Question d'origine :
Bonjour,
Tout d'abord je trouve votre travail remarquable et du coup cela me donne envie de consulter le fruit de vos recherches sur une question ou plutôt un problème pour lequel je ne trouve pas d'issue.
Cette thématique d'actualité revient de plus en plus souvent dans les discussions et j'aimerais pouvoir intervenir avec des propos pertinents et constructifs.
Quelle serait la meilleure solution (objective) pour mettre fin au conflit israélo-palestinien ?
Merci par avance pour votre retour
Marianne
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 01/08/2014 à 08h24
Bonjour,
Merci pour vos encouragements. Les sujets politiques et religieux, plus largement les sujets qui font polémique ne sont pas forcément de notre ressort, puisque nous nous autorisons seulement à documenter une question. Mais vous avez raison, on doit pouvoir se faire une opinion sur tout, et la fonder sur des lectures dans la tradition du siècle des Lumières.
Personne n’a trouvé depuis 65 ans de « solution objective », peut-être comme le titre que vous avez donné à votre question le souligne, parce qu’il ne s’agit pas seulement de « terre », de questions territoriales, mais aussi d’une « terre promise », une terre rêvée.
Pour ce qui concerne le territoire, les résolutions des Nations Unies portent une seule solution depuis qu’elles ont été saisies de la « question palestinienne » dès 1947, deux ans après leur création :
« La majorité des membres de la Commission a recommandé le partage de la Palestine en un État arabe et un État juif, avec pour Jérusalem un statut international spécial sous l’autorité administrative de l’Organisation des Nations Unies. »
Ses « résolutions » (recommandations officielles) accompagnent l’Histoire de cette question. Dès le début des débats, c’est toujours un « Plan de partage » qui apparaît comme la solution, avec deux Etats distincts, « Arabe » et « Juif », unis économiquement, et un statut international pour Jérusalem. Ce plan est très détaillé fin 1947 après plusieurs mois de travaux : c’est la «résolution 181».
Elle prévoit « l’évacuation des forces armées de la puissance mandataire » (le Royaume-Uni) au plus tard fin octobre 1948, et en même temps la création des 3 entités territoriales :
« - La Palestine était divisée en huit parties : trois devaient devenir des divisions juives et trois des divisions arabes. La septième, la ville de Jaffa, devait devenir une enclave arabe à l’intérieur du territoire juif;
- Le régime international de Jérusalem, qui était la huitième division, serait administré par le Conseil de tutelle des Nations Unies »
Les palestiniens et les Etats arabes qui participent à la Commission ne souscrivent pas à cet accord, parce qu’il entérine les cessions de terrains autorisées par « la puissance mandataire » (le Royaume Uni) aux propriétaires juifs dans le but de créer une « terre promise », en le transformant en Etat. L’Agence juive pour la Palestine souscrit à l’accord, bien qu’insatisfaite des limites territoriales et des conditions d’immigration des juifs d’Europe.
La guerre ayant commencé dès la proclamation de l’Etat d’Israël en 1948, les périmètres définis par la résolution 181 n’ont jamais été respectés, les pays voisins entrant dans l’ancienne Palestine pour aider les palestiniens à conserver leur territoire, les nouveaux israéliens en conquérant au-delà des limites de leur Etat. 750.000 palestiniens, selon les chiffres de l’ONU, fuient en 1948-49 leur pays et sont à l’heure actuelle encore réfugiés dans les pays voisins. La résolution 194 de 1948 porte sur ces réfugiés, leur droit au retour ou à indemnisation, ainsi que sur la démilitarisation et l’internationalisation de Jérusalem.
Israël ayant occupé de nouveaux territoires en 1967, les résolutions dans les décennies suivantes, jusqu’à nos jours, tentent de faire appliquer les droits de chacun, de faire primer la paix, et de revenir dans les frontières de 1947 et la partition prévue, jamais appliquée.
Une seule autre solution a été imaginée, mais est de moins en moins évoquée, depuis que les pouvoirs politiques en présence se sont radicalisés du côté de « nationalismes » intolérants. Il s’agit d’une solution, utopique au sens originel ("pays où un gouvernement idéal règne sur un peuple heureux"), d’un Etat unique (One State) co-géré, avec une libre circulation dans tout le territoire de la « Palestine mandataire» : le territoire de 1947 restitué par le Royaume Uni, non découpé, permettant à chacun les accès économiques et l’exploitation au bénéfice de tous à toutes les ressources en eau, en débouchés maritimes, en ressources des sols et sous-sols, un libre accès aux lieux saint des trois religions du Livre, une administration bilingue, une liberté de culte dans un Etat laïque.
