Question d'origine :
Bonjour,
L'une des 3 caravelles de l'expédition de Ch Colomb s'appelait "La Pinta".
La traduction serait "la peinte" ou "la colorée" .
N'y aurait il pas une explication à ce nom qui parait anormalement banal.
Merci d'avance
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 22/01/2010 à 10h09
Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
Votre question s’avère d’une grande pertinence et soulève un problème complexe, celui de la désignation des caravelles de Christophe Colomb. En effet, dans un article "La vérité sur les caravelles de Christophe Colomb", Jean Christina Goguet insiste sur la fait qu'il faut faire preuve de circonspection par rapport à une une histoire officielle qui releverait davantage du mythe que de la véracité historique. Il relate ainsi que :
Le Journal de bord de Christophe Colomb nous est connu grâce au chroniqueur Bartolomeo de Las Casas. Celui-ci ne cite jamais le nom de son bâtiment. Il désigne toujours le navire par les vocables de «Nef» ou de «Vaisseau amiral»
D'autre part, rien ne permet d'affirmer que Christophe Colomb ait utilisé trois caravelles plutôt que des caraques pour son premier voyage et la plus grande incertitude règne sur le nom de ses trois bateaux...
Le bateau de Christophe Colomb était une caraque nommée la «Gallega» Qui ne connaît la Santa Maria ? Le bateau de Christophe Colomb est à la fois le plus célèbre voilier du Monde et le plus méconnu, car le mythe s'est emparé de l'Histoire et l'on n'a pas pour autant modifié les manuels scolaires.(...)
Le chroniqueur note aussi : «...una carabela, que tenia nombre la Pinta , que era la mas ligera y velera..., en la otra, que llamaban la Niña,..., en la tercera, que era la nao algo mayor que todas, quiso ir el, y asi aquella fue la Capitana.»
Las Casas désigne parfois le navire sous le nom de la Capitana et le plus souvent sous celui de «nao», d'après le nom que donnent les Portugais aux caraques.
(...)
Or de ces trois navires, la Galléga était le maître, en lequel était Colomb. Et l'un des deux autres s'appelait la Pinta, de laquelle Martin Alphonse Pinzon était capitaine, et l'autre se nommait la Niña, de laquelle était le capitaine François Martin Pinzon, avec lequel était Vincent Yanez Pinzon. Les trois capitaines et pilotes étaient frères, tous natifs de Palos, comme la plupart de ceux qui constituaient cette armée.»
Naissance du mythe
En dépit de ces récits troublants, l'histoire officielle n'a voulu retenir depuis le XVIe siècle que la version du fils de Christophe Colomb, Fernando. «La caravelle capitaine que devait monter l'Amiral, se nommait la Santa Maria, la seconde qui avait pour commandant Martin Alonzo Pinzon, s'appelait la Pinta, enfin la troisième, Niña qui était gréée selon le mode latin...»
Depuis lors, tous les livres scolaires d'histoire du monde écrivent faussement: «Les trois caravelles de Christophe Colomb: la Pinta, la Niña, et la Santa Maria» !
(...)
Il convient donc d'utiliser ses informations avec circonspection. Il semble qu'il y ait eu confusion dans les notes de Fernando Colomb entre les bateaux du premier voyage et ceux du second.
Comment s'appelaient donc les bateaux du premier voyage de Christophe Colomb ?
La tradition gênoise aurait pu pousser Colomb à appeler son bateau amiral Santa Maria : «Dans ces années 1460-1470, toutes les nefs gênoises, sans exception, se placent sous l'invocation du christianisme et s'affirment des vaisseaux de la foi.
(...)
Le préfacier de l'édition française du Journal de Christophe Colomb évoque la gaillardise des marins. Il pense que les trois bateaux de Colomb avaient des noms de femmes de petite vertu :
La «Pinta» se serait appelée la «Peinte» dans le sens de la «maquillée» , autrement dit la «fière putain». La «Niña» se serait appelée la «Petite» dans le sens de la fille légère. Le vaisseau amiral aurait été la «Marie Galante» (sans commentaire !). Mais cette hypothèse paraît osée pour les navires d'une expédition patronnée par Isabelle la Catholique !
(...)
En définitive, la caraque de l'Amiral fut construite en Galice, la province atlantique espagnole située au nord du Portugal. Son propriétaire l'appela la Gallega (la Galicenne) . On estime qu'elle faisait 26 mètres de long et jaugeait une centaine de tonneaux.
«La conversion de la Gallega en la Santa Maria est improbable. La Gallega n'est pas la Santa Maria.» écrit Apolinar Tejera (10). Autrement dit, il n'y a peut-être jamais eu de Santa Maria !
On est mieux informé sur la Niña. C'était une caravelle redonda (11) construite à Moguer, qui avait pris le nom de la patronne de cette cité : Santa Clara. Quand elle appartint à Juan Niño, armateur de Moguer, les marins l'appelèrent Niña. Elle faisait 23 mètres de long et 55 tonneaux.Quant à la Pinta, il est aussi possible qu'elle ait eu un autre nom (Certains ont avancé Santana). Elle faisait 23 mètres de long et jaugeait 60 tonneaux .
