Question d'origine :
Où se trouvait l'hôpital militaire Desgenettes de 1832 à 1946 S.V.P?
merci
Réponse du Guichet
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- Département : Documentation régionale
Le 05/05/2009 à 10h05
L’hôpital d’instruction des armées Desgenettes situé au 108, boulevard Pinel (3ème), fut construit pendant la seconde guerre mondiale et inauguré en 1946. Il succède à l’ancien hôpital militaire de Lyon établi depuis 1832 sur la rive droite du Rhône, quai de la Charité (aujourd’hui quai Gailleton), à l’emplacement de l’actuel lycée Récamier.
Sous l’Ancien Régime, les troupes déposaient leurs malades à l’Hôtel-Dieu ou à l’Antiquaille. Pendant la Révolution, le couvent des Cordeliers sera un hôpital militaire éphémère (1790-1791) bientôt transféré au pied de la Croix-Rousse, dans le séminaire Saint-Irénée de 1792 à 1794 (600 lits). Bien que le besoin se fasse sentir d’un hôpital militaire permanent, c’est l’administration hospitalière civile qui gérera pendant une trentaine d’années les soins dispensés aux soldats, notamment dans un bâtiment de l’hospice de la Charité.
Après les émeutes des Canuts de 1831, la réorganisation des armées donne à Lyon une garnison importante qui rend la création d’un hôpital militaire nécessaire. Louis-Philippe prend cette décision le 18 décembre 1831. De manière à éviter les délais de construction de nouveaux bâtiments, l’hôpital s’installe dans l’édifice de la Nouvelle Douane qui sert alors de caserne à la cavalerie. C’est à l’origine une annexe de l’hôpital de la Charité construite au sud de celui-ci. Louis XVI y avait installé en 1786 un nouvel « hôtel des fermes, grenier à sel et bureau de tabac », fonction qui lui valut le nom de « Nouvelle Douane » chez les Lyonnais, que le bâtiment conservera bien après la suppression de la gabelle et des douanes intérieures en 1790. Il restait sur le site des parties d’un ancien monastère dédié à Sainte Elisabeth. Ces vestiges furent détruits et les matériaux réutilisés pour l’aménagement du nouvel hôpital militaire d’une superficie de 12 304 m2 répartis entre bâtiments et espaces verts. Toute la façade est longe les quais du Rhône.
Le nouvel hôpital militaire de Lyon connaîtra des périodes de forte activité : lors de l’insurrection de 1834, pendant une épidémie de grippe en 1837, à cause du choléra de 1849 et durant les guerres de Crimée, d’Italie et de 1870. Malgré une capacité de 1 000 lits, le service de santé des armées doit fréquemment héberger des malades aux hospices civils et c’est à cette époque que la caserne des Colinettes de la Croix-Rousse devient un hôpital complémentaire avant de prendre le nom de Villemanzy.
Un décret de 1887 décide l’attribution du nom de « grands anciens » aux hôpitaux des armées : celui de Lyon prendra le nom de René-Nicolas Desgenettes (1762-1837), brillant médecin militaire dont la valeur fut maintes fois récompensée par Napoléon, bien qu’aucun souvenir ne le rattache à cette ville. En 1889, la création d’une école du Service de santé militaire à Lyon élève l’établissement au rang d’hôpital d’instruction. Les élèves de l’école y logent jusqu’en 1894 avant de rejoindre les bâtiments tout neufs de l’avenue des Ponts, actuelle avenue Berthelot.
Durant la Première Guerre mondiale, parmi les milliers de soldats soignés, on note la présence du lieutenant Charles de Gaulle, blessé en août 1914.
Pendant l’Occupation, l’hôpital continue de fonctionner avec des médecins militaires français, le personnel devant toutefois renoncer à l’habit militaire. Depuis 1928 cependant, un déplacement de l’hôpital est envisagé. La construction du nouvel hôpital a même commencé lorsqu’éclate la guerre qui différera l’achèvement du chantier. Progressivement, les services quittent le quai Gailleton : les contagieux sont transférés au Vinatier en 1941, et en 1946 tous les services sont réinstallés dans le nouvel hôpital du boulevard Pinel.
Les bâtiments laissés vacants seront occupés par des associations de déportés, la radio-télévision-française, un restaurant universitaire, et d’autres organismes encore avant leur démolition en 1967.
Nous avons trouvé toutes ces informations dans l’ouvrage ci-dessous qui donne une présentation plus détaillée des services et des capacités de l’ancien hôpital militaire de Lyon :
Les hôpitaux militaires au XXe siècle. Sous la direction des médecins généraux inspecteurs Pierre Cristau et Raymond Wey, 2006.
Nous vous joignons une photographie de l'ancien hôpital militaire Desgenettes, prise depuis le quai Gailleton (alors quai de la Charité) par Jules Sylvestre en 1910. (Fonds Sylvestre, Bibliothèque municipale de Lyon)
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