Louis XIV
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 04/02/2008 à 13h51
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Question d'origine :
Bonjour,
Pourquoi appelle t-on Louis XIV le roi soleil ?
Merci
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 05/02/2008 à 10h48
Voici les explications de François Bluche, historien de l'Ancien régime, dans son ouvrage
Le point de départ en est le carrousel des Tuileries (1662), « assez grand et assez magnifique, soit par le nombre des exercices, soit par la nouveauté des habits ou par la variété des devises ». Ainsi s'exprime le Roi dans ses Mémoires. Il ajoute : « Ce fut là que je commençai à prendre celle que j'ai toujours gardée depuis, et que vous voyez en tant de lieux. Je crus que, sans s'arrêter à quelque chose de particulier et de moindre, elle devait représenter en quelque sorte les devoirs d'un prince, et m'exciter éternellement moi-même à les remplir.
Le symbole de l'astre solaire n'est pas le produit d'une simple flatterie des entours du monarque. Ce n'est point au hasard que Louis XIV l'a accepté. « II sait fort bien l'histoire, atteste la grande Mademoiselle, en parle à propos, loue ce qui est à louer de ses prédécesseurs et en retient ce qui lui est nécessaire pour s'en servir dans les occasions. » Or, depuis plusieurs siècles, le mythe royal se dessine et se précise. Tantôt le souverain est le pilote qui guide d'une main ferme le navire de l'État ; tantôt le médecin qui panse les plaies et guérit les maux ; tantôt l'astre qui répand lumière et chaleur. Brillante, universelle, cette dernière image est aussi la plus souvent développée. Elle est fréquente dans les pamphlets parus sous la régence de Marie de Médicis. Elle occupe plusieurs pages — thème et nombreuses variations — dans une brochure chantant la paix de Loudun (1616). En pleine Fronde, on la voit réapparaître. Dans Le Triomphe royal, libelle célébrant la rentrée à Paris, le 18 août 1649, du Roi et de la cour, Louis, nous l'avons vu, est « cet astre brillant, ce soleil radieux, ce jour sans nuit, ce centre où toutes les lignes de la circonférence visent ».
Loin d'être symbole païen, le soleil royal est d'abord l'image du droit divin, de la délégation divine des pouvoirs.
[...]
Fortement amarré au catholicisme de la contre-Réforme, immunisé contre toute déviation païenne, le thème solaire monarchique n'en annonce pas moins, comme les Mémoires de Louis XIV, ce qu'on appellera cent ans plus tard le despotime éclairé. En effet, le-soleil éclaire, comme à sa manière fait la raison. Le soleil réchauffe, symbolisant le souci du bien-être, le soin du bonheur des peuples, « produisant sans cesse de tous côtés la vie, la joie et l'action », ainsi que le Roi-Soleil, aidé de Pellisson, l'exprime si bien. Il est donc trop aisé de dire : Louis XIV a eu l'intelligence d'user de vieilles métaphores en les rajeunissant, de multiplier de façon systématique les symboles écrits, sculptés, peints ou gravés. Dans le cas particulier du soleil, le monarque, appuyé sur un sens percutant de la propagande, impose la symbolique mêlme de l'Etat moderne.
D'ailleurs, à l'âge de l'humanisme dévot, lorsque les visiteurs du Louvre ou les (futurs) promeneurs de Versailles contemplent les œuvres d'art qui entourent Louis XIV et le célèbrent, ils sont de plain-pied avec la mythologie ambiante. Si le roi ne se prend en aucune façon pour Dieu, ses artistes le représentent sous les vêtements et dans les attitudes que l'on prête aux héros antiques ou aux dieux de l'ancien Panthéon.
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