Enfin, nous vous conseillons vivement de consulter ces ouvrages qui vous apporteront, sans nul doute, maintes explications :
* La Santa María, La Pinta y La Niña = The Niña, The Pinta and the Santa María/ [Guadalupe Chocano, Ignacio Fernández Vial, Consuelo Varela] ; [trad. al inglés Paul A. Isbell], 1991.
* Manuale delle tre caravelle / Vezio Melegari ; ill. di Marco Scuto, 1992.
* Las naves del descubrimiento y sus hombres / José María Martínez-Hidalgo, 1992.
Bonjour,
Votre question s’avère d’une grande pertinence et soulève un problème complexe, celui de la désignation des caravelles de Christophe Colomb. En effet, dans un article "La vérité sur les caravelles de Christophe Colomb", Jean Christina Goguet insiste sur la fait qu'il faut faire preuve de circonspection par rapport à une une histoire officielle qui releverait davantage du mythe que de la véracité historique. Il relate ainsi que :
Le Journal de bord de Christophe Colomb nous est connu grâce au chroniqueur Bartolomeo de Las Casas. Celui-ci ne cite jamais le nom de son bâtiment. Il désigne toujours le navire par les vocables de «Nef» ou de «Vaisseau amiral»
D'autre part, rien ne permet d'affirmer que Christophe Colomb ait utilisé trois caravelles plutôt que des caraques pour son premier voyage et la plus grande incertitude règne sur le nom de ses trois bateaux...
Le bateau de Christophe Colomb était une caraque nommée la «Gallega» Qui ne connaît la Santa Maria ? Le bateau de Christophe Colomb est à la fois le plus célèbre voilier du Monde et le plus méconnu, car le mythe s'est emparé de l'Histoire et l'on n'a pas pour autant modifié les manuels scolaires.(...)
Le chroniqueur note aussi : «...
Las Casas désigne parfois le navire sous le nom de la Capitana et le plus souvent sous celui de «nao», d'après le nom que donnent les Portugais aux caraques.
(...)
Or de ces trois navires, la Galléga était le maître, en lequel était Colomb. Et l'un des deux autres s'appelait la Pinta, de laquelle Martin Alphonse Pinzon était capitaine, et l'autre se nommait la Niña, de laquelle était le capitaine François Martin Pinzon, avec lequel était Vincent Yanez Pinzon. Les trois capitaines et pilotes étaient frères, tous natifs de Palos, comme la plupart de ceux qui constituaient cette armée.»
Naissance du mythe
En dépit de ces récits troublants, l'histoire officielle n'a voulu retenir depuis le XVIe siècle que la version du fils de Christophe Colomb, Fernando. «La caravelle capitaine que devait monter l'Amiral, se nommait la Santa Maria, la seconde qui avait pour commandant Martin Alonzo Pinzon, s'appelait la Pinta, enfin la troisième, Niña qui était gréée selon le mode latin...»
Depuis lors, tous les livres scolaires d'histoire du monde écrivent faussement: «Les trois caravelles de Christophe Colomb: la Pinta, la Niña, et la Santa Maria» !
(...)
Il convient donc d'utiliser ses informations avec circonspection. Il semble qu'il y ait eu confusion dans les notes de Fernando Colomb entre les bateaux du premier voyage et ceux du second.
Comment s'appelaient donc les bateaux du premier voyage de Christophe Colomb ?
La tradition gênoise aurait pu pousser Colomb à appeler son bateau amiral Santa Maria : «Dans ces années 1460-1470, toutes les nefs gênoises, sans exception, se placent sous l'invocation du christianisme et s'affirment des vaisseaux de la foi.
(...)
Le préfacier de l'édition française du Journal de Christophe Colomb évoque la gaillardise des marins. Il pense que les trois bateaux de Colomb avaient des noms de femmes de petite vertu :
(...)
En définitive, la caraque de l'Amiral fut construite en Galice, la province atlantique espagnole située au nord du Portugal. Son propriétaire l'appela la Gallega (la Galicenne) . On estime qu'elle faisait 26 mètres de long et jaugeait une centaine de tonneaux.
«La conversion de la Gallega en la Santa Maria est improbable. La Gallega n'est pas la Santa Maria.» écrit Apolinar Tejera (10). Autrement dit, il n'y a peut-être jamais eu de Santa Maria !
On est mieux informé sur la Niña. C'était une caravelle redonda (11) construite à Moguer, qui avait pris le nom de la patronne de cette cité : Santa Clara. Quand elle appartint à Juan Niño, armateur de Moguer, les marins l'appelèrent Niña. Elle faisait 23 mètres de long et 55 tonneaux.
Enfin, nous vous conseillons vivement de consulter ces ouvrages qui vous apporteront, sans nul doute, maintes explications :
* La Santa María, La Pinta y La Niña = The Niña, The Pinta and the Santa María/ [Guadalupe Chocano, Ignacio Fernández Vial, Consuelo Varela] ; [trad. al inglés Paul A. Isbell], 1991.
* Manuale delle tre caravelle / Vezio Melegari ; ill. di Marco Scuto, 1992.
* Las naves del descubrimiento y sus hombres / José María Martínez-Hidalgo, 1992.
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