Question d'origine :
Bonjour,
la graphologie est elle pour vous une discipline vraiment valable ?
L'étude de l'écriture d'une personne peut elle nous renseigner sur des choses réelles ?
Qu'en est il si la personne se force à écrire d'une autre manière ?
A bientôt
Réponse du Guichet
gds_ah
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 26/04/2012 à 12h16
Bonjour,
Un article de Wikipedia donne une définition de la graphologie, tout en soulignant l’absence de validité de cette pratique en tant que science :
La graphologie est une technique d'analyse de l'écriture qui vise à déduire systématiquement des caractéristiques psychologiques de la personnalité d’un individu à partir de l’observation de son écriture manuscrite. (…)
La grande majorité des études contrôlées ne démontrent pas la validité de la graphologie, elle est généralement considérée comme une pseudo-science.
(…)
La principale école de graphologie en France n’est pas reconnue : « La Société française de graphologie (SFDG), qui commercialise des formations de graphologie pouvant faire l'objet d'une convention et être prises en charge au titre du DIF, est reconnue d'utilité publique depuis 1971 et l'est encore en septembre 2011Il est à noter que cette école, qui a longtemps été associée à l'École d'anthropologie et qui publiait ses livres chez les grands éditeurs scientifiques (Presses universitaires de France, Payot, etc.), se réclame des sciences humaines. Cependant, les psychologues universitaires comme R. Bayne et F. O'Neill s'accordent sur la non-scientificité de ces méthodes. »
Le diplôme de Graphologie n'est pas reconnu par les autorités compétentes en matière d'enseignement en France, en Belgique et en Suisse. (…)
La première contribution majeure visant à cerner les assises scientifiques de la graphologie est celle d’Alfred Binet en 1906. Bien que la graphologie ait eu à ses débuts quelques soutiens dans la communauté scientifique, par exemple Fluckinger, Tripp et Weinberg (1961), Lockowandt (1976) et Nevo (1986), les résultats de la plupart des récentes enquêtes sur sa capacité à déterminer la personnalité et les performances professionnelles ont été moins concluantes.
L’ouvrage Ecriture et personnalité : approche critique de la graphologie réfute la possibilité que la graphologie soit une science à part entière :
« Alors que la science s’attache à une description de phénomènes aussi précise et aussi objective, c’est-à-dire indépendante de la subjectivité de l’observateur, que possible, la graphologie se complaît dans des attitudes parfois même davantage, ce qu’elle suggère que ce qu’elle est : un ensemble de paramètres spatiaux et, éventuellement, temporels. Les quelques graphologues qui ont proposé de décrire l’écriture de manière systématique et rigoureuse n’ont pas été entendus et ils ont été marginalisés ; Les graphologues prétendent décrire la personnalité, mais ils font fi de la psychologie objective de la personnalité qui pourtant fournit des cadres descriptifs éprouvés. Ils préfèrent utiliser la psychologie du sens commun en lui donnant une forme littéraire, des constructions typologiques schématiques et arbitraires ou encore des théories spéculatives. Bref, ils prennent dans la psychologie ce qu’il y a de plus contestable. » (page 245)
L’ouvrage en question expose les résultats d’études faites sur la corrélation entre l’écriture d’une personne et sa personnalité. Ces derniers ne sont pas probants :
« Il est fort possible, comme le suggèrent les études sur les malades mentaux, que dans certains cas bien particuliers l’écriture puissent permettre des pronostics relativement satisfaisants sur la personnalité des sujets, mais cette zone potentielle de validité de la graphologie reste à définir. Par contre les diverses synthèses réalisées par Dean, portant sur les résultats d’expériences conduites auprès de sujets normaux, ont clairement montré que la validité de la graphologie était très faible. La méta-analyse de Dean a porté sur cent sept études publiées entre 1905 et 1991 ; au cours de ces études six mille cent échantillons d’écriture ont été examinés par deux cents graphologues (…) »
En conclusion, pour répondre à vos trois questions interdépendantes les unes des autres, la graphologie, selon les études mentionnées ci-dessus, n’est pas une discipline valable, même s’il existe de nombreux ouvrages à son sujet, témoignant de sa popularité.
Si la graphologie n’est pas une science reconnue, elle ne peut pas nous renseigner sur des choses réelles, ou alors sa méthodologie doit être reconsidérée, avec l’appui d’un plus grand nombre de psychologues.
Votre dernière question, qui consiste à savoir ce qui se passe si une personne se force à écrire d’une autre manière, a déjà une réponse : dans la mesure où la graphologie n’est pas une discipline scientifique, cette dernière question n’a plus lieu d’être posée. Nous pouvons toutefois la relier au fait que l’écriture d’une personne change au cours de sa vie. Certains auteurs comme Denise de Castilla disent que « comme nous, notre écriture évolue tout au long de notre vie » (page 87).
Ouvrages consultés :
Ecriture et personnalité : approche critique de la graphologie / Michel Huteau (Paris, Dunod, 2004)
La graphologie : les révélations de l'écriture d'après un contrôle scientifique : 1906 / Alfred Binet; avec une introd. de Serge Nicolas (Paris, L'Harmattan, 2004)
La graphologie démystifiée / Claire Moreau (Paris, Vuibert, 2002)
La graphologie / Denise de Castilla (Paris, Le Cavalier bleu, 2001)
Liste des résultats sur la graphologie ou la Psychologie de l’écriture, trouvée dans le catalogue de la Bibliothèque municipale de Lyon.
