"les joyeux guérissent toujours"

Bonjour,

« Les joyeux guérissent toujours. »

Malgré nos recherches, nous n’avons pas retrouvé l’origine exacte de cette citation dans l’œuvre imposante, Les cinq Livres, de François Rabelais.
Nous avons pourtant consulté les sites de Gallica, de Google books, Google scholar, le Dictionnaire de citations, ainsi que plusieurs articles édités par la Société des études rabelaisiennes. Nous sommes revenus bredouille.

Vous avez de nombreuses études sur le traitement humaniste de la médecine par Rabelais dans son œuvre, notamment en ce qui concerne la théorie du rire médical, alors en plein essor. Cette théorie était développée par ses contemporains, Ambroise Paré et Laurent Joubert.
Le traitement par le rire est double : pour guérir, le patient doit rire mais son médecin aussi.
Ainsi Ambroise Paré affirmait, dès 1597, dans son Introduction à la Chirurgie : « le chirurgien ayant la face piteuse rend à son malade la playe vermineuse »

Une autre explication vous est donnée dans l’étude les usages thérapeutiques du littéraire, XVIe – XVIIIe siècles d’Ariane Bayle :
« Ambroise Paré cite plusieurs cas de guérison par la joie. Il ne manque pas de citer l’histoire facétieuse que l’on trouve dans plusieurs recueils de nouvelles comiques de l’époque et qu’un autre médecin, Laurent Joubert, commente aussi dans son Traité du Ris : l’histoire d’un singe qui, buvant la potion destinée au malade, le fait rire et chasse ainsi la maladie (22)…

…(22) Laurent Joubert, Traité du ris, Paris, N. Chesneau, 1579, Troisième Livre, p. 330 et suiv. ("Quels biens apporte le ris et si quelque malade peut guerir à force de rire"). Le médecin de Montpellier raconte successivement l’histoire d’un singe qui grimace après avoir bu une potion amère et celle d’un singe se coiffant d’un chapeau de médecin, variante que l’on trouve dans les Comptes du monde adventureux. Selon Joubert, le choc violent opéré par le rire suffit à rétablir une chaleur satisfaisante dans un organisme refroidi : "Le lien duquel les forces de nature estoient empechees fut rompu de l’impetuosité causée du ridicule." »

Nous conclurons avec le dizain liminaire de l’ « Avis aux lecteurs » de Gargantua :
« Au[x] Lecteurs

Amis lecteurs qui ce livre lisez,
Despouillez vous de toutes affection.
Et le lisant ne vous scandalisez,
Il ne contient mal ne infection.
Vray est qu’icy peu de perfection
Vous apprendrez, si non en cas de rire.
Autre argument ne peut mon cœur elire,
Voyant le deuil qui vous mine et consomme.
Mieux est de ris que de larmes escrire,
Pource que rire est le propre de l’homme.

VIVEZ JOYEUX. »