Le décompte des victimes des nombreux épisodes militaires, les discours nationalistes excluant « l’Autre » et campant sur un ensemble de « droits » juridiques – à l’exclusion des Droits de l’homme - rendent la réalisation de cette solution improbable et son évocation même un peu folle actuellement.
Pour poursuivre la réflexion :
- Palestine 1947, un partage avorté
- Un Etat commun : entre le Jourdain et la mer
- Israël-Palestine
Merci pour vos encouragements. Les sujets politiques et religieux, plus largement les sujets qui font polémique ne sont pas forcément de notre ressort, puisque nous nous autorisons seulement à documenter une question. Mais vous avez raison, on doit pouvoir se faire une opinion sur tout, et la fonder sur des lectures dans la tradition du siècle des Lumières.
Personne n’a trouvé depuis 65 ans de « solution objective », peut-être comme le titre que vous avez donné à votre question le souligne, parce qu’il ne s’agit pas seulement de « terre », de questions territoriales, mais aussi d’une « terre promise », une terre rêvée.
Pour ce qui concerne le territoire, les résolutions des Nations Unies portent une seule solution depuis qu’elles ont été saisies de la « question palestinienne » dès 1947, deux ans après leur création :
« La majorité des membres de la Commission a recommandé le partage de la Palestine en un État arabe et un État juif, avec pour Jérusalem un statut international spécial sous l’autorité administrative de l’Organisation des Nations Unies. »
Ses « résolutions » (recommandations officielles) accompagnent l’Histoire de cette question. Dès le début des débats, c’est toujours un « Plan de partage » qui apparaît comme la solution, avec deux Etats distincts, « Arabe » et « Juif », unis économiquement, et un statut international pour Jérusalem. Ce plan est très détaillé fin 1947 après plusieurs mois de travaux : c’est la «résolution 181».
Elle prévoit « l’évacuation des forces armées de la puissance mandataire » (le Royaume-Uni) au plus tard fin octobre 1948, et en même temps la création des 3 entités territoriales :
« - La Palestine était divisée en huit parties : trois devaient devenir des divisions juives et trois des divisions arabes. La septième, la ville de Jaffa, devait devenir une enclave arabe à l’intérieur du territoire juif;
- Le régime international de Jérusalem, qui était la huitième division, serait administré par le Conseil de tutelle des Nations Unies »
Les palestiniens et les Etats arabes qui participent à la Commission ne souscrivent pas à cet accord, parce qu’il entérine les cessions de terrains autorisées par « la puissance mandataire » (le Royaume Uni) aux propriétaires juifs dans le but de créer une « terre promise », en le transformant en Etat. L’Agence juive pour la Palestine souscrit à l’accord, bien qu’insatisfaite des limites territoriales et des conditions d’immigration des juifs d’Europe.
La guerre ayant commencé dès la proclamation de l’Etat d’Israël en 1948, les périmètres définis par la résolution 181 n’ont jamais été respectés, les pays voisins entrant dans l’ancienne Palestine pour aider les palestiniens à conserver leur territoire, les nouveaux israéliens en conquérant au-delà des limites de leur Etat. 750.000 palestiniens, selon les chiffres de l’ONU, fuient en 1948-49 leur pays et sont à l’heure actuelle encore réfugiés dans les pays voisins. La résolution 194 de 1948 porte sur ces réfugiés, leur droit au retour ou à indemnisation, ainsi que sur la démilitarisation et l’internationalisation de Jérusalem.
Israël ayant occupé de nouveaux territoires en 1967, les résolutions dans les décennies suivantes, jusqu’à nos jours, tentent de faire appliquer les droits de chacun, de faire primer la paix, et de revenir dans les frontières de 1947 et la partition prévue, jamais appliquée.
Une seule autre solution a été imaginée, mais est de moins en moins évoquée, depuis que les pouvoirs politiques en présence se sont radicalisés du côté de « nationalismes » intolérants. Il s’agit d’une solution, utopique au sens originel ("pays où un gouvernement idéal règne sur un peuple heureux"), d’un Etat unique (One State) co-géré, avec une libre circulation dans tout le territoire de la « Palestine mandataire» : le territoire de 1947 restitué par le Royaume Uni, non découpé, permettant à chacun les accès économiques et l’exploitation au bénéfice de tous à toutes les ressources en eau, en débouchés maritimes, en ressources des sols et sous-sols, un libre accès aux lieux saint des trois religions du Livre, une administration bilingue, une liberté de culte dans un Etat laïque.
Le décompte des victimes des nombreux épisodes militaires, les discours nationalistes excluant « l’Autre » et campant sur un ensemble de « droits » juridiques – à l’exclusion des Droits de l’homme - rendent la réalisation de cette solution improbable et son évocation même un peu folle actuellement.
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