troupes serbes à Lyon 14 - 18
Le 24/02/2015 à 15h36
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Question d'origine :
Bonjour,
je cherche des informations sur le passage d'unité serbes à Lyon pendant la grande Guerre. Je possède une photos représentant des militaires (qui ressemblent à des serbes) avec le maire Edouard Herriot devant la mairie.
D'avance merci.
Cordialement.
Roland
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 26/02/2015 à 10h27
Bonjour,
Nos recherches ont rapidement mené vers une image sur Internet qui est sans doute la photo en votre possession.
Une précédente question au guichet du savoir avait donné lieu à une réponse sur les liens entre la Serbie et la France au cours du premier conflit mondial. Ces liens forts ont notamment donné lieu à une Journée Serbe le 25 juin 1916. Plusieurs affiches et photos concernant cette journée sont présentes sur Numélyo, notamment celle montrant un blessé serbe à Lyon. D'autre part, en 1917, au Palais du Commerce de Lyon s’est tenue une "Exposition serbe des arts et des travaux du foyer au profit des prisonniers et internés serbes".
Mais visiblement, les troupes sur cette photo sont des militaires, sans doute ceux cités dans cet article dans le catalogue de notre exposition 14-18 Lyon sur tous les fronts. Extrait du catalogue d’exposition concernant les prisonniers et blessés, page 53 :
Le 25 février 1915, en prévision du premier échange de prisonniers mutilés, des convois ferrés acheminent des Allemands sur Lyon, depuis des camps disséminés sur tout le territoire national et même du Maroc. Outre l’acheminement de ces Allemands sur Lyon, il faut organiser leur arrivée dans la ville, leurs déplacements, leur logement et leur sécurité. Il faut ensuite coordonner leurs flux entre le moment de leur arrivée (souvent à la gare de Perrache) et leur départ par la gare des Brotteaux. Les grands blessés sont transportés en ambulance de la Croix-Rouge, alors que les sanitaires, qui sont valides, circulent en procession depuis la gare jusqu’à leur lieu d’internement, puis de ce lieu jusqu’à la gare des Brotteaux le jour du départ. Ces déplacements inquiètent les autorités militaires, qui demandent l’aide de la police lors de chaque mouvement. Quand le choix des "rapatriables" vers leur pays ou des "internables" en Suisse est finalisé par les médecins suisses, il faut organiser le départ de la navette entre Lyon et Constance. En 1915 et 1916, le train de blessés français arrive à la gare des Brotteaux à 8h35 et les Allemands partent par ce même train à 16h25. Cependant les modalités sont très différentes entre le train du matin fêté en grande pompe et le départ des Allemands qui se déroule dans une gare évacuée depuis 13h30, "dans le plus strict incognito". L’arrivée des Français se fait au-devant de la gare, sur la large place Jules Ferry, alors que l’entrée des Allemands se fait par l’étroite rue Béranger à l’arrière du bâtiment. Outre les Allemands et les Français, on compte des étrangers parmi les rapatriés : ce sont des militaires alliés qui profitent d’accords intergouvernementaux (Serbes, Britanniques, mais surtout des Belges). Si l’on excepte le cas des corps sanitaires, les témoignages insistent sur l’aspect impressionnant du défilé des amputés.
Nous avons également réalisé une carte de Lyon pendant la guerre : une notice concerne le quai de Serbie à Lyon :
En 1908, la Bosnie-Herzégovine fut annexée à l'Autriche-Hongrie et les Serbes avaient compris l'avertissement: il fallait se préparer aux luttes prochaines et s'allier avec la Russie, la France et l'Angleterre. Après l'assassinat de Sarajevo, la France entre en guerre à ses côtés. L'année 1914 fut pour eux une année victorieuse: après avoir livré une bataille sans merci sur le Mont Cer au mois d'août, les Serbes sortirent vainqueurs malgré la perte de 16 000 hommes. L'année suivante, la conquête de la Serbie apparaissait comme un intérêt stratégique majeur pour les Empires centraux. L'occupation austro-allemande qui suivit cette invasion est décrite en des termes particulièrement cruels. Le secrétaire général du Comité "L'effort de la France et de ses Alliés", Paul Labbé, écrit en ce sens: " On n'eut de pitié pour personne; les Autrichiens réservèrent à la population civile les plus terribles supplices; on tua [...] à coup de fusils, de baïonnettes, de couteaux, de crosses, de bâtons; on lapida, on dépeça, on pendit, on brûla, on enterra vivant; on creva des yeux, on coupa des nez, des oreilles, des seins, et je passe sous silence d'autres supplices encore plus infamants." Dans ce discours, on voit que les membres du gouvernement français veulent montrer qu'ils prennent pitié des horreurs subies par leur Alliés et qu'ils font preuve d'empathie pour ce peuple, également décimé par le typhus. "Heureusement pour les soldats serbes, la France veillait, la France était là; c'est elle qui les attendait et qui les secourut", ajoute-t-il afin de montrer le rôle selon lui indispensable de la France. Ainsi, M.Morel, ancien ministre français, termine son discours de 1916 avec la promesse suivante: "Serbes et Français, jurons nous une amitié éternelle. Et comme gage de cette affection mutuelle, qu'un même cri, unanime et retentissant, jaillisse de nos poitrines: "Vive la Serbie! Vive la France!". Une journée serbe est organisée afin de marquer la solidarité envers ces alliés. A Lyon, des soldats serbes sont rapatriés et arrivent à la gare des Brotteaux le 21 juillet 1917. Pour témoigner de cette amitié, le quai de l'Est est renommé "quai de Serbie" le 23 décembre 1918 en l'honneur de cette nation alliée.
D’autres documents ont été consultés mais sans plus de rensignements :
L’effort Serbe / Paul Labbé, 1916
Lyon pendant la Guerre / Edouard Herriot, 1925
La Serbie, du martyre à la victoire 1914-1918 / Frédéric Le Moal
Nos recherches ont rapidement mené vers une image sur Internet qui est sans doute la photo en votre possession.
Une précédente question au guichet du savoir avait donné lieu à une réponse sur les liens entre la Serbie et la France au cours du premier conflit mondial. Ces liens forts ont notamment donné lieu à une Journée Serbe le 25 juin 1916. Plusieurs affiches et photos concernant cette journée sont présentes sur Numélyo, notamment celle montrant un blessé serbe à Lyon. D'autre part, en 1917, au Palais du Commerce de Lyon s’est tenue une "Exposition serbe des arts et des travaux du foyer au profit des prisonniers et internés serbes".
Mais visiblement, les troupes sur cette photo sont des militaires, sans doute ceux cités dans cet article dans le catalogue de notre exposition 14-18 Lyon sur tous les fronts. Extrait du catalogue d’exposition concernant les prisonniers et blessés, page 53 :
Le 25 février 1915, en prévision du premier échange de prisonniers mutilés, des convois ferrés acheminent des Allemands sur Lyon, depuis des camps disséminés sur tout le territoire national et même du Maroc. Outre l’acheminement de ces Allemands sur Lyon, il faut organiser leur arrivée dans la ville, leurs déplacements, leur logement et leur sécurité. Il faut ensuite coordonner leurs flux entre le moment de leur arrivée (souvent à la gare de Perrache) et leur départ par la gare des Brotteaux. Les grands blessés sont transportés en ambulance de la Croix-Rouge, alors que les sanitaires, qui sont valides, circulent en procession depuis la gare jusqu’à leur lieu d’internement, puis de ce lieu jusqu’à la gare des Brotteaux le jour du départ. Ces déplacements inquiètent les autorités militaires, qui demandent l’aide de la police lors de chaque mouvement. Quand le choix des "rapatriables" vers leur pays ou des "internables" en Suisse est finalisé par les médecins suisses, il faut organiser le départ de la navette entre Lyon et Constance. En 1915 et 1916, le train de blessés français arrive à la gare des Brotteaux à 8h35 et les Allemands partent par ce même train à 16h25. Cependant les modalités sont très différentes entre le train du matin fêté en grande pompe et le départ des Allemands qui se déroule dans une gare évacuée depuis 13h30, "dans le plus strict incognito". L’arrivée des Français se fait au-devant de la gare, sur la large place Jules Ferry, alors que l’entrée des Allemands se fait par l’étroite rue Béranger à l’arrière du bâtiment. Outre les Allemands et les Français, on compte des étrangers parmi les rapatriés : ce sont des militaires alliés qui profitent d’accords intergouvernementaux (Serbes, Britanniques, mais surtout des Belges). Si l’on excepte le cas des corps sanitaires, les témoignages insistent sur l’aspect impressionnant du défilé des amputés.
Nous avons également réalisé une carte de Lyon pendant la guerre : une notice concerne le quai de Serbie à Lyon :
En 1908, la Bosnie-Herzégovine fut annexée à l'Autriche-Hongrie et les Serbes avaient compris l'avertissement: il fallait se préparer aux luttes prochaines et s'allier avec la Russie, la France et l'Angleterre. Après l'assassinat de Sarajevo, la France entre en guerre à ses côtés. L'année 1914 fut pour eux une année victorieuse: après avoir livré une bataille sans merci sur le Mont Cer au mois d'août, les Serbes sortirent vainqueurs malgré la perte de 16 000 hommes. L'année suivante, la conquête de la Serbie apparaissait comme un intérêt stratégique majeur pour les Empires centraux. L'occupation austro-allemande qui suivit cette invasion est décrite en des termes particulièrement cruels. Le secrétaire général du Comité "L'effort de la France et de ses Alliés", Paul Labbé, écrit en ce sens: " On n'eut de pitié pour personne; les Autrichiens réservèrent à la population civile les plus terribles supplices; on tua [...] à coup de fusils, de baïonnettes, de couteaux, de crosses, de bâtons; on lapida, on dépeça, on pendit, on brûla, on enterra vivant; on creva des yeux, on coupa des nez, des oreilles, des seins, et je passe sous silence d'autres supplices encore plus infamants." Dans ce discours, on voit que les membres du gouvernement français veulent montrer qu'ils prennent pitié des horreurs subies par leur Alliés et qu'ils font preuve d'empathie pour ce peuple, également décimé par le typhus. "Heureusement pour les soldats serbes, la France veillait, la France était là; c'est elle qui les attendait et qui les secourut", ajoute-t-il afin de montrer le rôle selon lui indispensable de la France. Ainsi, M.Morel, ancien ministre français, termine son discours de 1916 avec la promesse suivante: "Serbes et Français, jurons nous une amitié éternelle. Et comme gage de cette affection mutuelle, qu'un même cri, unanime et retentissant, jaillisse de nos poitrines: "Vive la Serbie! Vive la France!". Une journée serbe est organisée afin de marquer la solidarité envers ces alliés. A Lyon, des soldats serbes sont rapatriés et arrivent à la gare des Brotteaux le 21 juillet 1917. Pour témoigner de cette amitié, le quai de l'Est est renommé "quai de Serbie" le 23 décembre 1918 en l'honneur de cette nation alliée.
D’autres documents ont été consultés mais sans plus de rensignements :
L’effort Serbe / Paul Labbé, 1916
Lyon pendant la Guerre / Edouard Herriot, 1925
La Serbie, du martyre à la victoire 1914-1918 / Frédéric Le Moal
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 26/02/2015 à 13h11
Nous avons consulté :
-Le Progrès de Lyon du dimanche 22 juillet 1917.
Dans celui-ci se trouve un petit article intitulé : « Réception de blessés serbes »
L’article indique qu’il y a eu à la gare des Brotteaux, avec le cérémonial habituel, réception de 350 blessés ou malades serbes, cérémonie à laquelle assistait, entre autres, Edouard Herriot.
Les grands blessés ont ensuite défilé en automobile sur la place Jules Ferry et se sont rendus au Pré-aux-Clercs où on leur avait préparé un déjeuner.
-Le Salut public sur lequel nous pouvons faire des recherches par mots-clés dans la base numérisée. Plusieurs articles de 1917 relatent les cérémonies organisées en l’honneur de l’arrivée des blessés, dont les serbes.
Dans le numéro du 27/1/1932, on peut lire :
Chronique des anciens combattants
Fédération des Sociétés d’anciens militaires et d’anciens combattants de Lyon et de la région :
Une séance cinématographique dont l’entrée sera entièrement gratuite aura lieu le samedi 30 janvier au Palais de la Bourse, salle des réunions industrielles.
On pourra voir passer sur l’écran, l’inauguration du monument aux morts, les diverses manifestations des 1er et 11 novembre, l’arrivée des serbes à Lyon, notre concours de boules, le banquet du 414e, du 222e, etc. La soirée sera très intéressante. (…)
Vous pouvez consulter cette base en salle de documentation Lyon et Rhône-Alpes, à la bibliothèque de la Part-Dieu.
Consultés en vain :
- La Serbie à travers la grande guerre / par Milenko R. Vesnitch
- 14-18 : la première guerre mondiale à Lyon et dans le Rhône
- Lyon 14/18 : Lyon et sa région dans la Grande Guerre / publié par le Service départemental de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre et par le Musée d'histoire militaire de Lyon.
Cette brochure a accompagné l'exposition "Lyon et sa région dans la Grande Guerre" réalisée en 2008 par le Musée d'histoire militaire de Lyon. Vous pourriez contacter aussi ce musée.
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