Question d'origine :
Dans le tableau de Van Eyck représentant saint Jean-Baptiste (cathédrale de Saint-Bavon à Gand), le personnage tient un livre ouvert sur ses genoux: le texte semble minutieusement reproduit à tel point qu'on a l'impression qu'il est parfaitement lisible! N'est-ce qu'une impression trompeuse ou bien au contraire le peintre a-t-il poussé sa recherche de la perfection jusqu'à reproduire ce texte (une Bible? en latin?) lettre à lettre à la manière d'un copiste? Et si c'est le cas, où peut-on trouver une transcription de cette page?
Et connaissez-vous d'autres exemples de reproduction de pages de texte (lisibles) dans un tableau?
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 14/04/2010 à 09h11
Le retable de l’Agneau mystique de la cathédrale Saint-Bavon de Gand, des frères Van Eyck, a été inauguré en 1432. En position ouverte, le retable figure plusieurs personnages, dont un Saint-Jean-Baptiste.
L’ouvrage Le retable de "L'agneau mystique" précise : « Au-dessus de sa bure en poil de chameau propre au prophète, il porte un manteau vert dont le bord est couvert de pierres précieuses symbolisant son état de gloire. Ses pieds nus rappellent sa vie ascétique d’ermite. Son index tendu est dirigé vers le Christ. Sur ses genoux, Jean porte un livre. Ce livre est ouvert à la première page de la prophétie du Deutéro-Isaïe qui commence par « Consolamini – Consolez, consolez mon peuple » et annonce la voix de celui qui crie dans le désert pour préparer la voie du Seigneur. Au début des Evangiles, cette prophétie est faite par Jean-Baptiste pour préparer la venue du Christ. On peut voir le mot « consolamini » dans le livre. »
Le mot lisible a pour fonction d’identifier le texte.
« Le polyptyque présente également un nombre surprenant de textes explicatifs, tant sur la surface peinte que sur les bordures. Il s’agit principalement de textes rédigés en latin, en inscription ou en banderole, et destinés à préciser la signification de certaines figures et scènes. »
Sur l’œuvre de Van Eyck : Hubert et Jan Van Eyck
Sur le Deutéro-Isaïe : Isaïe 40-55 ou le "Deutéro-Isaïe"
Ou encore : Le deuxième Isaïe
Autres exemples de texte « lisible » dans la peinture :
Dans l’ouvrage Les Saints : on peut relever :
Saint Basile, par Le Dominiquin, (1608-1610, conservé dans l’Abbaye de Grottaferrata, Italie), qui déplie un rouleau à l’écriture grecque
L’apparition de la Vierge à Saint Bernard, de Filippino Lippi (1486, à la Badia Fiorentina à Florence) : le livre devant le visage de la Vierge est identifié comme d’Evangile qui relate d’Annonciation de l’ange à Marie.
Saint Clément, de Giovanni di Paolo (vers 1482, conservé à Avignon, musée du Petit Palais)
(Il tient un livre ouvert, mais j’ignore si le texte est réellement déchiffrable)
L’Annonciation, de Matthias Grünewald (1515, conservé à Colmar, musée d’Unterlinden), où l’on voit l’Evangile ouvert devant Marie
De Gabriel Mälesskircher, un Saint Marc à son pupitre avec le symbole du lion, (1478) visuel
et l’Evangeliste Saint Matthieu (1478) visuel, tous deux conservés au Musée Thyssen-Bornemisza, à Madrid
La Vierge Marie avec Saint Thomas d’Aquin et Saint Paul, de Bernardo Daddi (1330, Los Angeles, J. Paul Getty Museum), où l’on voit Thomas d’Aquin offrant un livre ouvert au regard du spectateur.
Le triomphe de Saint Thomas, de Lippo Memmi (1363, Eglise Santa Caterina, Pise). Le texte est le suivant : “C’est la vérité que ma bouche proclame, le mal est abominable à mes lèvres” (proverbes, VIII, 7) et fait référence à la sagese inspirée de Saint Thomas d’Aquin.
Dans Le couronnement de la Vierge avec Saints, de Lorenzo Monaco (vers 1414, National Gallery de Londres) : « Benoît se trouve à l'extrême gauche, et sur le livre qu’il tient ouvert sont inscrits les premiers mots du Prologue de la Règle, qu’observent les camaldules, Bénédictins réformés. Dans sa main gauche il tient le bâton de bouleau qu'il utilise pour châtier les moines fautifs. À ses côtés siègent Saint Jean-Baptiste et Saint Matthieu avec son Evangile. » extrait de : Les « Primitifs » italiens , chapitre 2.2.38. : Lorenzo Monaco
Dans ce même document, au chapitre 3.2.11.3.1. : Le bon gouvernement, est mentionné l'oeuvre de Ambrogio Lorenzetti : Les effets du bon gouvernement sur la vie de la région (détail). (1338-1340.Fresque. Sienne, Palais Public)
Dans Le Nouveau Testament , on relève l’exemple suivant :
La Vierge Marie avec Saint Thomas d’Aquin et Saint Paul (vers 1330, Los Angeles, J. Paul Getty Museum). Dans le livre que tient la Vierge, « on déchiffre clairement les premiers mots du Magnificat, la prière prononcée par la Vierge Marie lors de la Visitation en réponse au salut d’Elisabeth. »
Dans L'art et l'écriture , on trouve le détail du tableau Saint Jérôme et Saint Jean Baptiste de Masolino ou un texte en latin est clairement lisible (In principio…)
Au XVIIe siècle, Nicolas Poussin peint deux versions des Bergers d’Arcadie. La deuxième version a été réalisée entre 1637 et 1638. Sur le tombeau est inscrit : « Et in Arcadia Ego ». Cette œuvre de Poussin et la portée de cette expression sont analysée dans l’ouvrage de Jean-Louis Vieillard-Baron qui vient de paraître : Et in Arcadia ego : Poussin ou l'immoratlité du Beau. (en cours d'acquisition à la Bibliothèque de Lyon)
DANS NOS COLLECTIONS :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter