Question d'origine :
Bonjour,
je voudrais savoir si il existait une symbolique plus ou moins universel de la haine, en effet après un certains nombre de recherche je vois que ce n'est pas une émotion ayant une réel representation universel au contraire de l'amour. Ou au pire les symboliques qu'elle arbore dans les grandes civilisation latine (ou d'autre si vous en avez personnellement connaissance !)
Est elle aussi présente qu'elle dans les récit ancien que l'amour aussi ? en y pensant on n'en parle que peut de mémoire dans la mythologie si je ne me trompe.
au plaisir, merci d'avance !
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 17/02/2015 à 10h09
Vous vous interrogez sur l’existence ou non d’une symbolique plus ou moins universelle de la haine, sur la place qu’elle tient dans les récits anciens.
Vous pourriez utilement consulter l’article « Haine » du Dictionnaire culturel en langue française
Il permet d’aborder toutes les dimensions qui se greffent sur les définitions de ce mot.
Quelques extraits se reliant plus spécifiquement à vos interrogations :
« Dès l’antiquité, la colère, sous des formes diverses – qu’elle vienne des dieux ou de la nature humaine- est conçue comme un moteur capable d’éliminer du cœur humain tout autre affect que cette projection négative « sur une cause extérieure » ( Spinoza) qu’on appelle d’un mot à traduire en français par haine :
« […] fallait-il, pauvre femme
Que le courroux si lourdement s’abattit sur ton cœur
En y laissant subsister que la haine ?
Qui du sang des siens à souiller la terre
Reste marqué par la souillure,
Et les dieux en écho du crime
Renvoient aux misons des souffrances égales »
Euripide, Médée,
Trad M Delcourt-Curvers dans Théatre, p 189
Colère et courroux peuvent venir du profond de l’être humain mais aussi des dieux ; toutefois la haine est humaine, et c’est pour le coeur humain, un poison, cause de mal et de douleur :
« Car le poison de la haine qui tient le cœur
Cause à celui que le mal atteint une double souffrance :
Ses propres maux sont accrus
Et le bonheur d’un autre que lui est là. »
Eschyle, L’Orestie
« Agamemnon », trad Paul Claudel p 886
L’une des caractéristiques de la haine, sentiment universel exprimé de cent manières, est que ses implications sur le comportement ne sont ni spécifiées ni même suggérées, à la différence de l’agressivité ou de l’hostilité. Il en résulte que le parallélisme des contraires, amour et haine, est un leurre.
Ces deux sentiments, cependant, ont été pris par les mythes, sur le thème du pouvoir d’un dieu ou d’une impuissance imposant au « cœur » humain attitudes et comportements. Mais il n’existe pas pour la haine de personnification comparable à celle d’Eros ou de Cupidon, ni de Vénus : on invoque plutôt la force abstraite du destin, ou Thanatos, la pulsion de mort :
« Et l’inexorable Ciel
La sourde tyrannie du Destin
Le principe tout puissant de la haine
Qui pour son plaisir crée
Les êtres qu’il peut anéantir,
T’ont refusé même le bienfait de la mort[…] »
Lord Byron, Prométhée, trad . par P Messiaen
Dans les Romantiques anglais p 617
Nous vous laissons le soin d’aller plus loin dans la lecture de cet article pour approfondir.
Il en ressort donc que la « haine » est très présente dans les civilisations grecques et latines par exemple et dans les grands mythes de ces civilisations :
- Le Styx
- Les Erynies
- Plus généralement, La tragédie des Atrides
Bien sûr, la question de la haine a été abordée de nombreux autres points de vue que celui de la mythologie. Si ces autres regards vous intéressent, nous pouvons vous conseiller quelques ouvrages :
- Haine(s) : Philosophie et politique
- Les philosophes et la haine
- Emotions et cognitions
- L’expression des émotions chez l’homme et les animaux
Ces thèses ont été controversées par exemple :
Darwin aurait tort : l’expression faciale des émotions n'est pas universelle
Bonne lecture donc...
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