Question d'origine :
Bonjour,
en discutant avec un collègue de travail ce matin, une question survient. Le muguet est présent tout le long du mois de mai. Pourquoi le vendre le 1er mai en particulier? Existe-t-il un lien entre ce jour férié et la plante? Où s'agit-il d'un tout autre lien?
Merci d'avance pour votre réponse et bon premier mai!
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 30/04/2015 à 10h08
Bonjour,
Le fait d’offrir une fleur ou plante pour le 1er mai remonte au Moyen-âge, l’historienne Nadine Crétin, dans un article du Nouvel obs, relate l’histoire de cette pratique :
« La fête du 1er mai a une histoire bien plus ancienne qu'il n’y paraît. Elle est en quelque sorte le pendant printanier de la nuit d’Halloween (anciennement "Samain"). Cette fête de "Belteine" a elle aussi des origines celtes. Elle célébrait l’ouverture de la saison chaude, tandis que Samain ouvrait la saison froide. Lors de ces nuits magiques et dangereuses, le monde des morts se confondait avec celui des vivants.
En Suède ou en Finlande, pour cette nuit de Walpurgis (le nom actuel de Belteine), les fillettes se déguisent encore en petites sorcières aux joues rouges avec des foulards fleuris et font du porte à porte dans l’espoir de récolter des friandises. Tout comme Noël, le carnaval et les fêtes de Pâques, le 1er Mai est un moment de passage marqué par des quêtes enfantines.
Aujourd’hui, un grand nombre des coutumes se sont entremêlées avec le temps. Mais quelles que soient les traditions du 1er mai, elles ont en commun de mettre à l’honneur la végétation.
Une branche de cerisier pour les filles volages
Dans de nombreuses régions, en Alsace et en Franche-Comté par exemple, un rituel bien répandu consistait à "poser le mai" devant la porte des jeunes filles à marier qui trouvaient au petit matin un arbre ou une simple branche placée près de leurs maisons par les jeunes gens.
Chaque branche déposée avait une signification bien particulière. Ainsi, si une jeune femme recevait une branche de charme, cela signifiait qu’elle était "charmante" ; une branche d’aubépine indiquait qu’elle avait du "caractère". En revanche, si elle retrouvait du cerisier devant sa porte, cela voulait dire qu’elle était "volage".
Pour éviter les commérages, il arrivait aux mères de décrocher les branches injurieuses visant leur fille, avant le lever du jour !
Le mai collectif est un arbre provisoirement planté sur la place du village (souvent un bouleau), que les jeunes gens décorent de rubans, d’une couronne de verdure et de fleurs en papier crépon en l’honneur des jeunes filles de leur âge.
Cette coutume a disparu dans les années 1950/1960 notamment avec l’exode rural et la disparition de certaines traditions villageoises. »
Offrir une plante le 1er mai est donc une tradition ancienne, mais pourquoi a-t-on choisi le muguet ?
L’ouvrage Petit manuel des traditions et coutumes ou l’histoire des fêtes au fil des mois consacre quelques pages au 1er mai et au choix du muguet :
« Un petit brin de bonheur :
La forte odeur de musc qui émane de la fleur lui a tout d’abord valu le nom de « muguette » et enfin, muguet.
Appelée « lis des vallées » mais aussi « gazon de Parnasse », cette petite fleur aux clochettes délicates aurait été, selon la légende, créée par Apollon, dieu du mont Parnasse, afin que les muses qui l’entouraient puissent fouler ce doux tapis sans se blesser.
Autre légende ? Au moment de la création du monde, cette fleur ornait les deux côtés de la porte du paradis.
A chaque fois qu’un brave homme la franchissait, tintaient ses clochettes à même d’identifier les vertus des bonnes âmes… Au Moyen Age, le mois de mai était celui des « accordailles », autrement dit des « fiançailles » et la fleur, celle des rencontres amoureuses. On suspendait un brin au-dessus de la porte de la bien-aimée. Longtemps furent organisés en Europe des « bals du muguet ». C’était d’ailleurs l’un des seuls bals de l’année où les parents n’étaient pas autorisés à jouer les chaperons.
