Monarchie absolue / Monarchie absolue de droit divin
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 11/02/2015 à 13h20
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Question d'origine :
Bonjour, j'aimerais savoir si TOUS les rois absolus qu'a connu la France étaient "de droit divin", si non, pourquoi? et quelle est la différence, dans ce cas ?
Merci.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 13/02/2015 à 11h30
Bonjour,
Il convient de préciser à la fois ce qu'on entend par monarchie absolue puis ce qu'est le droit divin, deux concepts controversés et difficiles à poser.
Le terme absolutisme est principalement utilisé pour qualifier la monarchie française des XVIIe et XVIIIe siècle, appelée également monarchie absolue.
Mais il n'est apparu qu'à la Révolution française, en 1797, huit ans par conséquent après la disparition de l'Ancien Régime.
"La révolution baptise ce qu'elle abolit".
Il désignait alors un système de gouvernement où le pouvoir du souverain demeure sans limite. Pourtant le pouvoir du roi n'était pas sans freins. Au premier rang figure la loi de Dieu, seule puissance véritablement absolue, ainsi que le droit naturel, les droits écrit et coutumier, les lois fondamentales du royaume. La tentation absolutiste des souverains devait toujours composer avec les états provinciaux, les parlements, les corps constitués, et tenir compte des coutumes, des libertés, des privilèges : rien de moins tyrannique ni arbitraire que cette monarchie bien tempérée dans la pratique.
Mais il est admis d'affirmer que l'épanouissement de ce qu'on appelle la monarchie absolue s'étend sur les deux derniers siècles de l'Ancien Régime et trouve son apogée avec le modèle louis-quatorzien.
La monarchie française se veut une monarchie sacrée ; la notion de droit divin étant en réalité un héritage de l'époque médiévale :
"Depuis Clovis, les rois, couronnés ordinairement à Reims, reçoivent l'onction de la sainte ampoule, qui, selon une tradition légendaire, a été apportée du Ciel par l'Esprit saint sous forme d'une colombe. Sitôt le sacre accompli, le monarque dispose d'un pouvoir surnaturel, celui de guérir les écrouelles. Le sacre ne crée pas le roi, mais il manifeste la puissance de l'élection divine en lui. Dès la mort de son prédécesseur, il devient roi "par la grâce de Dieu". Cet ancrage au Ciel lui donne un atout considérable, qui le situe au-dessus des grands et de tous les corps du royaume. Lui désobéir, dira Bossuet, c'est commettre un sacrilège !"
"A l'origine de cette idée se trouve la pensée de Saint Paul selon laquelle "tout provient de Dieu". Mais cette transmission peut être comprise de deux façons : soit par un médiateur qui est le peuple -hypothèse des penseurs médiévaux - soit directement. C'est précisément la deuxième tendance qui s'affirme fin XVIe."
"C'est entre le XVIe et le XVIIe siècle que se cristallise en effet la théorie de la monarchie de droit divin telle que nous l'entendons aujourd'hui, à savoir que le pouvoir du roi vient directement et immédiatement de Dieu, sans l'intermédiaire du peuple, et qu'il n'est responsable que devant Dieu."
La théorie du droit divin entend conférer une signification plus politique que théologique à la formule de Saint Paul comme certaines oraisons prononcées au cours du sacre, de sorte qu'elles indiquent clairement que le Roi reçoit le royaume directement de la volonté divine. Entre le Roi et Dieu il n'est de place pour personne : ni le peuple ni le pape ne constituent le prince.
Au XVIIe siècle, après la terrible déchirure des guerres de Religion, la croyance en la sacralité du prince fait de lui l'unique source du droit, ce qui tend à assimiler le légitime au légal.
Cette idée de monarchie absolue de droit divin culminera ainsi avec le règne de Louis XIV (1674-1715) à Versailles où les signes de la divinisation de l'institution et de la personne royales sont multiples. Souverain, dit de droit divin, il n'était redevable de ses actes que devant Dieu.
Nous vous laisserons consulter les écrits de Bossuet qui décrit la "religion du roi" ainsi que les documents suivants qui constituent lasource de cette introduction :
- La monarchie absolue n'aura qu'un temps La Révolution - par Jean-Christian Petitfils dans Spécial n°81 daté janvier 2003 à la page 6
- Louis XIV ou la religion royale L'histoire mensuel n°289 daté juillet 2004 à la page 30
- Dictionnaire de l'Ancien Régime / Anne Conchon, Bruno Maes, Isabelle Paresys ; sous la dir. de Robert Muchembled
- Dictionnaire de l'Ancien Régime : royaume de France XVIe-XVIIIe siècle / sous la dir.de Lucien Bély
- Pierre-Robert LECLERCQ, « DROIT DIVIN », Encyclopædia Universalis
Pour approfondir le sujet :
- Le roi de guerre : essai sur la souveraineté dans la France du Grand Siècle / Joël Cornette
- Le prince absolu : apogée et déclin de l'imaginaire monarchique / Arlette Jouanna
- Les rois absolus : 1629-1715/ Hervé Drévillon; ouvrage dirigé par Joël Cornette
- L'absolutisme en France : histoire et historiographie / Fanny Cosandey, Robert Descimon
- ressources château de Versailles
Bonne journée.
Il convient de préciser à la fois ce qu'on entend par monarchie absolue puis ce qu'est le droit divin, deux concepts controversés et difficiles à poser.
Le terme absolutisme est principalement utilisé pour qualifier la monarchie française des XVIIe et XVIIIe siècle, appelée également monarchie absolue.
Mais il n'est apparu qu'à la Révolution française, en 1797, huit ans par conséquent après la disparition de l'Ancien Régime.
"La révolution baptise ce qu'elle abolit".
Il désignait alors un système de gouvernement où le pouvoir du souverain demeure sans limite. Pourtant le pouvoir du roi n'était pas sans freins. Au premier rang figure la loi de Dieu, seule puissance véritablement absolue, ainsi que le droit naturel, les droits écrit et coutumier, les lois fondamentales du royaume. La tentation absolutiste des souverains devait toujours composer avec les états provinciaux, les parlements, les corps constitués, et tenir compte des coutumes, des libertés, des privilèges : rien de moins tyrannique ni arbitraire que cette monarchie bien tempérée dans la pratique.
Mais il est admis d'affirmer que l'épanouissement de ce qu'on appelle la monarchie absolue s'étend sur les deux derniers siècles de l'Ancien Régime et trouve son apogée avec le modèle louis-quatorzien.
La monarchie française se veut une monarchie sacrée ; la notion de droit divin étant en réalité un héritage de l'époque médiévale :
"Depuis Clovis, les rois, couronnés ordinairement à Reims, reçoivent l'onction de la sainte ampoule, qui, selon une tradition légendaire, a été apportée du Ciel par l'Esprit saint sous forme d'une colombe. Sitôt le sacre accompli, le monarque dispose d'un pouvoir surnaturel, celui de guérir les écrouelles. Le sacre ne crée pas le roi, mais il manifeste la puissance de l'élection divine en lui. Dès la mort de son prédécesseur, il devient roi "par la grâce de Dieu". Cet ancrage au Ciel lui donne un atout considérable, qui le situe au-dessus des grands et de tous les corps du royaume. Lui désobéir, dira Bossuet, c'est commettre un sacrilège !"
"A l'origine de cette idée se trouve la pensée de Saint Paul selon laquelle "tout provient de Dieu". Mais cette transmission peut être comprise de deux façons : soit par un médiateur qui est le peuple -hypothèse des penseurs médiévaux - soit directement. C'est précisément la deuxième tendance qui s'affirme fin XVIe."
"C'est entre le XVIe et le XVIIe siècle que se cristallise en effet la théorie de la monarchie de droit divin telle que nous l'entendons aujourd'hui, à savoir que le pouvoir du roi vient directement et immédiatement de Dieu, sans l'intermédiaire du peuple, et qu'il n'est responsable que devant Dieu."
La théorie du droit divin entend conférer une signification plus politique que théologique à la formule de Saint Paul comme certaines oraisons prononcées au cours du sacre, de sorte qu'elles indiquent clairement que le Roi reçoit le royaume directement de la volonté divine. Entre le Roi et Dieu il n'est de place pour personne : ni le peuple ni le pape ne constituent le prince.
Au XVIIe siècle, après la terrible déchirure des guerres de Religion, la croyance en la sacralité du prince fait de lui l'unique source du droit, ce qui tend à assimiler le légitime au légal.
Cette idée de monarchie absolue de droit divin culminera ainsi avec le règne de Louis XIV (1674-1715) à Versailles où les signes de la divinisation de l'institution et de la personne royales sont multiples. Souverain, dit de droit divin, il n'était redevable de ses actes que devant Dieu.
Nous vous laisserons consulter les écrits de Bossuet qui décrit la "religion du roi" ainsi que les documents suivants qui constituent la
- La monarchie absolue n'aura qu'un temps La Révolution - par Jean-Christian Petitfils dans Spécial n°81 daté janvier 2003 à la page 6
- Louis XIV ou la religion royale L'histoire mensuel n°289 daté juillet 2004 à la page 30
- Dictionnaire de l'Ancien Régime / Anne Conchon, Bruno Maes, Isabelle Paresys ; sous la dir. de Robert Muchembled
- Dictionnaire de l'Ancien Régime : royaume de France XVIe-XVIIIe siècle / sous la dir.de Lucien Bély
- Pierre-Robert LECLERCQ, « DROIT DIVIN », Encyclopædia Universalis
Pour approfondir le sujet :
- Le roi de guerre : essai sur la souveraineté dans la France du Grand Siècle / Joël Cornette
- Le prince absolu : apogée et déclin de l'imaginaire monarchique / Arlette Jouanna
- Les rois absolus : 1629-1715/ Hervé Drévillon; ouvrage dirigé par Joël Cornette
- L'absolutisme en France : histoire et historiographie / Fanny Cosandey, Robert Descimon
- ressources château de Versailles
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