A titre indicatif, voici le site de la Société française de graphologie.
Un article de Wikipedia donne une définition de la graphologie, tout en soulignant l’absence de validité de cette pratique en tant que science :
La graphologie est une technique d'analyse de l'écriture qui vise à déduire systématiquement des caractéristiques psychologiques de la personnalité d’un individu à partir de l’observation de son écriture manuscrite. (…)
La grande majorité des études contrôlées ne démontrent pas la validité de la graphologie, elle est généralement considérée comme une pseudo-science.
(…)
La principale école de graphologie en France n’est pas reconnue : « La Société française de graphologie (SFDG), qui commercialise des formations de graphologie pouvant faire l'objet d'une convention et être prises en charge au titre du DIF, est reconnue d'utilité publique depuis 1971 et l'est encore en septembre 2011Il est à noter que cette école, qui a longtemps été associée à l'École d'anthropologie et qui publiait ses livres chez les grands éditeurs scientifiques (Presses universitaires de France, Payot, etc.), se réclame des sciences humaines. Cependant, les psychologues universitaires comme R. Bayne et F. O'Neill s'accordent sur la non-scientificité de ces méthodes. »
Le diplôme de Graphologie n'est pas reconnu par les autorités compétentes en matière d'enseignement en France, en Belgique et en Suisse. (…)
La première contribution majeure visant à cerner les assises scientifiques de la graphologie est celle d’Alfred Binet en 1906. Bien que la graphologie ait eu à ses débuts quelques soutiens dans la communauté scientifique, par exemple Fluckinger, Tripp et Weinberg (1961), Lockowandt (1976) et Nevo (1986), les résultats de la plupart des récentes enquêtes sur sa capacité à déterminer la personnalité et les performances professionnelles ont été moins concluantes.
L’ouvrage Ecriture et personnalité : approche critique de la graphologie réfute la possibilité que la graphologie soit une science à part entière :
« Alors que la science s’attache à une description de phénomènes aussi précise et aussi objective, c’est-à-dire indépendante de la subjectivité de l’observateur, que possible, la graphologie se complaît dans des attitudes parfois même davantage, ce qu’elle suggère que ce qu’elle est : un ensemble de paramètres spatiaux et, éventuellement, temporels. Les quelques graphologues qui ont proposé de décrire l’écriture de manière systématique et rigoureuse n’ont pas été entendus et ils ont été marginalisés ; Les graphologues prétendent décrire la personnalité, mais ils font fi de la psychologie objective de la personnalité qui pourtant fournit des cadres descriptifs éprouvés. Ils préfèrent utiliser la psychologie du sens commun en lui donnant une forme littéraire, des constructions typologiques schématiques et arbitraires ou encore des théories spéculatives. Bref, ils prennent dans la psychologie ce qu’il y a de plus contestable. » (page 245)
L’ouvrage en question expose les résultats d’études faites sur la corrélation entre l’écriture d’une personne et sa personnalité. Ces derniers ne sont pas probants :
« Il est fort possible, comme le suggèrent les études sur les malades mentaux, que dans certains cas bien particuliers l’écriture puissent permettre des pronostics relativement satisfaisants sur la personnalité des sujets, mais cette zone potentielle de validité de la graphologie reste à définir. Par contre les diverses synthèses réalisées par Dean, portant sur les résultats d’expériences conduites auprès de sujets normaux, ont clairement montré que la validité de la graphologie était très faible. La méta-analyse de Dean a porté sur cent sept études publiées entre 1905 et 1991 ; au cours de ces études six mille cent échantillons d’écriture ont été examinés par deux cents graphologues (…) »
En conclusion, pour répondre à vos trois questions interdépendantes les unes des autres, la graphologie, selon les études mentionnées ci-dessus, n’est pas une discipline valable, même s’il existe de nombreux ouvrages à son sujet, témoignant de sa popularité.
Si la graphologie n’est pas une science reconnue, elle ne peut pas nous renseigner sur des choses réelles, ou alors sa méthodologie doit être reconsidérée, avec l’appui d’un plus grand nombre de psychologues.
Votre dernière question, qui consiste à savoir ce qui se passe si une personne se force à écrire d’une autre manière, a déjà une réponse : dans la mesure où la graphologie n’est pas une discipline scientifique, cette dernière question n’a plus lieu d’être posée. Nous pouvons toutefois la relier au fait que l’écriture d’une personne change au cours de sa vie. Certains auteurs comme Denise de Castilla disent que « comme nous, notre écriture évolue tout au long de notre vie » (page 87).
Ouvrages consultés :
Ecriture et personnalité : approche critique de la graphologie / Michel Huteau (Paris, Dunod, 2004)
La graphologie : les révélations de l'écriture d'après un contrôle scientifique : 1906 / Alfred Binet; avec une introd. de Serge Nicolas (Paris, L'Harmattan, 2004)
La graphologie démystifiée / Claire Moreau (Paris, Vuibert, 2002)
La graphologie / Denise de Castilla (Paris, Le Cavalier bleu, 2001)
Liste des résultats sur la graphologie ou la Psychologie de l’écriture, trouvée dans le catalogue de la Bibliothèque municipale de Lyon.
A titre indicatif, voici le site de la Société française de graphologie.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter