Question d'origine :
Cher Guichet du Savoir,
j'ai deux questions à te soumettre:
Peut-on éduquer un enfant sans autorité? Pourquoi obéissons-nous?
Merci pour tes réponses toujours pertinentes
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 03/05/2012 à 13h20
Bonjour,
Pour cerner votre sujet, il faudra vous interroger tout à la fois sur les notions d’autorité, d’éducation et d’obéissance … et donc commencer par consulter les articles publiés dans l’Encyclopedia Universalis (consultable dans les Bibliothèques du réseau BML) .
Ainsi, l’article "Famille. Le statut de l’enfant dans la famille" écrit par François de Singly aborde les différentes tendances de l’éducation et explique, entre autres, le processus de remise en cause de l’éducation par l’autorité.
Les idées des pédagogies nouvelles s'imposent progressivement dans les années 1960. L'enfant est écouté, le droit lui reconnaît ce droit à la parole dans les affaires le concernant. Il s'exprime, même lorsqu'il ne peut pas parler. En effet, ses pleurs, ses colères deviennent significatifs. Ils ne sont plus a priori des caprices auxquels il est inutile de prêter attention. Ils peuvent dire quelque chose, et les parents doivent alors comprendre ce langage. Cette croyance en l'existence d'un message émis par l'enfant est une nouveauté historique. Elle prolonge l'invention du sentiment de l'enfance (Ph. Ariès, 1960). Le très jeune enfant n'est plus un « petit animal », il a déjà, contenue en lui, sa nature propre, son originalité. Il s'agit dès lors que les parents l'aident à devenir lui-même, et non plus un être raisonnable, socialisé au sens classique du terme.
En France, un personnage a joué un rôle décisif dans la diffusion de cette nouvelle croyance, par son œuvre, par ses interventions à la radio, par la complexité de son identité (femme pouvant passer d'un rôle de spécialiste, de lacanienne, à celui de grand-mère douée d'expérience, ou encore à celui de chrétienne) : Françoise Dolto.
Pour autant ce courant de pensée n’est pas sans inquiéter de nombreux penseurs pour qui l’enfant aurait dans la famille, comme dans le reste de la société, une place qui ne serait pas la sienne ? À en croire le titre d'un ouvrage récent – L'Enfant chef de famille (2003) – de Daniel Marcelli, pédopsychiatre reconnu, on pourrait le craindre puisqu'il serait devenu « roi ». Il est vrai que le père, en France, a perdu une part de son autorité depuis le mouvement de mai 1968 qui condamnait toutes les manifestations de pouvoir, et depuis la loi de juin 1970, qui supprima la puissance paternelle en faisant bénéficier la femme de « l'autorité parentale ». La thèse de l'enfant-roi dépasse ce constat en affirmant que l'enfant a profité des changements pour se glisser dans la place libérée et pour imposer ses quatre volontés aux adultes qui s'occupent de lui..
L’auteur remet en cause un tel raisonnement et démontre que la reconnaissance des droits de l’enfant ne conduit pas forcément à une mise à mal des normes sociales. Bien au contraire, puisque selon François de Singly, l'accent mis sur l'autonomie a pour contrepartie logique la dévalorisation de l'obéissance. L'enfant apprend à construire un monde et à vivre dedans. Le père et la mère ne peuvent donc pas limiter leur travail à l'exigence de l'obéissance, qualité qui pouvait résumer antérieurement le rapport de l'enfant à ses parents. Progressivement, en Occident, la place de l'obéissance diminue dans la hiérarchie des qualités demandées pour les enfants (D. F. Alwin, 1988). … Comme le comportement de l'individu n'est plus défini en priorité par l'obéissance dans sa vie professionnelle, il n'est plus nécessaire de maintenir l'obéissance à la même place dans l'éducation.
