Question d'origine :
A l‘entrée de chaque pont de Paris sur la Seine on peut relever l’apposition de quelques carreaux de mosaïque colorés (une dizaine de carreaux de 1 cm2) avec forme géométrique différente à chaque fois : quel en est la signification ?
Leur apposition est contemporaine et postérieure à l’édification du pont. Il y a une seule apposition par pont, au début du parapet, mais de manière aléatoire, soit rive droite, soit rive gauche, soit du côté droit, soit du côté gauche !
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 19/04/2012 à 11h43
Cher François Guizot,
votre oeil de lynx aiguisé vous aura permis, au cours de vos déambulations parisiennes, de découvrir les oeuvres de l'artiste plasticien Jérôme GULON, dont voici une courte biographie :
"formé à l’Université Paris I puis aux Beaux-Arts de Paris où il a suivi le cours de Riccardo Licata, la démarche singulière et très contemporaine de Jérôme Gulon rapproche mosaïque, architecture, urbanisme et nature. Elle s’est notamment concrétisée par la mise en place d’une vingtaine de « parcours mosaïques » disséminés au sein de paysages urbains, en particulier à Paris et en 2007 à Paray-le- Monial. Professeur d’arts plastiques à Paris, il est également intervenant à l’OKHRA à Rousillon dans le Lubéron."
Laissons à présent la parole à l'artiste : (prenez votre souffle)
"En 1986 lorsque j’ai abordé la pratique de la mosaïque, j’ai constaté qu’elle était passée à côté des fantastiques innovations des avant –gardes qui avaient bousculé le champ des arts plastiques dans le courant du XXème siècle. Mes recherches depuis n’ont cessé d’interroger ce médium, de développer les concepts et les potentialités expressives latentes qu’il contenait en les croisant avec ceux mis en jeu dans l’art contemporain, dans l’art vivant d’aujourd’hui. Ainsi ai-je pris des distances par rapport à une mosaïque plus ou moins soumise à la peinture, abandonnant tout poncif ou carton peint, laissant parler la matière de façon directe. Dans la première période dite baroque j’expérimente et mets à l’épreuve une transversalité des techniques et une diversification des matériaux. Les marbres, granites, émaux et pâtes de verre d’usage traditionnel côtoient le métal, le bois, la céramique, des matériaux de récupération en tous genres ainsi que la fresque, la gravure, la photographie etc. J’établis un lien entre mosaïque et l’art cinétique développé dans les années 60-70 et réalise les premières mosaïques « autoportées ». J’utilise ensuite, dans mes fontaines ruisselantes, l’eau comme élément plastique à part entière, le substituant à tout autre vernis artificiel visant à modifier la vivacité des couleurs, la brillance, l’intensité des valeurs, le mouvement. L’eau est ensuite remplacée par un polissage de la mosaïque nécessitant l’invention et la mise au point de techniques particulières, adaptées à des matériaux à la fois résistants et fragiles tels que la pâte de verre. Durant la période des « Monochrome », je supprime toute représentation, toute figure. Le sujet de la mosaïque est alors la mosaïque même. Dans la série des « chiffres », je porte alors mon attention sur le module constituant toute mosaïque, c’est-à-dire la tesselle en tant qu’élément singulier, unique. Prenant comme support des ardoises, je réalise une suite dont la première pièce est une mosaïque sans tesselle, la seconde est une mosaïque composée d’une seule tesselle, puis deux, puis trois, puis quatre, ainsi jusqu’à quarante. Chaque « nombre » voit apparaître la formation d’un signe. Les différentes combinaisons d’agencement de trois tesselles offrent déjà vingt-sept possibilités !
Voulant aller encore plus loin dans ce questionnement sur ce qu’est la mosaïque dans son essence, je réalise un travail à partir des interstices séparant chaque tesselle, rendant manifeste et tangible chacun des vides, chacune des limites qui forme le réseau graphique propre à toute mosaïque.
Depuis 1995 des « PARCOURS MOSAÏQUE », interrogent la relation de la mosaïque à l’architecture, à l’urbanisme, à l’environnement, à la mémoire ainsi que le rapport entretenu entre art et politique, art et société. Chaque parcours étant différent et singulier, il obéit à un concept particulier, dans un temps et un espace qui lui est propre. De petites mosaïques sont ainsi disséminées dans différents lieux. Leur pose « sauvage » ou avec autorisation ne vise pas davantage l’envahissement que l’appropriation d’un quelconque territoire et se caractérise par une certaine discrétion.
Parallèlement à ces « Parcours » je mets en lien la mosaïque avec l’art numérique et internet par des œuvres interactives et évolutives."
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