Question d'origine :
Cher GUICHET
Un de mes amis prétend "avoir vu à la TV" Jean-Paul II refusant expressément aux femmes kosovars violées pendant le conflit du kosovo de se faire avorter.
Est-il possible de confirmer ou d'infirmer cela?
Merci infiniment malgré la difficulté probable de cette question.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 10/12/2007 à 10h23
Voici un extrait d'un article d'Emile Favard intitulé "Les sujets qui fâchent" paru dans "Les Echos" du 4 avril 2005 :
Si Jean-Paul II a péché... c'est sans doute par excès. Sa logique implacable dans les domaines du respect de la vie et du destin transcendant de la personne humaine l'a conduit à prendre des positions radicales contre l'avortement (même après un viol) et contre la contraception (même face aux risques du sida). Au point qu'il a été passablement raillé hors l'Eglise et interprété avec liberté au sein du clergé catholique, voire de sa hiérarchie. «La légalisation de l'interruption volontaire de grossesse n'est rien d'autre que l'autorisation donnée à des adultes, avec l'aval de la loi, de priver de sa vie, avant qu'il ne voie le jour, un être humain qui ne peut pas se défendre. Comment imaginer une condamnation plus injuste!» écrit-il en 1994. En avril 1999, quand les Nations unies distribuent, dans des camps de réfugiés du Kosovo, la pilule du lendemain aux femmes violées par des soldats, le Vatican s'insurge contre ce qu'il assimile à un avortement. «L'estime de Rome, écrit alors le pape, va plutôt aux réfugiées qui, avec un amour héroïque pour leur enfant, poursuivent une grossesse liée à l'injustice de rapports sexuels imposés par la force.» Parlant aux jeunes, au stade de Kampala, en Ouganda en février 1993, Jean-Paul II refuse son aval à la promotion du préservatif en Afrique. Car il estime que la meilleure protection contre le sida et les MST (maladies sexuellement transmissibles) est l'abstinence avant le mariage et la fidélité des époux.
Article de l'AFP paru le 3 novembre 2000 intitulé "Les combats du Vatican contre la pilule du lendemain", écrit par Alain JEAN-ROBERT :
Au printemps 1999 déjà, le Vatican avait bataillé pour empêcher la distribution par des agences de l'ONU de la "pilule du lendemain" aux femmes et aux jeunes filles violées au Kosovo.
Le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), qui fournissait ces pilules aux réfugiées du Kosovo victimes de viols, avait alors critiqué "l'insensibilité" du Saint-Siège.
La question de la légitimité de la "pilule du lendemain" pour les femmes violées pendant un conflit avait été soulevée par certains théologiens catholiques à l'occasion du "nettoyage ethnique" en Bosnie, en 1992.
Le Vatican s'était prononcé contre l'utilisation de cette pilule en adressant un appel à la communauté internationale afin qu'elle aide les femmes violées en Bosnie à ne pas avorter.
Le Saint-Siège avait bloqué à l'époque sa contribution symbolique à l'UNICEF qui avait adopté un programme de distribution de cette pilule dans les camps de réfugiés. Cette agence de l'ONU chargée d'assister les enfants avait pourtant rappelé que "des centaines de jeunes filles étaient systématiquement violés dans les camps de réfugiés et que la distribution de la 'pilule du lendemain' était la seule solution pour faire face au drame de petites filles, parfois âgées d'à peine 10-12 ans, qui risquent des grossesses traumatisantes".
La "pilule du lendemain" est une pilule contragestive, c'est à dire qui empêche l'implantation de l'oeuf fécondé dans l'utérus. Dans les 11 pays européens où elle est déjà commercialisée le nombre d'avortements a diminué.
La position du Vatican au sujet de l'avortement des femmes violées est toujours la même aujourd'hui :
Article du Figaro datant du 31 août 2006 : "Tollé après l'excommunication de médecins"
Colombie. Quelque 21 directeurs d'hôpitaux publics colombiens ont protesté après l'annonce au Vatican mardi de la décision du cardinal Alfonso Lopez Trujillo d'excommunier le groupe de médecins, qui avait participé à l'avortement d'une fillette de 11 ans violée par son beau-père.
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