Question d'origine :
Dans quel contexte artistique de l'époque ce situe "l'ouvrier et la kolkhozienne" de vera moukhina?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 16/12/2014 à 16h44
Bonjour,
Les sources françaises sont peu nombreuses sur cette œuvre, alors même qu’elle fut créée pour le pavillon de l’Union soviétique de l’Exposition internationale de 1937 à Paris.
(Exposition internationale 1937).
La grande encyclopédie soviétique la qualifie de «standard du réalisme socialiste soviétique ». Le contexte artistique est donc celui-là, au moins en URSS :
« Le réalisme socialiste est la doctrine officielle dans le domaine de l'art en vigueur tant en U.R.S.S. que dans les pays directement soumis à son hégémonie politique. Cette doctrine a trouvé sa formulation complète au cours du premier congrès des écrivains soviétiques qui se tint à Moscou en août 1934. Le réalisme socialiste exige de l'artiste « une représentation véridique, historiquement concrète de la réalité dans son développement révolutionnaire. En outre, il doit contribuer à la transformation idéologique et à l'éducation des travailleurs dans l'esprit du socialisme ».
(Encyclopaedia universalis)
Le maître mot de cette conception artistique est le réalisme, c’est-à-dire un art figuratif, représentant le « réel », abandonnant les sujet bourgeois pour la représentation du travail et des classes laborieuses, de l’usine comme des champs (la faucille et le marteau), l’homme comme la femme (l’ouvrier et la kolkhozienne). Il s’agit d’un art qui doit être immédiatement accessible à tous.
« Si tant est qu'on puisse trouver une définition officielle satisfaisante de cette doctrine, c'est au Dictionnaire de philosophie, (Moscou, 1967) qu'il faut s'adresser ; le réalisme socialiste y est ainsi défini : « Son essence réside dans la fidélité à la vérité de la vie, aussi pénible qu'elle puisse être, le tout exprimé en images artistiques envisagées d'un point de vue communiste. Les principes idéologiques et esthétiques fondamentaux du réalisme socialiste sont les suivants : dévouement à l'idéologie communiste ; mettre son activité au service du peuple et de l'esprit de parti ; se lier étroitement aux luttes des masses laborieuses ; humanisme socialiste et internationalisme ; optimisme historique ; rejet du formalisme et du subjectivisme, ainsi que du primitivisme naturaliste. ».
« La doctrine du réalisme socialiste s'imposa avec d'autant plus de facilité qu'elle se présentait – mensongèrement – comme l'héritière d'une tradition nationale. Nombreux en effet avaient été, dans le courant du xixe siècle, les membres de l'intelligentsia russe pour qui l'art était chargé d'une lourde responsabilité sociale, qui prônaient la véracité aux dépens de l'esthétisme, et qui avaient tendance à faire de l'artiste une espèce de prophète social. Le roman de Tchernychevski Que faire ? exprime de façon typique cette attitude spontanée et, à l'époque, librement choisie. On s'explique ainsi qu'il fut possible, ultérieurement, de présenter comme des précurseurs du réalisme socialiste des écrivains comme Nekrassov, Pissarev, Dobrolioubov et des peintres comme Répine. »
« L'application de la doctrine aux différents arts produisit des effets variés et inégaux, et ne fut jamais quelque chose de parfaitement cohérent. Dans la mesure où ses significations échappaient à toute prise légale ou verbale, la musique se trouva moins atteinte que les autres arts. On trouve ainsi, parmi les œuvres de valeur qui affichaient leur accord avec le réalisme socialiste, la Symphonie no 5 de Chostakovitch et la Symphonie no 6 de Prokofiev. La peinture et la sculpture se révélèrent particulièrement vulnérables du fait, notamment, qu'elles furent contraintes de revenir à un académisme artificiel et prérévolutionnaire qui était étranger à toutes les traditions russes dans le domaine des arts visuels et qui avait été importé arbitrairement par Pierre le Grand. Des illustrations caractéristiques du réalisme socialiste en peinture sont offertes par des œuvres comme Staline et Vorochilov au Kremlin de Gherassimov, Vorochilov faisant du ski, de Brodski, Matin, de Yablonskaya. »
En 1937 en France où eut lieu la première présentation de l’œuvre monumentale, le contexte artistique était tout autre, comme ces volumes consacrés aux pavillons français de l’Exposition de 1937 pourront vous les détailler. L’art géométrique des Delaunay est à l’honneur notamment ; Dufy crée la Fée électricité. Dans le domaine architectural toutefois, les grandes puissances ont fait assaut de néoclassicisme, avec des bâtiments lourds et massifs (Exposition universelle de 1937, wikipédia).
