Question d'origine :
Bonjour,
je me pose des questions concernant l'organisation du théâtre romain. Comment ça se passait ? qui pouvait y aller ? Les femmes étaient-elle séparées des hommes ? etc.
je vous remercie.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 14/05/2014 à 12h34
Bonjour,
L’ouvrage L’Amphithéâtre romain et les jeux du cirque dans le monde antique de Jean-Claude Golvin explique le fonctionnement du théâtre romain :
« La conception de la cavea de l’amphithéâtre devait satisfaire aux exigences nouvelles de l’ordre très strict qu’Auguste entendait faire régner partout. Suétone (Divus Augustus, 44, 1-3) relate en effet : « il régnait dans les spectacles la confusion et le désordre les plus complets : Auguste y introduisit l’ordre et la discipline, car il s’était ému de l’affront subi par un sénateur qui à Pouzzoles durant des jeux tout à fait courus, n’avait été accueilli par personne, au milieu d’une nombreuses assistance ». L’incident illustrait un défaut de conception auquel il est vite remédié : « Il fit donc décréter par le sénat que, pour tout spectacle public donné en quelque lieu que ce fût, le premier rang des banquettes devait être réservé aux sénateurs, et défendit qu’à Rome les ambassadeurs des nations libres ou alliées prissent place dans l’orchestre parce qu’il s’était aperçu que leurs délégations comprenaient même des affranchis ».
Désormais au théâtre comme dans l’amphithéâtre, une ségrégation rigoureuse des places sera appliquée en fonction de la condition sociale des spectateurs. En effet, « il sépara les soldats du peuple, il assigna aux plébéiens mariés des gradins spéciaux et aux jeunes gens vêtus de la prétexte, un secteur particulier et celui d’à côté leurs précepteurs ». Les gens de modeste condition sont alors relégués aux plus mauvaises places : « il interdit les places du milieu à tout spectateur vêtu de sombre. Quant aux femmes, il ne leur permit de se placer, même pour les combats de gladiateurs, qu’un usage bien établi les autorisait à suivre pêle-mêle avec les hommes, que sur les gradins supérieurs et toutes seules ».
On est loin désormais d’appliquer les conseils d’Ovide, qui conseillait de se rapprocher des jeunes femmes convoitées sur les gradins du cirque, lieu de promiscuité favorable à un premier entretien galant. Une vision que l’on va conditionner définitivement la conception de la cavea. Les différentes catégories de places seront bien séparées horizontalement par des circulations, des ruptures de pente et parfois même par des parapets. Les précinctions divisent la cavea en grands secteurs recoupés par des petits escaliers de desserte en secteurs de forme concave. De bas en haut, la cavea comprend le podium et la loge, nettement séparés du reste des gradins par un balteus, puis une galerie supérieure comprenant des gradins de bois. »
Le théâtre romain était donc très codifié comme l’était la société romaine. Chacun a une place définie dans la société et les lieux de loisirs ne doivent pas être l'occasion de se mélanger entre les différentes catégories de population.
Sur scène, là aussi des règles organisent les représentations :
« Après des débuts discrets, le théâtre se développe progressivement. Les représentations théâtrales figureront néanmoins dans la plupart des jeux à Rome et en province. Jusqu'à l'empire il était déshonorant de se produire dans des spectacles. Les acteurs étaient réputés infâmes et souvent privés du droit de cité romaine. Certains empereurs firent tourner l'opinion et certains mirent leur gloire à descendre dans l'arène ou à participer à certains spectacles.
Pour y assister les spectateurs ne paient pas de droit d'entrée. L'Etat subventionne un magistrat (édile) et prend les dépenses à sa charge. Le Dator ludi (magistrat qui préside les jeux), assisté d'un curator ludorum, engage un chef de troupe (dominus gregis). Celui-ci achète à un auteur une pièce (souvent pour un prix très modique).
Les acteurs (actores, histriones) et les danseurs (saltatores) sont généralement des esclaves ou des affranchis. Sauf pour les mimes, il n'y a pas d'actrice : les rôles féminins sont tenus par des hommes. Néanmoins, les acteurs plus généralement, portent selon leur rôle un masque (persona), des cothurnes (chaussures avec des semelles épaisses afin de les grandir). Les rôles de citoyens sont habillés d'une toge blanche, colorée s'il s'agit d'un personnage jeune. Les courtisanes portent une robe jaune en signe de cupidité. Quant aux esclaves ils portent une tunique courte. Tout cela permet donc aux spectateurs de les différencier simplement et rapidement.
Le maquillage est déjà utilisé. Ainsi, les visages sont blancs pour les femmes, rouges pour les esclaves, bruns pour les hommes libres.
Les figurants sont nombreux et les musiciens très présents. Ainsi, un joueur de tibia (double flûte) accompagne le jeu des acteurs.
[…]
Le public est composé de toutes les différentes couches de la population, mais il est d'usage de revêtir la toge (vêtement de cérémonie) pour aller au théâtre. L'accès est permis à tous : hommes, femmes, enfants et esclaves. »
Source : Gratum studium.
Pour aller plus loin:
- Musique et spectacles dans la Rome antique et dans l’Occident romain de Valérie Péché et Christophe Vendries.
- Le théâtre romain et ses spectacles de Jean-Claude Golvin.
Bonne journée.
L’ouvrage L’Amphithéâtre romain et les jeux du cirque dans le monde antique de Jean-Claude Golvin explique le fonctionnement du théâtre romain :
« La conception de la cavea de l’amphithéâtre devait satisfaire aux exigences nouvelles de l’ordre très strict qu’Auguste entendait faire régner partout. Suétone (Divus Augustus, 44, 1-3) relate en effet : « il régnait dans les spectacles la confusion et le désordre les plus complets : Auguste y introduisit l’ordre et la discipline, car il s’était ému de l’affront subi par un sénateur qui à Pouzzoles durant des jeux tout à fait courus, n’avait été accueilli par personne, au milieu d’une nombreuses assistance ». L’incident illustrait un défaut de conception auquel il est vite remédié : « Il fit donc décréter par le sénat que, pour tout spectacle public donné en quelque lieu que ce fût, le premier rang des banquettes devait être réservé aux sénateurs, et défendit qu’à Rome les ambassadeurs des nations libres ou alliées prissent place dans l’orchestre parce qu’il s’était aperçu que leurs délégations comprenaient même des affranchis ».
On est loin désormais d’appliquer les conseils d’Ovide, qui conseillait de se rapprocher des jeunes femmes convoitées sur les gradins du cirque, lieu de promiscuité favorable à un premier entretien galant. Une vision que l’on va conditionner définitivement la conception de la cavea. Les différentes catégories de places seront bien séparées horizontalement par des circulations, des ruptures de pente et parfois même par des parapets. Les précinctions divisent la cavea en grands secteurs recoupés par des petits escaliers de desserte en secteurs de forme concave. De bas en haut, la cavea comprend le podium et la loge, nettement séparés du reste des gradins par un balteus, puis une galerie supérieure comprenant des gradins de bois. »
Le théâtre romain était donc très codifié comme l’était la société romaine. Chacun a une place définie dans la société et les lieux de loisirs ne doivent pas être l'occasion de se mélanger entre les différentes catégories de population.
Sur scène, là aussi des règles organisent les représentations :
« Après des débuts discrets, le théâtre se développe progressivement. Les représentations théâtrales figureront néanmoins dans la plupart des jeux à Rome et en province. Jusqu'à l'empire il était déshonorant de se produire dans des spectacles. Les acteurs étaient réputés infâmes et souvent privés du droit de cité romaine. Certains empereurs firent tourner l'opinion et certains mirent leur gloire à descendre dans l'arène ou à participer à certains spectacles.
Pour y assister les spectateurs ne paient pas de droit d'entrée. L'Etat subventionne un magistrat (édile) et prend les dépenses à sa charge. Le Dator ludi (magistrat qui préside les jeux), assisté d'un curator ludorum, engage un chef de troupe (dominus gregis). Celui-ci achète à un auteur une pièce (souvent pour un prix très modique).
Les acteurs (actores, histriones) et les danseurs (saltatores) sont généralement des esclaves ou des affranchis. Sauf pour les mimes, il n'y a pas d'actrice : les rôles féminins sont tenus par des hommes. Néanmoins, les acteurs plus généralement, portent selon leur rôle un masque (persona), des cothurnes (chaussures avec des semelles épaisses afin de les grandir). Les rôles de citoyens sont habillés d'une toge blanche, colorée s'il s'agit d'un personnage jeune. Les courtisanes portent une robe jaune en signe de cupidité. Quant aux esclaves ils portent une tunique courte. Tout cela permet donc aux spectateurs de les différencier simplement et rapidement.
Le maquillage est déjà utilisé. Ainsi, les visages sont blancs pour les femmes, rouges pour les esclaves, bruns pour les hommes libres.
Les figurants sont nombreux et les musiciens très présents. Ainsi, un joueur de tibia (double flûte) accompagne le jeu des acteurs.
[…]
Source : Gratum studium.
Pour aller plus loin:
- Musique et spectacles dans la Rome antique et dans l’Occident romain de Valérie Péché et Christophe Vendries.
- Le théâtre romain et ses spectacles de Jean-Claude Golvin.
Bonne journée.
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