La baisse de l'obéissance enfantine traduit, certes, une baisse de l'autorité parentale. Cela ne signifie pas une démission du père ou de la mère. Ces derniers ont un rôle d'accompagnateur, d'interprète qui exige nettement moins des manifestations d'autorité. Sur ce point encore, d'un constat juste – la diminution de l'autorité parentale mise en œuvre –, est inutilement tiré un signal d'alarme : les enfants manqueraient d'autorité et donc de repères. Ces frayeurs ne sont pas fondées.
Le fait que l'enfant ait moins à obéir à des règles émises par ses parents n'est pas nécessairement une marque de déclin éducatif. Les jeunes ont affaire à d'autres formes d'autorité, moins personnelle, véhiculée par les machines et les équipements. Et la vie commune repose de plus en plus sur des principes discutés...
Dans un même temps, dans Une histoire de l'autorité Permanences et variations Gérard Mendel s’interroge sur ce qu’est l’autorité et note que la notion d’autorité n’est pas évidente.
Pour Gérard Mendel, elle impose le détour par l'histoire. Tel est le premier propos de ce livre ambitieux, où l'auteur met en évidence, de l'Inde à l'Afrique, de l'Antiquité aux Temps modernes, un socle anthropologique commun : pour prendre en charge les peurs primaires de la vie, chaque société a interposé, lors des socialisations de l'enfance, la médiation d'une autorité protectrice, au prix de l'obéissance volontaire. Mais les formes de cette médiation ont beaucoup varié : dans les sociétés traditionnelles, la communauté exerce une autorité de type parental ; dans les sociétés des Temps modernes, c'est la figure du père qui incarne l'autorité. Aujourd'hui, en Occident, à l'heure du déclin de la société patriarcale, ni la communauté ni le père ne permettent plus d'apprivoiser suffisamment nos peurs archaïques, et c'est l'une des raisons profondes de la crise de l'autorité. Mais on ne reviendra pas en arrière. Ce serait alors à la démocratie de socialiser un peu plus l'éternelle enfance dans l'homme, ses peurs et sa fuite devant le réel -- une enfance qui, heureusement, est aussi à la source de toute création.
Pour approfondir cette notion d’autorité, puis de l’usage ou non de l’autorité dans l’éducation, nous vous suggérons :
* L'autorité / Ariane Bilheran ; direction de Jean-Louis Pedinielle, 2009 : Après un rappel des définitions de l'autorité et de ses champs d'intervention, l'auteur interroge et explore les diverses pathologies de la "crise" contemporaine de l'autorité (famille, école, politique, société) et éclaire les mécanismes psychologiques en cause. Pour finir, des perspectives thérapeutiques sont proposées.
* Qu'est-ce que l'autorité ? / Jean-Pierre Cléro, 2007 : Questionnement de la notion d'autorité dans ses dimensions politiques et subjectives, et examen des rapports fondamentaux entre cette notion et l'individu. En vue de déterminer si la notion est constitutive de la société humaine.
* L'autorité / Ariane Bilheran ; direction de Jean-Louis Pedinielle, 2009 : Après un rappel des définitions de l'autorité et de ses champs d'intervention, l'auteur interroge et explore les diverses pathologies de la "crise" contemporaine de l'autorité (famille, école, politique, société) et éclaire les mécanismes psychologiques en cause. Pour finir, des perspectives thérapeutiques sont proposées.
* Cause toujours !: à quoi on obéit quand on désobéit / Eric Trappeniers et Alain Boyer, 2006 : Pourquoi certains enfants désobéissent-ils à leurs parents systématiquement ? Rien n'y fait : ni les injonctions, ni les punitions, ni les tentatives de séduction. Et que peuvent faire les parents quand ils sont confrontés à un tel casse-tête ? Ce livre, écrit de façon vivante et claire, s'efforce de répondre à ces questions. Derrière la figure familière du gamin qui n'en fait qu'à sa tête se dévoile un paysage beaucoup plus complexe. Obéissance n'est pas soumission, autorité n'est pas pouvoir, et désobéir revient parfois à obéir à une injonction cachée...
Vous pourrez néanmoins noter que l’usage de l’autorité est de plus en plus prôné dans l’éducation :
* Les problèmes d'autorité avec l'enfant et l'adolescent / Francis Ancibure et Marivi Galan Ancibure; préface de Jean-Pierre Rosencveig, 2011 : Une des plaintes majeures de l'adulte en charge d'éducation concerne le défaut d'autorité et le refus que l'enfant ou l'adolescent exprime par la crise d'indiscipline ou le passage à l'acte parfois associé à l'agression. Il serait cependant inexact d'affirmer que les jeunes récusent l'autorité.
* L'autorité parentale et la loi : droits et devoirs des parents / Laurent Delprat, 2006 : L'autorité parentale est-elle en crise ? Cette question sensible paraît plus que jamais d'actualité, notamment avec les émeutes survenues récemment dans les banlieues. Le rôle des parents est souvent évoqué comme un enjeu majeur de notre société présente et future. Il est donc important de savoir ce que disent la loi et la jurisprudence à ce sujet…
* L'autorité en éducation: sortir de la crise / Gérard Guillot, 2006 : Beaucoup d'enseignants ou d'éducateurs, débutants ou expérimentés, rencontrent des problèmes d'autorité. L'auteur montre que la crise de l'autorité éducative est liée à une profonde mutation du rapport au temps et à la difficulté d'être adulte dans une société du spectacle et de l'immédiateté, centrée sur l'adolescence. Il met en relation la réflexion sur les principes avec des exemples concrets.
* Parents, osez vous faire obéir ! / Docteur Stéphane Clerget et Bernadette Costa-Prades.
Une fois cette réflexion menée, vous pourrez alors disserter sur le pourquoi de l’obéissance, cette légitimation de l’autorité et prendre en compte, dans un même temps, les mouvements prônant la désobéissance comme les indignés ou l’ouvrage très médiatisé de Stephane Hessel. Pour alimenter votre dissertation sur ce dernier point, voici quelques références :
* Il est permis d'obéir : l'obéissance n'est pas la soumission / Daniel Marcelli, 2009 : Se fondant sur une série d'exemples, D. Marcelli distingue autorité et autoritarisme, pouvoir et contrainte, obéissance à l'autorité et soumisson à un pouvoir par la contrainte ou la séduction. Il explique ainsi que l'autorité véritable s'établit sur une relation de confiance. Il fournit ainsi des conseils sur l'éducation des enfants et des adolescents.
* La désobéissance: un moteur d'évolution / Valérie Le Héno, 2011 : De Socrate à Aung San Suu Kyi en passant par Jésus, Mohandas Gandhi, Martin Luther King ou bien encore José Bové, toutes ces personnes ont un point commun : celui d'avoir un jour choisi de désobéir à l'ordre établi. Sur la base de nombreux exemples empruntés à l'Histoire, approches philosophique et théorique de la notion de désobéissance et réflexion sur cette dernière comme moteur d'évolution
* Pourquoi désobéir en démocratie ? / Sandra Laugier, Albert Ogien, 2010 : Une analyse du sens politique de la désobéissance à partir d'actes de désobéissance civile concrets.
* La désobéissance civile: approches politique et juridique / édité par David Hiez, Bruno Villalba, 2008 : En mobilisant les différents champs des sciences politiques et juridiques, cet ouvrage permet d'évaluer l'impact de la désobéissance civile dans la société et les institutions. Il fait le bilan des questionnements suscités par ce phénomène récurrent, ouvre de nouveaux champs d'investigation et tente d'établir le rapport dialectique qui existe entre l'obéissance et la désobéissance.
* La désobéissance civile: "du devoir de désobéissance civique" / Henry-David Thoreau; trad., notes et postface de Jean-Pierre Cattelain, 2007.
*
Désobéissance civile et démocratie / Howard Zinn; traduit de l'anglais par Frédéric Cotton; préface de Jean-Luc Chappey, 2010 : Notre manière de penser est une question de vie ou de mort. Si ceux qui tiennent les rênes de la société se montrent capables de contrôler nos idées, ils sont assurés de rester au pouvoir. Nul besoin de soldats dans les rues. Nous nous contrôlerons nous-mêmes. Notre ordre social résulte d'un processus de sélection au cours duquel certaines idées sont promues par le biais de puissantes machines culturelles.
