Question d'origine :
Bonjour,
Je lis en ce moment Plateforme de Michel Houellebecq, je souhaiterais savoir si l'auteur a mis des éléments de sa vie personnelle dans ce roman ? En effet, le personnage principal porte le même prénom, est ce un roman autobiographique ou un jeu de l'auteur ?
Merci d'avance
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 10/10/2014 à 09h23
Bonjour,
Voici ce que déclarait Michel Houellebecq lors d'un entretien à L'Express :
Didier Sénécal : Depuis Extension du domaine de la lutte, vous jouez sur la ressemblance entre l'auteur et le personnage principal. Pourquoi tous ces Michel, tous ces alter ego?
M.H. : On peut s'en servir pour des choses opposées. C'est amusant... Par exemple ce passage à la première page de Plateforme: "C'est ce qui m'a toujours retenu d'acheter un animal domestique. Je ne me suis pas marié, non plus." En fait, j'ai écrit ça peu après avoir acheté un chien, alors que j'étais déjà marié. Ça permet de donner une image négative de soi: ce qu'on pourrait être et qu'on n'est pas. Ça marche aussi très bien pour décrire des choses qui ne vous sont pas arrivées mais dont vous auriez bien aimé qu'elles vous arrivent.
D.S. : Les indignations de Michel sont aussi les vôtres? Comme ce fameux "travail de deuil", le nouveau poncif freudien à la mode?
M.H. : Les gens fortement psychanalysés que j'ai rencontrés étaient une catastrophe. Pour un esprit scientifique, ce n'est vraiment pas sérieux. Non seulement je suis impitoyable avec toutes ces conneries, mais ça me choque. Je ne vois pas pourquoi on ferait un travail de deuil, pourquoi on essaierait de se consoler. Non... on ne se console pas de la mort de quelqu'un qu'on aime.
Dans Plateforme de Michel Houellebecq Le héros et narrateur se prénomme Michel et il a la quarantaine (c’est donc l’auteur s’écrieront ses contempteurs […] écrit Jérôme Garcin, dans le Nouvel observateur n° 1920 du 23/08/2001.
Dans un entretien avec Frédéric Martel (*), Michel Houellebecq affirme quant à lui que, bien que ce soit difficile à croire, à l'heure actuelle, il ne sait plus très bien ce qui, dans ses romans, relève de l'autobiographie. Il ajoute par ailleurs être très conscient que cela n'a aucune importance.
(*) «C'est ainsi que je fabrique mes livres», entretien de Michel Houellebecq avec Frédéric Martel, Nouvelle Revue Française, Paris, Gallimard, n° 548, janvier 1999.
Vous pouvez également lire cet article de Jérôme Meizoz pour tenter de tracer plus distinctement la frontière entre Houellebecq l'écrivain et Michel personnage.
Enfin nous laisserons la conclusion à John Irving, qui nous invite délicatement à laisser leur part d’ombre aux écrivains :
Dans la préface de son roman Le Monde selon Garp, John Irving prétend qu'un adulte qui lit un roman, «sauf à être désespérément inexpérimenté ou tout à fait innocent en la matière», est à même de comprendre qu'il n'importe guère de savoir dans quelle mesure le livre possède une dimension autobiographique. Pourtant, Irving reconnaît que les deux questions qui lui sont le plus souvent posées, bien qu'elles ne soient pas à ses yeux d'un «intérêt palpitant», sont les suivantes: «De quoi parle votre livre? Est-il autobiographique?» source
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