Question d'origine :
En complément à ma question initiale : viewtopic.php?f=2&t=54172&p=103147#p103147
Ma question s'appliquait tout bonnement à la bm de Lyon.
Il s'agissait de savoir s'il existe des protocoles régissant le libre accès aux documents.
Par exemple, certains ouvrages controversés sont en magasin (Suicide, mode d'emploi ou encore l'effroyable imposture)
J'imagine facilement que ce n'est pas le hasard qui a guidé ces choix.
Hors cas de ce genre-là, quelle est la politique de la maison pour qu'un ouvrage soit placé en magasin plutôt qu'en libre accès ? problème de place, achat d'ouvrages plus récents sur le même sujet, informations erronées, etc ?
Un document formalisé vous aide-t-il à prendre les décisions ?
Merci et désolé pour cette question intrusive dans votre métier.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 03/01/2014 à 16h31
Bonjour,
Les raisons de la mise en accès indirect d’un document à la Bibliothèque de Lyon répondent aux mêmes critères que ceux qui prévalent dans la plupart des bibliothèques.
Les rayonnages et les salles n’étant pas extensibles, il est nécessaire de faire de la place pour renouveler les collections, rendre les fonds plus vivants et donner les informations les plus récentes possibles aux usagers. Voilà pourquoi des ouvrages passent régulièrement d’un accès direct à un accès indirect.
Le tri des ouvrages se fait en « désherbant ». Le désherbage consiste à retirer des rayons d’une bibliothèque (physique ou virtuelle) des documents jugés inadéquats en fonction d’un ensemble de critères définis par la politique de développement des collections d’un établissement.
« Le désherbage (notion décalquée de l’américain « weeding ») permet de répondre à plusieurs objectifs :
- gagner de l’espace et /ou de l’argent, équilibrer les collections
- proposer des collections attractives et donner une bonne image de la bibliothèque
- lutter contre l’obsolescence des documents et augmenter la fiabilité de l’information proposée au public
Les critères d’élimination sont en général les suivants :
•Critère d’état physique du document
•Critère d’actualité
•Critère d’usage
•Critère de redondance
•Critère d’adéquation du contenu aux publics et aux missions de la bibliothèque
La méthode de désherbage IOUPI, adaptée de la méthode américaine CREW, s’est popularisée auprès des bibliothèques françaises ces dernières années grâce à la BPI qui en a formalisé et publicisé l’usage. IOUPI est un acronyme permettant de mémoriser les critères de désélection : I (Incorrect, fausse information), O (ordinaire, superficiel, médiocre), U (usé, détérioré, laid), P (périmé), I (Inadéquat, ne correspond pas au fonds).
Les documents retirés des rayons du libre accès peuvent être mis au pilon (détruits), relégués dans un magasin où ils seront disponibles sur demande, proposés en dons ou échanges à d’autres bibliothèques, ou encore vendus ou donnés au public (selon le statut juridique des fonds et dans le respect des procédures administratives). »
Source : Dictionnaire de l’Enssib.
Pour effectuer ce désherbage, les bibliothécaires se basent donc sur des critères physiques et statistiques. L’état général de l’ouvrage sera la base du tri, ensuite, on peut utiliser :
- la date d’édition d’un ouvrage : on vérifiera si les informations sont obsolètes et dans ce cas là on cherchera à acheter un ouvrage pour le remplacer. Si les informations sont correctes on pourra le mettre en accès indirect pour permettre l’achat d’ouvrages plus récents sur le sujet.
- le taux de rotation de l’ouvrage : on calcule le nombre d’emprunts de l’ouvrage sur une période déterminée. Si le livre n’est que peu sorti il peut être bon de le mettre en accès indirect, ce qui garantit un accès à l’œuvre pour les lecteurs et laisse de la place pour acheter des livres plus recherchés.
Les livres estimés comme « polémiques » ne sont pas forcément mis en accès indirect dès leur achat. Dans les deux exemples que vous citez, le premier (Suicide mode d’emploi) date de 1982, il est normal qu’il ait rejoint les rayons du silo (la réserve de la bibliothèque municipale de Lyon), L’effroyable imposture tome 1 est lui aussi dans le silo (il a plus de 10 ans) mais le tome 2 est accessible directement dans la salle Société à la bibliothèque de la Part-Dieu.
Il existe dans tous les secteurs des ouvrages polémiques, cependant, les bibliothèques doivent assurer la pluralité des sources et la multiplicité des points de vue pour que chacun puisse trouver de la matière pour se créer sa propre opinion.
C’est ce que préconisent la Charte des bibliothèques et le Manifeste de l’Unesco, ces textes sont des références pour les bibliothèques.
Charte de l’Unesco :
« Les collections et les services doivent être exempts de toute forme de censure, idéologique, politique ou religieuse, ou de pressions commerciales. »
Article 7 de la Charte des bibliothèques :
« Les collections des bibliothèques des collectivités publiques doivent être représentatives, chacune à son niveau ou dans sa spécialité, de l’ensemble des connaissances, des courants d’opinion et des productions éditoriales. Elles doivent répondre aux intérêts de tous les membres de la collectivité à desservir et de tous les courants d’opinion, dans le respect de la Constitution et des lois. »
Bonne journée.
Les raisons de la mise en accès indirect d’un document à la Bibliothèque de Lyon répondent aux mêmes critères que ceux qui prévalent dans la plupart des bibliothèques.
Les rayonnages et les salles n’étant pas extensibles, il est nécessaire de faire de la place pour renouveler les collections, rendre les fonds plus vivants et donner les informations les plus récentes possibles aux usagers. Voilà pourquoi des ouvrages passent régulièrement d’un accès direct à un accès indirect.
Le tri des ouvrages se fait en « désherbant ». Le désherbage consiste à retirer des rayons d’une bibliothèque (physique ou virtuelle) des documents jugés inadéquats en fonction d’un ensemble de critères définis par la politique de développement des collections d’un établissement.
« Le désherbage (notion décalquée de l’américain « weeding ») permet de répondre à plusieurs objectifs :
- gagner de l’espace et /ou de l’argent, équilibrer les collections
- proposer des collections attractives et donner une bonne image de la bibliothèque
- lutter contre l’obsolescence des documents et augmenter la fiabilité de l’information proposée au public
Les critères d’élimination sont en général les suivants :
•Critère d’état physique du document
•Critère d’actualité
•Critère d’usage
•Critère de redondance
•Critère d’adéquation du contenu aux publics et aux missions de la bibliothèque
La méthode de désherbage IOUPI, adaptée de la méthode américaine CREW, s’est popularisée auprès des bibliothèques françaises ces dernières années grâce à la BPI qui en a formalisé et publicisé l’usage. IOUPI est un acronyme permettant de mémoriser les critères de désélection : I (Incorrect, fausse information), O (ordinaire, superficiel, médiocre), U (usé, détérioré, laid), P (périmé), I (Inadéquat, ne correspond pas au fonds).
Les documents retirés des rayons du libre accès peuvent être mis au pilon (détruits), relégués dans un magasin où ils seront disponibles sur demande, proposés en dons ou échanges à d’autres bibliothèques, ou encore vendus ou donnés au public (selon le statut juridique des fonds et dans le respect des procédures administratives). »
Source : Dictionnaire de l’Enssib.
Pour effectuer ce désherbage, les bibliothécaires se basent donc sur des critères physiques et statistiques. L’état général de l’ouvrage sera la base du tri, ensuite, on peut utiliser :
Les livres estimés comme « polémiques » ne sont pas forcément mis en accès indirect dès leur achat. Dans les deux exemples que vous citez, le premier (Suicide mode d’emploi) date de 1982, il est normal qu’il ait rejoint les rayons du silo (la réserve de la bibliothèque municipale de Lyon), L’effroyable imposture tome 1 est lui aussi dans le silo (il a plus de 10 ans) mais le tome 2 est accessible directement dans la salle Société à la bibliothèque de la Part-Dieu.
Il existe dans tous les secteurs des ouvrages polémiques, cependant, les bibliothèques doivent assurer la pluralité des sources et la multiplicité des points de vue pour que chacun puisse trouver de la matière pour se créer sa propre opinion.
C’est ce que préconisent la Charte des bibliothèques et le Manifeste de l’Unesco, ces textes sont des références pour les bibliothèques.
« Les collections et les services doivent être exempts de toute forme de censure, idéologique, politique ou religieuse, ou de pressions commerciales. »
« Les collections des bibliothèques des collectivités publiques doivent être représentatives, chacune à son niveau ou dans sa spécialité, de l’ensemble des connaissances, des courants d’opinion et des productions éditoriales. Elles doivent répondre aux intérêts de tous les membres de la collectivité à desservir et de tous les courants d’opinion, dans le respect de la Constitution et des lois. »
Bonne journée.
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