Bon travail.
Pour cerner votre sujet, il faudra vous interroger tout à la fois sur les notions d’autorité, d’éducation et d’obéissance … et donc commencer par consulter les articles publiés dans l’Encyclopedia Universalis (consultable dans les Bibliothèques du réseau BML) .
Ainsi, l’article "Famille. Le statut de l’enfant dans la famille" écrit par François de Singly aborde les différentes tendances de l’éducation et explique, entre autres, le processus de remise en cause de l’éducation par l’autorité.
Les idées des pédagogies nouvelles s'imposent progressivement dans les années 1960. L'enfant est écouté, le droit lui reconnaît ce droit à la parole dans les affaires le concernant. Il s'exprime, même lorsqu'il ne peut pas parler. En effet, ses pleurs, ses colères deviennent significatifs. Ils ne sont plus a priori des caprices auxquels il est inutile de prêter attention. Ils peuvent dire quelque chose, et les parents doivent alors comprendre ce langage. Cette croyance en l'existence d'un message émis par l'enfant est une nouveauté historique. Elle prolonge l'invention du sentiment de l'enfance (Ph. Ariès, 1960). Le très jeune enfant n'est plus un « petit animal », il a déjà, contenue en lui, sa nature propre, son originalité. Il s'agit dès lors que les parents l'aident à devenir lui-même, et non plus un être raisonnable, socialisé au sens classique du terme.
En France, un personnage a joué un rôle décisif dans la diffusion de cette nouvelle croyance, par son œuvre, par ses interventions à la radio, par la complexité de son identité (femme pouvant passer d'un rôle de spécialiste, de lacanienne, à celui de grand-mère douée d'expérience, ou encore à celui de chrétienne) : Françoise Dolto.
Pour autant ce courant de pensée n’est pas sans inquiéter de nombreux penseurs pour qui l’enfant aurait dans la famille, comme dans le reste de la société, une place qui ne serait pas la sienne ? À en croire le titre d'un ouvrage récent – L'Enfant chef de famille (2003) – de Daniel Marcelli, pédopsychiatre reconnu, on pourrait le craindre puisqu'il serait devenu « roi ». Il est vrai que le père, en France, a perdu une part de son autorité depuis le mouvement de mai 1968 qui condamnait toutes les manifestations de pouvoir, et depuis la loi de juin 1970, qui supprima la puissance paternelle en faisant bénéficier la femme de « l'autorité parentale ». La thèse de l'enfant-roi dépasse ce constat en affirmant que l'enfant a profité des changements pour se glisser dans la place libérée et pour imposer ses quatre volontés aux adultes qui s'occupent de lui..
L’auteur remet en cause un tel raisonnement et démontre que la reconnaissance des droits de l’enfant ne conduit pas forcément à une mise à mal des normes sociales. Bien au contraire, puisque selon François de Singly, l'accent mis sur l'autonomie a pour contrepartie logique la dévalorisation de l'obéissance. L'enfant apprend à construire un monde et à vivre dedans. Le père et la mère ne peuvent donc pas limiter leur travail à l'exigence de l'obéissance, qualité qui pouvait résumer antérieurement le rapport de l'enfant à ses parents. Progressivement, en Occident, la place de l'obéissance diminue dans la hiérarchie des qualités demandées pour les enfants (D. F. Alwin, 1988). … Comme le comportement de l'individu n'est plus défini en priorité par l'obéissance dans sa vie professionnelle, il n'est plus nécessaire de maintenir l'obéissance à la même place dans l'éducation.
La baisse de l'obéissance enfantine traduit, certes, une baisse de l'autorité parentale. Cela ne signifie pas une démission du père ou de la mère. Ces derniers ont un rôle d'accompagnateur, d'interprète qui exige nettement moins des manifestations d'autorité. Sur ce point encore, d'un constat juste – la diminution de l'autorité parentale mise en œuvre –, est inutilement tiré un signal d'alarme : les enfants manqueraient d'autorité et donc de repères. Ces frayeurs ne sont pas fondées.
