Question d'origine :
Pendant la première guerre mondiale les soldats ont été appelés des "poilus".
Qui est à l'origine de ce mot ?
pendant ou après la guerre ?
Il existe un recueil de "lettres de poilus" dans lequel on trouve des textes écrits par des soldats allemands.
Comment étaient-ils appelés de l'autre côté du Rhin ?
L'équivalent de "poilus" ?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 17/12/2010 à 14h22
Nous avions proposé une première réponse , il ya quelques années déjà sur la signification de "poilus"
Poilus
Nous pouvons la compléter avec l’apport de la réédition de l’Argot de la guerre, d’Albert Dauzat ,paru pour la première fois en 1918:
"Les deux termes qui ont eu le plus de succès, qui ont conquis une renommée mondiale, et que la guerre a révélés au neuf dixièmes peut-être des Français, c’est le poilu et c’est le Boche,- les deux antagonistes.
Bien qu’il effarouche certains puristes, le poilu de la Marne et de Verdun restera campé dans l’histoire , à la suite du grognard d’Austerlitz et de la Moskowa. Ce n’est pas un dandy épris de beau langage ; il n’a pas fait la guerre en dentelles dans les tranchées, où on casse les glaçons de la soupe quand on ne s’enlize pas dans la boue ; mais il a sauvé Paris et la France. Et ce mot rude et réaliste le peint à merveille : car le poilu, ce n’est pas l’homme à la barbe inculte, qui n’ a pas le temps de se raser, -ce serait déjà pittoresque, - c’est beaucoup mieux : c’est l’homme qui a du poil au bon endroit- pas dans la mien !- symbole ancien de la virilité.
Poilu existe depuis un siècle au moins dans notre argot militaire.
[…]
Plus tard, et jusqu’à la veille de la guerre actuelle, il désigna, dans les casernes où prédominait l’élément parisien et faubourien , soit l’homme d’attaque qui n’a pas froid aux yeux, soit l’ « homme » tout court (on sait qu’à l’armée les soldats s’appellent officiellement les « hommes »).
[…]
Car le civil, depuis 1914, a donné une nouvelle valeur au mot : le poilu est désormais le soldat combattant ( qui s’oppose à l’ « embusqué »), le héros qui défend notre sol. »
p. 70 à 74
En ce qui concerne l’équivalent en allemand, selon Wikipedia:
« Poilus des autres nations ?
Dans les différents pays qui prirent part à la Première Guerre mondiale, les combattants reçurent aussi des surnoms. Aussi contrairement à une idée actuellement répandue en France, le terme « poilus » reste uniquement appliqué aux combattants français. En revanche chaque nation avait, à l’époque, un surnom équivalent pour ses propres soldats (à compléter) :
• Allemagne : Les Michel’s
• Angleterre : Tommies
• Belgique : Les Jass (Manteau imperméable en néerlandais)
• États-Unis : Doughboys, les Sammies
• Australie : Diggers (« ceux qui creusent »)
• Turquie : Mehmetçik (lire Méhmédtchique, littéralement 'petit Mehmet', allusion au nom du prophète Mahomet) »
On prendra cependant quelque distance avec cette interprétation. Il semble que cette figure corresponde plus à des représentations, de l’ordre de l’autodérision :
Cartes postales1914
On peut retrouver d’autres appellations du soldat allemand , comme le note par exemple Jean-Gabriel Santoni, dans :
Guerre et langage- l’argot des tranchées
« Mais en dehors de [I]Boche, on trouve également désignant le soldat allemand : Fritz (surnom de Frédéric le Grand, 1712-1786), Frisé, dérivé du précédent, Feldgrau (de la couleur de l’uniforme allemand), voire l’appellation Hun. »[/I]
Sur le site Cliotexte, on peut lire :
Dans les tranchées allemandes (17 oct. 1915)
" ma lettre je joins une carte postale aux armées d'un soldat français... Elle vient du portefeuille d'un Français tué. Il est des plus intéressants d'étudier la correspondance des Français tués ou prisonniers. Exactement comme chez nous revient aussi là-bas très souvent la question : Quand cela finira-t-il ?
À mon étonnement jamais je n'ai lu à vrai dire de remarques haineuses ou défavorables envers l'Allemagne ou les soldats allemands. Par contre dans beaucoup de lettres de leurs parents on parle de la ferme croyance en la justice de leur cause, comme en l'assurance de la victoire. Dans chaque lettre, mère, femme, fiancée, enfants, amis, dont les photographies étaient souvent jointes, espéraient un retour joyeux et prochain, et maintenant ils gisent tous là, morts et à peine enfouis entre les tranchées et au-dessus d'eux les balles sifflent et les obus chantent leur horrible chant de mort. Tant mieux pour ceux que nous, ou ceux d'en face, avons pu au moins enterrer à peu près décemment mais encore aujourd'hui il y a des lambeaux de corps humains dans les barbelés. Devant notre tranchée, il y a peu de temps, il y avait encore une main avec une alliance, à quelques mètres de là il y avait un avant-bras dont il ne restera finalement que les os. Que la chair humaine semble bonne pour les rats ! C'est affreux.
Qui ne connaît pas la terreur l'apprend ici... Si la nuit je vais seul par les tranchées et les sapes, ici et là on entend des bruits et à tout moment un soldat noir peut vous sauter à la gorge. Par une nuit d'encre c'est parfois réellement terrifiant; mais avec le temps je me suis habitué et je suis devenu aussi indifférent que nos "
Lettre de Hugo Müller (1892-1916).
*Terme populaire analogue à celui de " poilu " en France.Ce terme lansder que l’on retrouve à de nombreuses reprises nous paraîtrait plus proche de l’esprit de l’appellation « poilu ».
Definition du Dictionnaire, Weis/ Mattutat, Wöterbuch der französischen und deutschen Sprache, Ernst Klett Verlag Stuttgart, 1967 :
Pour confirmer cette hypothèse il faudrait sans doute parcourir des récits de soldats allemands. A vous de poursuivre la recherche :
Guerre mondiale 1914-1918 Récits personnels allemands
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