Source :
(Encyclopaedia universalis) – A lire complètement ; voyez la bibliographie.
Bonne journée.
Les sources françaises sont peu nombreuses sur cette œuvre, alors même qu’elle fut créée pour le pavillon de l’Union soviétique de l’Exposition internationale de 1937 à Paris.
(Exposition internationale 1937).
La grande encyclopédie soviétique la qualifie de «standard du réalisme socialiste soviétique ». Le contexte artistique est donc celui-là, au moins en URSS :
« Le réalisme socialiste est la doctrine officielle dans le domaine de l'art en vigueur tant en U.R.S.S. que dans les pays directement soumis à son hégémonie politique. Cette doctrine a trouvé sa formulation complète au cours du premier congrès des écrivains soviétiques qui se tint à Moscou en août 1934. Le réalisme socialiste exige de l'artiste « une représentation véridique, historiquement concrète de la réalité dans son développement révolutionnaire. En outre, il doit contribuer à la transformation idéologique et à l'éducation des travailleurs dans l'esprit du socialisme ».
(Encyclopaedia universalis)
Le maître mot de cette conception artistique est le réalisme, c’est-à-dire un art figuratif, représentant le « réel », abandonnant les sujet bourgeois pour la représentation du travail et des classes laborieuses, de l’usine comme des champs (la faucille et le marteau), l’homme comme la femme (l’ouvrier et la kolkhozienne). Il s’agit d’un art qui doit être immédiatement accessible à tous.
« Si tant est qu'on puisse trouver une définition officielle satisfaisante de cette doctrine, c'est au Dictionnaire de philosophie, (Moscou, 1967) qu'il faut s'adresser ; le réalisme socialiste y est ainsi défini : « Son essence réside dans la fidélité à la vérité de la vie, aussi pénible qu'elle puisse être, le tout exprimé en images artistiques envisagées d'un point de vue communiste. Les principes idéologiques et esthétiques fondamentaux du réalisme socialiste sont les suivants : dévouement à l'idéologie communiste ; mettre son activité au service du peuple et de l'esprit de parti ; se lier étroitement aux luttes des masses laborieuses ; humanisme socialiste et internationalisme ; optimisme historique ; rejet du formalisme et du subjectivisme, ainsi que du primitivisme naturaliste. ».
« La doctrine du réalisme socialiste s'imposa avec d'autant plus de facilité qu'elle se présentait – mensongèrement – comme l'héritière d'une tradition nationale. Nombreux en effet avaient été, dans le courant du xixe siècle, les membres de l'intelligentsia russe pour qui l'art était chargé d'une lourde responsabilité sociale, qui prônaient la véracité aux dépens de l'esthétisme, et qui avaient tendance à faire de l'artiste une espèce de prophète social. Le roman de Tchernychevski Que faire ? exprime de façon typique cette attitude spontanée et, à l'époque, librement choisie. On s'explique ainsi qu'il fut possible, ultérieurement, de présenter comme des précurseurs du réalisme socialiste des écrivains comme Nekrassov, Pissarev, Dobrolioubov et des peintres comme Répine. »
« L'application de la doctrine aux différents arts produisit des effets variés et inégaux, et ne fut jamais quelque chose de parfaitement cohérent. Dans la mesure où ses significations échappaient à toute prise légale ou verbale, la musique se trouva moins atteinte que les autres arts. On trouve ainsi, parmi les œuvres de valeur qui affichaient leur accord avec le réalisme socialiste, la Symphonie no 5 de Chostakovitch et la Symphonie no 6 de Prokofiev. La peinture et la sculpture se révélèrent particulièrement vulnérables du fait, notamment, qu'elles furent contraintes de revenir à un académisme artificiel et prérévolutionnaire qui était étranger à toutes les traditions russes dans le domaine des arts visuels et qui avait été importé arbitrairement par Pierre le Grand. Des illustrations caractéristiques du réalisme socialiste en peinture sont offertes par des œuvres comme Staline et Vorochilov au Kremlin de Gherassimov, Vorochilov faisant du ski, de Brodski, Matin, de Yablonskaya. »
En 1937 en France où eut lieu la première présentation de l’œuvre monumentale, le contexte artistique était tout autre, comme ces volumes consacrés aux pavillons français de l’Exposition de 1937 pourront vous les détailler. L’art géométrique des Delaunay est à l’honneur notamment ; Dufy crée la Fée électricité. Dans le domaine architectural toutefois, les grandes puissances ont fait assaut de néoclassicisme, avec des bâtiments lourds et massifs (Exposition universelle de 1937, wikipédia).
(Encyclopaedia universalis) – A lire complètement ; voyez la bibliographie.
Bonne journée.
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