Le fait que l'enfant ait moins à obéir à des règles émises par ses parents n'est pas nécessairement une marque de déclin éducatif. Les jeunes ont affaire à d'autres formes d'autorité, moins personnelle, véhiculée par les machines et les équipements. Et la vie commune repose de plus en plus sur des principes discutés...
Dans un même temps, dans Une histoire de l'autorité Permanences et variations Gérard Mendel s’interroge sur ce qu’est l’autorité et note que la notion d’autorité n’est pas évidente.
Pour Gérard Mendel, elle impose le détour par l'histoire. Tel est le premier propos de ce livre ambitieux, où l'auteur met en évidence, de l'Inde à l'Afrique, de l'Antiquité aux Temps modernes, un socle anthropologique commun : pour prendre en charge les peurs primaires de la vie, chaque société a interposé, lors des socialisations de l'enfance, la médiation d'une autorité protectrice, au prix de l'obéissance volontaire. Mais les formes de cette médiation ont beaucoup varié : dans les sociétés traditionnelles, la communauté exerce une autorité de type parental ; dans les sociétés des Temps modernes, c'est la figure du père qui incarne l'autorité. Aujourd'hui, en Occident, à l'heure du déclin de la société patriarcale, ni la communauté ni le père ne permettent plus d'apprivoiser suffisamment nos peurs archaïques, et c'est l'une des raisons profondes de la crise de l'autorité. Mais on ne reviendra pas en arrière. Ce serait alors à la démocratie de socialiser un peu plus l'éternelle enfance dans l'homme, ses peurs et sa fuite devant le réel -- une enfance qui, heureusement, est aussi à la source de toute création.
Pour approfondir cette notion d’autorité, puis de l’usage ou non de l’autorité dans l’éducation, nous vous suggérons :
* L'autorité / Ariane Bilheran ; direction de Jean-Louis Pedinielle, 2009 : Après un rappel des définitions de l'autorité et de ses champs d'intervention, l'auteur interroge et explore les diverses pathologies de la "crise" contemporaine de l'autorité (famille, école, politique, société) et éclaire les mécanismes psychologiques en cause. Pour finir, des perspectives thérapeutiques sont proposées.
* Qu'est-ce que l'autorité ? / Jean-Pierre Cléro, 2007 : Questionnement de la notion d'autorité dans ses dimensions politiques et subjectives, et examen des rapports fondamentaux entre cette notion et l'individu. En vue de déterminer si la notion est constitutive de la société humaine.
* L'autorité / Ariane Bilheran ; direction de Jean-Louis Pedinielle, 2009 : Après un rappel des définitions de l'autorité et de ses champs d'intervention, l'auteur interroge et explore les diverses pathologies de la "crise" contemporaine de l'autorité (famille, école, politique, société) et éclaire les mécanismes psychologiques en cause. Pour finir, des perspectives thérapeutiques sont proposées.
* Cause toujours !: à quoi on obéit quand on désobéit / Eric Trappeniers et Alain Boyer, 2006 : Pourquoi certains enfants désobéissent-ils à leurs parents systématiquement ? Rien n'y fait : ni les injonctions, ni les punitions, ni les tentatives de séduction. Et que peuvent faire les parents quand ils sont confrontés à un tel casse-tête ? Ce livre, écrit de façon vivante et claire, s'efforce de répondre à ces questions. Derrière la figure familière du gamin qui n'en fait qu'à sa tête se dévoile un paysage beaucoup plus complexe. Obéissance n'est pas soumission, autorité n'est pas pouvoir, et désobéir revient parfois à obéir à une injonction cachée...
Vous pourrez néanmoins noter que l’usage de l’autorité est de plus en plus prôné dans l’éducation :
* Les problèmes d'autorité avec l'enfant et l'adolescent / Francis Ancibure et Marivi Galan Ancibure; préface de Jean-Pierre Rosencveig, 2011 : Une des plaintes majeures de l'adulte en charge d'éducation concerne le défaut d'autorité et le refus que l'enfant ou l'adolescent exprime par la crise d'indiscipline ou le passage à l'acte parfois associé à l'agression. Il serait cependant inexact d'affirmer que les jeunes récusent l'autorité.
* L'autorité parentale et la loi : droits et devoirs des parents / Laurent Delprat, 2006 : L'autorité parentale est-elle en crise ? Cette question sensible paraît plus que jamais d'actualité, notamment avec les émeutes survenues récemment dans les banlieues. Le rôle des parents est souvent évoqué comme un enjeu majeur de notre société présente et future. Il est donc important de savoir ce que disent la loi et la jurisprudence à ce sujet…
* L'autorité en éducation: sortir de la crise / Gérard Guillot, 2006 : Beaucoup d'enseignants ou d'éducateurs, débutants ou expérimentés, rencontrent des problèmes d'autorité. L'auteur montre que la crise de l'autorité éducative est liée à une profonde mutation du rapport au temps et à la difficulté d'être adulte dans une société du spectacle et de l'immédiateté, centrée sur l'adolescence. Il met en relation la réflexion sur les principes avec des exemples concrets.
* Parents, osez vous faire obéir ! / Docteur Stéphane Clerget et Bernadette Costa-Prades.
Une fois cette réflexion menée, vous pourrez alors disserter sur le pourquoi de l’obéissance, cette légitimation de l’autorité et prendre en compte, dans un même temps, les mouvements prônant la désobéissance comme les indignés ou l’ouvrage très médiatisé de Stephane Hessel. Pour alimenter votre dissertation sur ce dernier point, voici quelques références :
* Il est permis d'obéir : l'obéissance n'est pas la soumission / Daniel Marcelli, 2009 : Se fondant sur une série d'exemples, D. Marcelli distingue autorité et autoritarisme, pouvoir et contrainte, obéissance à l'autorité et soumisson à un pouvoir par la contrainte ou la séduction. Il explique ainsi que l'autorité véritable s'établit sur une relation de confiance. Il fournit ainsi des conseils sur l'éducation des enfants et des adolescents.
* La désobéissance: un moteur d'évolution / Valérie Le Héno, 2011 : De Socrate à Aung San Suu Kyi en passant par Jésus, Mohandas Gandhi, Martin Luther King ou bien encore José Bové, toutes ces personnes ont un point commun : celui d'avoir un jour choisi de désobéir à l'ordre établi. Sur la base de nombreux exemples empruntés à l'Histoire, approches philosophique et théorique de la notion de désobéissance et réflexion sur cette dernière comme moteur d'évolution
* Pourquoi désobéir en démocratie ? / Sandra Laugier, Albert Ogien, 2010 : Une analyse du sens politique de la désobéissance à partir d'actes de désobéissance civile concrets.
* La désobéissance civile: approches politique et juridique / édité par David Hiez, Bruno Villalba, 2008 : En mobilisant les différents champs des sciences politiques et juridiques, cet ouvrage permet d'évaluer l'impact de la désobéissance civile dans la société et les institutions. Il fait le bilan des questionnements suscités par ce phénomène récurrent, ouvre de nouveaux champs d'investigation et tente d'établir le rapport dialectique qui existe entre l'obéissance et la désobéissance.
* La désobéissance civile: "du devoir de désobéissance civique" / Henry-David Thoreau; trad., notes et postface de Jean-Pierre Cattelain, 2007.
*
Désobéissance civile et démocratie / Howard Zinn; traduit de l'anglais par Frédéric Cotton; préface de Jean-Luc Chappey, 2010 : Notre manière de penser est une question de vie ou de mort. Si ceux qui tiennent les rênes de la société se montrent capables de contrôler nos idées, ils sont assurés de rester au pouvoir. Nul besoin de soldats dans les rues. Nous nous contrôlerons nous-mêmes. Notre ordre social résulte d'un processus de sélection au cours duquel certaines idées sont promues par le biais de puissantes machines culturelles.
Bon travail.
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