Question d'origine :
J'aimerais identifier quel est le personnage centrale de cette gravure de Brugel... Et quel sont les rites qui s'y réfèrent.
Si il existe un livre sur les personnages qui peuplent l'art populaire alpin, je suis preneur.
Merci d'avance!
7erence.
http://seaeels.web.fc2.com/images/P0062.JPG
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 02/06/2009 à 11h01
Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
source : Wikipedia
Il s'agit d'une représentation d'une scène extraite de la légende de Valentin et Orson dont vous trouverez l'histoire sur ce site.
Voici ce qu'indique Claude Gaignebet dans un article intitulé Le combat de Carnaval et de Carême
Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1972 - Volume 27 - Numéro 2 - pp. 313-345
La scène ici représentée nous est connue par un dessin et une gravure de Bruegel. C'est celle d'un jeu dramatique populaire, inspiré d'un roman de chevalerie.
[...]
On distingue nettement les personnages sur le tableau, le dessin et la gravure; les voici, de gauche à droite de la gravure :
L'empereur de Constantinople qui est muni de ses emblèmes, ses enfants Valentin en chasseur et son frèreOurson en homme sauvage. Les deux frères jumeaux ont été abandonnés dans la forêt par leur mère faussement accusée. Ourson est enlevé par une ourse et devient homme sauvage, il a le corps velu (ici représenté par un tissu à écailles), il manie une lourde massue et a la tête et les reins ceints de feuillage. Dans le roman il est, selon le type traditionnel de l'homme sauvage médiéval, maître des animaux de la forêt.
Son frère Valentin, recueilli et adopté par son oncle (le roi Pépin), va dans la forêt capturer l'homme sauvage. C'est cette scène précise qui est représentée ici.
Une femme tend à Ourson un anneau. Cet objet joue un rôle important dans le roman. Dans la variante allemande Valentin und Nameloos (sans nom), réconciliés, les frères rencontrent une jeune fille appelée Rosemund. Celle-ci donne à Nameloos un anneau d'invisibilité. Les parallèles et les sources de ce thème sont longuement analysés par Dickson (p. 318).
A l'arrière-plan, deux quêteuses tendent des tirelires. Les spectateurs se dissimulent et ne font l'aumône qu'en entrouvrant les fenêtres. Cette crainte s'explique quand nous reconnaissons dans le costume de Rosemonde celui des lépreux, ce que trois lépreuses de la procession gravée confirme entièrement. Il nous est impossible de donner ici tous les documents qui nous ont amené à conclure quele jeu de Valentin et Ourson, et la capture de l'homme-ours qui en forme le noyau, est l'équivalent exact des cérémonies de capture d'un homme déguisé en ours connue sous le nom de fête de l'ours et qui ont lieu le 2 février en Catalogne. Cette affirmation est déjà présente sans preuves dans l'ouvrage de Bemheimer; nous pouvons Tétayer des arguments suivants.
1 . La Chandeleur est la date « européenne générale » de la sortie de l'ours et de l'homme sauvage (dicton des quarante jours).
2. Ourson (Nameloos) est, dans le roman en vers, ennivré et rasé par Valentin. Une « variante » du conte de Jean de l'Ours (Thompson, n° 303) a conservé ce trait. A Prats-de-Mollo et à Arles-sur-Tech, l'ours capturé est rasé par le chasseur.
3. La compagne de l'ours à Arles-sur-Tech s'appelle la Roseta. L'ours se précipite sur elle à plusieurs reprises. Dans la variante allemande, la plus ancienne attestée, Nameloos entraîne Rosemonde dans une cabane de la forêt pour en faire son plaisir « et tout ce qu'un homme doit faire à une jeune fille » (vers 1983- 1990). La version catalane du roman s'appelle Rosaura de l'Os et une représentation théâtrale en est faite à Monblanc, selon Amades.
Il nous paraît difficile d'estimer que des thèmes aussi précis que la lutte contre un ours (homme déguisé) d'un chasseur, l'accouplement Ours-Rosaura (roman catalan), Ours-Roseta (fête d'Arles-sur-Tech), homme-ours (Rosemund), l'ivresse et le rasage de cet « animal » puissent résulter de convergences. Il nous paraît aussi impossible que le dicton de la sortie de l'ours et de l'homme sauvage au 2 février, présent en Europe de l'Angleterre à la Hongrie, soit sans rapport avec les « fêtes » de la sortie de cet animal à cette date.
L'identification du jeu de Valentin et Ourson et des cérémonies de la Chandeleur que nous avions faite il y a quelques années avant d'avoir étudié le tableau de Bruegel trouve ici sa confirmation. La scène est située au-delà du deuxième dimanche de janvier et du début de la période des danses, ainsi que nous l'avons indiqué.
