Question d'origine :
Bonsoir !
Je sais ce qu'est la nécrophilie et j'ai vu qu'elle était considérée comme une paraphilie, mais je ne comprend pas bien, est ce une maladie ? Et quelles en sont les causes ?
Je m'excuse de cette question un peu glauque et peu réjouissante. Merci pour toutes les réponses que vous m'avez déjà apportées, et merci d'avance pour celle ci !
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 09/04/2014 à 09h02
Bonjour,
Nos recherches ont mis en évidence qu'il existe plusieurs formes de nécrophilie. On pense généralement au "viol de cadavre". Néanmoins, en 2012, une suédoise a été poursuivie pour avoir eu des activités sexuelles avec des ossements humains, ce qui peut aussi être assimilé à de la nécrophilie.
Dans son livre Anomalies et perversions sexuelles, Magnus Hirschfeld dédie tout un chapitre à la Nécrophilie et au Vampirisme. Il explique que la nécrophilie est assimilée à une perversion tantôt fétichiste, tantôt sadique, tantôt masochiste.
* Fétichisme : On parle stricto sensu de perversion fétichiste dans tous les cas où un sujet ne peut accéder à la jouissance sexuelle sans la présence effective d’un objet, auquel il attribue un pouvoir mystérieux.
De tout temps, les cadavres ont exercé un effet d’ordre sexuel sur certains tempéraments. Les associations d’idées entre la mort et le sommeil furent le motif essentiel, le leitmotiv d’un grand nombre de mythes et de légendes.
Admis dans ce sens, le vieil adage qui affirmait que « le sommeil est le frère de la mort » acquiert une signification lourde de conséquences, car, de la même manière que l’être dort, le corps, inanimé, sans vie, peut éveiller chez certains des émotions réelles et des représentations imaginaires de nature sexuelle, plus ou moins conscientes. (Nous avons approché nombre de fétichistes du sommeil sur lesquels, seuls, les être profondément endormis exerçaient un attrait sexuel.) Il est permis de croire que ce fait est, a priori, à la base de l’une des anomalies sexuelles les plus horribles et les plus repoussantes, à savoir la nécrophilie.
* Sadisme : Il y a perversion sadique quand un sujet ne peut accéder à la jouissance sexuelle sans infliger à son partenaire quel qu’il soit une souffrance réelle.
En dehors du fétichisme, cette perversion comporte également des impulsions purement sadiques, en ce sens que l’association d’idées, à savoir « la mort » et « tuer », est inévitablement présente dans l’esprit du nécrophile. […] Le nécro-sadique entretient sa volupté sexuelle du fait que le cadavre est sans récations, sans défense et sans protection, et qu’il dépend entièrement et à jamais de son bon vouloir.
* Masochisme : On parle de perversion masochiste quand un sujet ne peut accéder à la jouissance sexuelle sans éprouver une souffrance physique effective.
Pour Bloch, l’étiologie de la nécrophilie contient aussi un élément masochiste. L’obsession du cadavre victime est intimement liée à la pensée de la mort du nécrophile, et l’odeur dégagée par le cadavre de la victime rappelle et associe cet état à l’idée de la décomposition de son propre corps.
Les définitions des perversions sont issues du livre Les perversions sexuelles de Gérard Bonnet. Les extraits sont issus du livre « Anomalies et Perversions sexuelles » précédemment cité.
Quant à savoir si c’est une maladie, Gérard Bonnet répond :
« Perversion » ne veut pas dire « maladie ». Le pervers est un révélateur : On a pu s’en rendre compte au cours des pages précédentes, le symptôme pervers n’est pas un simple épiphénomène transitoire, un caprice, ou une mauvaise habitude réversible au gré de la personne. Il constitue souvent le noyau autour duquel une personnalité trouve à se structurer et à s’unifier. Vouloir à tout prix le faire disparaître, c’est risquer un déséquilibre plus profond, car la pratique perverse, comme toute pratique sexuelle solidement enracinée, cristallise et unifie un ensemble complexe de tendances inconscientes constitutives de la vie psychique du sujet.
Rappelons aussi que dans de nombreux pays l’homosexualité est encore considérée comme une maladie, comme l’atteste l’article Équateur : l'incroyable scandale des cliniques anti-gays. La notion de maladie peut donc varier selon les époques, les pays etc…
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter les articles « Les dessous de la perversion », de Gilles Marchand, paru dans le magazine "Sciences humaines" n°130 et « L’amour d’un corps mort », de Fulvio Marone, paru dans "L’En-je Lacanien" n°17. Ces articles sont disponibles sur CAIRN, site de revues de sciences humaines et sociales accessible dans les bibliothèques de la ville de Lyon.
Fulvio Marone déclare, notamment, à propos de la série "Natural History", de Damien Hirst : la jouissance publique de ces œuvres est la chose la plus proche de la profanation de cadavre que je connaisse. Bien que le fait de regarder des cadavres et d'y trouver du plaisir ne soit pas comparable avec le fait d'en faire un objet de jouissance sexuelle, nous avons trouvé cet exemple intéressante.
Les articles La nécrophilie n'est pas condamnée par la loi française et La nécrophilie, cet impensé juridique, publiés sur libération.fr, décrivent les questions que posent la nécrophilie du point de vue du droit.
Enfin, l’article paru sur lemonde.fr L’étrange cas du canard homosexuel nécrophile peut aussi nourrir votre réflexion.
source : http://next.liberation.fr
Bonnes lectures !
Nos recherches ont mis en évidence qu'il existe plusieurs formes de nécrophilie. On pense généralement au "viol de cadavre". Néanmoins, en 2012, une suédoise a été poursuivie pour avoir eu des activités sexuelles avec des ossements humains, ce qui peut aussi être assimilé à de la nécrophilie.
Dans son livre Anomalies et perversions sexuelles, Magnus Hirschfeld dédie tout un chapitre à la Nécrophilie et au Vampirisme. Il explique que la nécrophilie est assimilée à une perversion tantôt fétichiste, tantôt sadique, tantôt masochiste.
* Fétichisme : On parle stricto sensu de perversion fétichiste dans tous les cas où un sujet ne peut accéder à la jouissance sexuelle sans la présence effective d’un objet, auquel il attribue un pouvoir mystérieux.
De tout temps, les cadavres ont exercé un effet d’ordre sexuel sur certains tempéraments. Les associations d’idées entre la mort et le sommeil furent le motif essentiel, le leitmotiv d’un grand nombre de mythes et de légendes.
Admis dans ce sens, le vieil adage qui affirmait que « le sommeil est le frère de la mort » acquiert une signification lourde de conséquences, car, de la même manière que l’être dort, le corps, inanimé, sans vie, peut éveiller chez certains des émotions réelles et des représentations imaginaires de nature sexuelle, plus ou moins conscientes. (Nous avons approché nombre de fétichistes du sommeil sur lesquels, seuls, les être profondément endormis exerçaient un attrait sexuel.) Il est permis de croire que ce fait est, a priori, à la base de l’une des anomalies sexuelles les plus horribles et les plus repoussantes, à savoir la nécrophilie.
* Sadisme : Il y a perversion sadique quand un sujet ne peut accéder à la jouissance sexuelle sans infliger à son partenaire quel qu’il soit une souffrance réelle.
En dehors du fétichisme, cette perversion comporte également des impulsions purement sadiques, en ce sens que l’association d’idées, à savoir « la mort » et « tuer », est inévitablement présente dans l’esprit du nécrophile. […] Le nécro-sadique entretient sa volupté sexuelle du fait que le cadavre est sans récations, sans défense et sans protection, et qu’il dépend entièrement et à jamais de son bon vouloir.
* Masochisme : On parle de perversion masochiste quand un sujet ne peut accéder à la jouissance sexuelle sans éprouver une souffrance physique effective.
Pour Bloch, l’étiologie de la nécrophilie contient aussi un élément masochiste. L’obsession du cadavre victime est intimement liée à la pensée de la mort du nécrophile, et l’odeur dégagée par le cadavre de la victime rappelle et associe cet état à l’idée de la décomposition de son propre corps.
Les définitions des perversions sont issues du livre Les perversions sexuelles de Gérard Bonnet. Les extraits sont issus du livre « Anomalies et Perversions sexuelles » précédemment cité.
Quant à savoir si c’est une maladie, Gérard Bonnet répond :
« Perversion » ne veut pas dire « maladie ». Le pervers est un révélateur : On a pu s’en rendre compte au cours des pages précédentes, le symptôme pervers n’est pas un simple épiphénomène transitoire, un caprice, ou une mauvaise habitude réversible au gré de la personne. Il constitue souvent le noyau autour duquel une personnalité trouve à se structurer et à s’unifier. Vouloir à tout prix le faire disparaître, c’est risquer un déséquilibre plus profond, car la pratique perverse, comme toute pratique sexuelle solidement enracinée, cristallise et unifie un ensemble complexe de tendances inconscientes constitutives de la vie psychique du sujet.
Rappelons aussi que dans de nombreux pays l’homosexualité est encore considérée comme une maladie, comme l’atteste l’article Équateur : l'incroyable scandale des cliniques anti-gays. La notion de maladie peut donc varier selon les époques, les pays etc…
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter les articles « Les dessous de la perversion », de Gilles Marchand, paru dans le magazine "Sciences humaines" n°130 et « L’amour d’un corps mort », de Fulvio Marone, paru dans "L’En-je Lacanien" n°17. Ces articles sont disponibles sur CAIRN, site de revues de sciences humaines et sociales accessible dans les bibliothèques de la ville de Lyon.
Fulvio Marone déclare, notamment, à propos de la série "Natural History", de Damien Hirst : la jouissance publique de ces œuvres est la chose la plus proche de la profanation de cadavre que je connaisse. Bien que le fait de regarder des cadavres et d'y trouver du plaisir ne soit pas comparable avec le fait d'en faire un objet de jouissance sexuelle, nous avons trouvé cet exemple intéressante.
Les articles La nécrophilie n'est pas condamnée par la loi française et La nécrophilie, cet impensé juridique, publiés sur libération.fr, décrivent les questions que posent la nécrophilie du point de vue du droit.
Enfin, l’article paru sur lemonde.fr L’étrange cas du canard homosexuel nécrophile peut aussi nourrir votre réflexion.
source : http://next.liberation.fr
Bonnes lectures !
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter