Question d'origine :
Cher Guichet,
dans son journal(dernières lignes du chapitre 29), la Marquise de La Tour du Pin "exprime sa conviction", en voyant le nouveau-né, que l'enfant de Napoléon ne pouvait pas être né le matin même.
La Marquise ne s'exprime pas davantage...mais sème le doute.
Sachant que la jeune impératrice Marie-Louise connut des couches très difficiles et que l'Empereur désirait absolument une descendance (raison de son divorce avec Joséphine) peut-on penser que son enfant serait décédé avant ou immédiatement après sa naissance et qu'on lui aurait substitué un autre bébé ?
Je n'avais jamais entendu évoquer une telle affaire ? Et vous cher Guichet , qu'en savez-vous ?
Je vous remercie et vous souhaite de très heureuses fêtes de fin d'année.
Jyscran
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 23/12/2008 à 14h33
Napoléon François Charles Joseph Napoléon (conformément à l'usage du Premier Empire, repris sous le Second, son nom patronymique était Napoléon et non Bonaparte), prince français,
Titré roi de Rome à sa naissance, duc de Reichstadt à partir de 1818, et empereur des Français du 4 avril au 6 avril 1814 et du 22 juin au 7 juillet 1815 (son père ayant abdiqué en 1814 puis en 1815).
Les rumeurs allaient déjà bon train avant la naissance de L’Aiglon :
« Beaucoup de personnes avaient douté de la grossesse de Marie Louise. Quelques unes la croyaient feinte ; je n’ai jamais pu concevoir les sots raisonnements que ces personnes firent à ce sujet, et que la malveillance cherchait à répandre dans le public. Mais ce qu’il y a de singulier, et ce qui prouve que c’était, chez le plus grand nombre de ces personnes, mauvaise foi et niaiserie, c’est que d’une part on accusait l’empereur de libertinage, on lui supposait gratuitement un bon nombre d’enfants naturels, et, de l’autre, on le croyait incapable de rendre mère une jeune princesse de dix-neuf ans. La haine fausse aussi le jugement… »
L’accouchement de Marie Louise :
« La grossesse de Marie Louise avait été exempte d’accident et promettait une heureuse délivrance…Le 19 mars à sept heures du soir, l’impératrice sentit les premières douleurs. Dès ce moment tout le palais fut en émoi. On fit part de cette nouvelle à l’empereur ; il envoya tout de suite chercher M. Dubois, qui demeurait au château depuis quelques temps, et dont les soins étaient si précieux en cette circonstance. Toute la maison particulière de l’impératrice, ainsi que madame de Montesquiou, était dans l’appartement. L’empereur, sa mère, ses sœurs, MM. Corvisard, Bourdier, Ivan, étaient dans un salon voisin.
L’empereur entrait fréquemment, encourageant sa jeune épouse. Dans l’intérieur du palais, l’attente était vive, passionnée, bruyante. C’était à qui aurait la première nouvelle de l’accouchement.
Les douleurs, qui avaient été faibles pendant la nuit se calmèrent tout à fait à cinq heures du matin. M. Dubois, ne voyant rein qui annonçât un accouchement prochain, le dit à l’empereur, qui renvoya tout le monde, et alla se mettre au bain.
L’anxiété qu’il éprouvait lui avait rendu nécessaire ce moment de repos ; il était tout ému. Il me dit combien l’impératrice souffrait : «mais, ajouta-t-il, elle était pleine de force et de courage ».
L’impératrice, accablée de fatigue, dormit quelques instants. De vives douleurs l’éveillèrent, elles augmentèrent toujours, sans amener la crise exigée par la nature, et M. Dubois acquit la triste certitude que l’accouchement serait difficile et laborieux. Il y avait à peine un quart d’heure que sa Majesté était au bain, lorsqu’il se fait annoncer et entre dans l’appartement, la figure toute décomposée. Il dit à l’empereur que sur mille accouchements, un seul se présentait comme celui de l’impératrice ; qu’il craignait de ne pouvoir sauver la mère en même temps que l’enfant. « Allons donc, dit l’empereur, ne perdez pas la tête, M. Dubois ; sauvez la mère, ne pensez qu’à la mère. Je vous suis. » L’empereur sortit précisément du bain, me laissant à peine le temps de l’essuyer. Il passa sa robe de chambre, et descendit. Je sus qu’il embrassa tendrement l’impératrice, lui recommanda de prendre courage, et lui tint la main pendant quelque temps. Mais ne pouvant résister à son émotion, il se retira dans un salon voisin, et là, prêtant l’oreille au moindre bruit, tremblant de crainte, il passa un quart d’heure dans des angoisses cruelles. Il fallut employer les ferrements. Marie- Louise s’en aperçut, et dit avec une douloureuse amertume : « Parce que je suis impératrice, faut-il donc me sacrifier ? » Madame de Montesquiou, qui lui tenait la tête, lui dit : « courage, madame ; j’ai passé par là, je vous assure que vos précieux jours ne sont pas en danger. »
Le travail dura vingt-six minutes, et fut très douloureux. L’enfant s’était présenté par les pieds ; il fallut de grands efforts pour lui dégager la tête. L’empereur attendait dans le cabinet de toilette, pâle comme la mort, et paraissant hors de lui. Enfin l’enfant vint au monde. L’empereur alors se précipita dans la chambre, embrassa l’impératrice aves une extrême tendresse, sans même jeter un regard sur l’enfant, que l’on croyait mort. En effet il resta sept minutes sans donner aucun signe de vie. On lui souffla quelques gouttes d’eau de vie dans la bouche ; on le frappa légèrement du plat de la main sur tout le corps, on le couvrit de serviettes chaudes. Enfin, il poussa un cri… (Extrait de : Mémoires intimes de Napoléon Ier par Constant son valet de chambre.
On ne pouvait guère s’attendre à des révélations scandaleuses de la part d’un fidèle serviteur de Napoléon. Cependant, dans les nombreux ouvrages que nous avons consultés, où les circonstances de l’accouchement sont relatées de façon identique, aucune indication ne corrobore les impressions de la marquise de la Tour du Pin.
Au demeurant ,elle ne fait part de cette « intime conviction » qu’à son mari, dit-elle et précisons le, elle assiste à l’ondoiement de l’enfant à 9 heures du soir, en essayant d’être sur le bord du passage de l’enfant…Mais...
« les salons étaient pleins de tout le monde de l’empire, hommes et femmes ».
InMémoires de la Marquise de la Tour Du Pin
Ouvrages consultés :
Marie Louise, l’otage de Napoléon par Geneviève Chastenet. (« napoléon-François-joseph-Charles entre dans la vie avec neuf livres et cinquante et un centimètres »).
Le Roi de Rome par Gilbert Martineau.
Le fils de Napoléon, Roi de Rome, Prince de parme, Duc de Reichstadt par Jean de Bourgoing.
Le Duc de Reichstadt par Guillaume-Isidore de Montbel.
Histoire de Napoléon II, roi de rome par Jules de saint Félix.
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