Voici quelques ouvrages de Claude Gaignebet que vous pouvez consulter à la Bibliothèque municipale de Lyon.
Par ailleurs, concernant votre deuxième question, nous vous invitons à consulter cette précédente réponse du service de la Documentation Lyon et Rhône-Alpes qui abordait la thématique des êtres fantastiques des Alpes. Vous pouvez également consulter quelques ouvrages d'ethonologie régionale et notamment ceux édités par le Centre Alpin et Rhodanien d’Ethnologie.
Bonjour,
source : Wikipedia
Il s'agit d'une représentation d'une scène extraite de la légende de Valentin et Orson dont vous trouverez l'histoire sur ce site.
Voici ce qu'indique Claude Gaignebet dans un article intitulé Le combat de Carnaval et de Carême
Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1972 - Volume 27 - Numéro 2 - pp. 313-345
La scène ici représentée nous est connue par un dessin et une gravure de Bruegel. C'est celle d'un jeu dramatique populaire, inspiré d'un roman de chevalerie.
[...]
On distingue nettement les personnages sur le tableau, le dessin et la gravure; les voici, de gauche à droite de la gravure :
L'empereur de Constantinople qui est muni de ses emblèmes, ses enfants Valentin en chasseur et son frère
Son frère Valentin, recueilli et adopté par son oncle (le roi Pépin), va dans la forêt capturer l'homme sauvage. C'est cette scène précise qui est représentée ici.
Une femme tend à Ourson un anneau. Cet objet joue un rôle important dans le roman. Dans la variante allemande Valentin und Nameloos (sans nom), réconciliés, les frères rencontrent une jeune fille appelée Rosemund. Celle-ci donne à Nameloos un anneau d'invisibilité. Les parallèles et les sources de ce thème sont longuement analysés par Dickson (p. 318).
A l'arrière-plan, deux quêteuses tendent des tirelires. Les spectateurs se dissimulent et ne font l'aumône qu'en entrouvrant les fenêtres. Cette crainte s'explique quand nous reconnaissons dans le costume de Rosemonde celui des lépreux, ce que trois lépreuses de la procession gravée confirme entièrement. Il nous est impossible de donner ici tous les documents qui nous ont amené à conclure que
1 . La Chandeleur est la date « européenne générale » de la sortie de l'ours et de l'homme sauvage (dicton des quarante jours).
2. Ourson (Nameloos) est, dans le roman en vers, ennivré et rasé par Valentin. Une « variante » du conte de Jean de l'Ours (Thompson, n° 303) a conservé ce trait. A Prats-de-Mollo et à Arles-sur-Tech, l'ours capturé est rasé par le chasseur.
3. La compagne de l'ours à Arles-sur-Tech s'appelle la Roseta. L'ours se précipite sur elle à plusieurs reprises. Dans la variante allemande, la plus ancienne attestée, Nameloos entraîne Rosemonde dans une cabane de la forêt pour en faire son plaisir « et tout ce qu'un homme doit faire à une jeune fille » (vers 1983- 1990). La version catalane du roman s'appelle Rosaura de l'Os et une représentation théâtrale en est faite à Monblanc, selon Amades.
Il nous paraît difficile d'estimer que des thèmes aussi précis que la lutte contre un ours (homme déguisé) d'un chasseur, l'accouplement Ours-Rosaura (roman catalan), Ours-Roseta (fête d'Arles-sur-Tech), homme-ours (Rosemund), l'ivresse et le rasage de cet « animal » puissent résulter de convergences. Il nous paraît aussi impossible que le dicton de la sortie de l'ours et de l'homme sauvage au 2 février, présent en Europe de l'Angleterre à la Hongrie, soit sans rapport avec les « fêtes » de la sortie de cet animal à cette date.
L'identification du jeu de Valentin et Ourson et des cérémonies de la Chandeleur que nous avions faite il y a quelques années avant d'avoir étudié le tableau de Bruegel trouve ici sa confirmation. La scène est située au-delà du deuxième dimanche de janvier et du début de la période des danses, ainsi que nous l'avons indiqué.
Voici quelques ouvrages de Claude Gaignebet que vous pouvez consulter à la Bibliothèque municipale de Lyon.
Par ailleurs, concernant votre deuxième question, nous vous invitons à consulter cette précédente réponse du service de la Documentation Lyon et Rhône-Alpes qui abordait la thématique des êtres fantastiques des Alpes. Vous pouvez également consulter quelques ouvrages d'ethonologie régionale et notamment ceux édités par le Centre Alpin et Rhodanien d’Ethnologie.
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