Question d'origine :
Bonjour, Dans la fable "Les frelons et les mouches à miel" je ne comprends pas le vers suivant: "Et la guêpe adjugea le miel à leurs parties". Est-ce qu'elle adjuge le miel aux abeilles ou aux frelons?
Merci!
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 17/01/2015 à 12h00
La fable de Jean de La Fontaine Les frelons et les mouches à miel (I, 21, 1668) est une critique de la manière dont était pratiquée la justice du temps de l’auteur : longueurs inutiles et analyses se perdant dans des considérations qui ne tiennent pas compte des données objectives…
Des frelons réclament un rayon de miel abandonné, mais les abeilles le revendiquent. Une guêpe est prise comme juge. Suite à de longues et stériles tergiversations une abeille finit par proposer de faire travailler abeilles et frelons pour démontrer qui est capable de faire le miel. Le refus des frelons prouve qu’ils en sont incapables.
"De grâce, à quoi bon tout ceci?
Dit une Abeille fort prudente,
(…) Travaillons, les Frelons et nous:
On verra qui sait faire, avec un suc si doux,
Des cellules si bien bâties."
Le refus des Frelons fit voir
Que cet art passait leur savoir;
Et la Guêpe adjugea le miel à leurs parties.
Le problème est réglé et la morale en appelle au bon sens… (Plût à Dieu qu'on réglât ainsi tous les procès! ( …) Le simple sens commun nous tiendrait lieu de Code)
Mais au profit de qui le problème est-il réglé ?
Aucun des commentaires que nous avons trouvés ne fait référence à l’ambigüité de la phrase :
Le refus des Frelons fit voir
Que cet art passait leur savoir;
Et la Guêpe adjugea le miel à leurs parties.
Si on la prend hors contexte, il semble que les frelons remportent le miel, « leurs parties » faisant évidemment référence à ceux qui sont cités en début de phrase.
Mais cela entre en contradiction avec la morale de l’histoire (et la morale en général) :
Plût à Dieu qu'on réglât ainsi tous les procès!
Que des Turcs en cela l'on suivît la méthode!
Le simple sens commun nous tiendrait lieu de Code;
Il ne faudrait point tant de frais;
Au lieu qu'on nous mange, on nous gruge,
On nous mine par des longueurs;
On fait tant, à la fin, que l'huître est pour le juge,
Les écailles pour les plaideurs.
qui semble bien affirmer que le bon droit a été respecté et que ce sont évidemment les abeilles qui ont eu gain de cause… (elles sont d’ailleurs citées dans la phrase qui précède celle qui nous pose problème)
A priori, tout un chacun, lisant la fable dans la continuité est poussé à comprend les choses ainsi.
L’ambiguïté est-elle voulue par La Fontaine souhaitant signifier que l’ineptie de la justice qu’il décrit n’a pas de bornes ?
Il ne nous appartient pas d’en décider.
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