCDE (à quelques exceptions près), il est aujourd’hui très en deçà de la moyenne (de 15% environ). Le nombre d’heures travaillées en France est par exemple inférieur de près de 7% à la moyenne des pays de l’Union Européenne. Cet écart est de 15% lorsque l’on compare la France avec les Etats-Unis ou le Canada, et de l’ordre de 19% si l’on prend le Japon, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande comme pays de référence.
Le travail à temps partiel aux Etats-Unis est plus important qu'en France, mais il reste difficile d'évaluer quelle est la proportion de temps partiel subi :
D’une manière générale, le travail à temps partiel, moins bien rémunéré, s’est multiplié en quinze ans. Au Royaume-Uni, il représente 25 % de l’emploi total ; aux Etats-Unis, 18 % ; aux Pays-Bas, 36 %. Ce phénomène, qui affecte aussi la France (15,8 % en 1996), fausse évidemment tous les calculs : il suffirait de transformer une partie des emplois à plein temps en emplois à temps partiel, pour faire disparaître le problème d’un coup de baguette magique ! Aux Etats-Unis, la prise en compte de ce paramètre ferait grimper de 5 % à plus de 10 % la proportion de chômeurs (5). Une enquête américaine portant sur la période 1983-1993 montre que les chiffres ainsi révisés augmenteraient d’environ 5 % pour tous les pays (6).
source : Le Monde diplomatique, avril 1998.
En ce qui concerne votre dernière question, voici tout d'abord un état du salaire minimum aux USA sur le site Politiques sociales (avril 2006) :
Salaire minimum. Le salaire minimum fédéral a été porté à 4,75 $US en octobre 1996, puis 5,15 en septembre 1997, sans changement depuis. Deux états, soit le Kansas et l'Ohio ont par contre des salaires minima inférieurs au salaire minimum fédéral (respectivement 2,65 et 4,25$US). Le Congrès débat depuis 2003 de propositions républicaines d’augmentation de 1 $US répartie sur trois ans, mais en permettant également aux États – jusqu’ici obligés d’appliquer le niveau fédéral ou un niveau supérieur, ce que faisaient 11 États en 2002 – de se soustraire aux futures augmentations. L’AFL-CIO et plusieurs démocrates s’opposent au projet et réclament une augmentation de 1,50 $US en moins de deux ans.
Vous trouverez les salaires moyens sur le site EuropUsa, janvier 2005 :
Le salaire annuel moyen américain est de $39.429 pour un homme et $30.203 pour une femme, une différence de 30% environ. Le fossé entre hommes et femmes est moins grand qu’auparavant mais reste néanmoins significatif...Le XXIème siècle verra t-il une égalité dans le domaine ?
Pour ce qui est des niveaux de rémunération par type de job : il y a peu de surprises. Aux extrêmes, on retrouve d’un côté ceux qui font la plonge avec un salaire de $13.000 par an et de l’autre les médecins avec un salaire annuel moyen de $120.000.
En ce qui concerne les avantages sociaux, ils se font plus rares aux Etats-Unis qu’en Europe mais néanmoins 75% des salariés ont une assurance santé via leur employeur et près de 80% des jours de congés payés même si cela dépasse rarement les 2-3 semaines.
A noter : Le salaire des dirigeants aux Etats-Unis est passé de 30 fois le salaire moyen en 1980 à 180 fois le salaire moyen en 2005 (source : Le Monde, février 2007).
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