Mais ce n’est que le 1er mai 1561 que le roi Charles IX officialisa les choses. Ayant reçu à cette date un brin de muguet comme porte-bonheur, il en offrit chaque année aux dames de la cour. La tradition était née. »
Votre question est au cœur de l’actualité car plusieurs articles sont parus récemment sur le muguet. Ainsi, Metreonews a publié l’article 1er mai, pourquoi offre-t-on du muguet à la fête du travail ? :
« Un geste répété chaque année dont l’histoire remonte à loin, très loin. Le muguet que l'on offre tous les ans le 1er mai, aussi appelé lys des vallées, une plante originaire du Japon, est présent en Europe depuis au moins le Moyen-Age. La plante à clochettes a toujours symbolisé le printemps et les Celtes lui accordaient un statut de porte-bonheur. Le 1er mai 1561, le roi Charles IX officialisa les choses. Ayant reçu à cette date un brin de muguet en guise de porte-bonheur, il décida d'en offrir chaque année aux dames de la cour. La tradition était née.
Offrir du muguet ne deviendra populaire que le 1er mai 1900 lorsque, lors d'une fête organisée par les grands couturiers parisiens, toutes les femmes reçurent un brin de muguet. Les " petites mains " furent séduites par l'idée, et c'est ainsi que la fleur a pris sa dimension emblématique. »
Le quotidien 20 minutes, s’est lui intéressé aux ventes en baisse du muguet : Qui achète encore du muguet le 1er mai ? et rappelle les conditions de vente du brin porte-bonheur :
« Les ventes sur la voie publique
Certains estiment en effet que les particuliers et les associations distribueraient ce jour-là deux fois plus de muguet que les professionnels… Car tous les Français ont le droit d'en vendre le 1er mai, à condition de se tenir à plus de 40 mètres d'un fleuriste professionnel ou d'un commerce, de ne vendre que du muguet cueilli dans les bois et de se conformer à la réglementation locale.
Ainsi, à Paris, la vente n'est autorisée que si le brin de muguet est vendu sans ajout de fleurs ou de mise en pot. A Dijon, les brins doivent être distribués à plus de 100 mètres des vendeurs professionnels… Si le code pénal interdit la vente sur la voie publique sans autorisation, «la vente du muguet fait l'objet de la part des autorités locales d'une tolérance admise à titre exceptionnel conformément à une longue tradition», explique la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Le fait d’offrir du muguet le 1er mai est donc issu de la rencontre de deux traditions. La journée du travail durant laquelle les travailleurs portaient à leur boutonnière un triangle rouge, puis une fleur rouge et la tradition de Charles IX qui offrait des brins de muguet comme porte-bonheur au début du mois de mai.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter ces précédentes questions du Guichet :
- Le 1er mai.
- Les muguets.
- 1er mai.
L’ouvrage Le 1er mai de Miguel Rodriguez, vous détaillera tous les aspects historiques et culturels de ce jour férié.
Bonne journée.
Le fait d’offrir une fleur ou plante pour le 1er mai remonte au Moyen-âge, l’historienne Nadine Crétin, dans un article du Nouvel obs, relate l’histoire de cette pratique :
« La fête du 1er mai a une histoire bien plus ancienne qu'il n’y paraît. Elle est en quelque sorte le pendant printanier de la nuit d’Halloween (anciennement "Samain"). Cette fête de "Belteine" a elle aussi des origines celtes. Elle célébrait l’ouverture de la saison chaude, tandis que Samain ouvrait la saison froide. Lors de ces nuits magiques et dangereuses, le monde des morts se confondait avec celui des vivants.
En Suède ou en Finlande, pour cette nuit de Walpurgis (le nom actuel de Belteine), les fillettes se déguisent encore en petites sorcières aux joues rouges avec des foulards fleuris et font du porte à porte dans l’espoir de récolter des friandises. Tout comme Noël, le carnaval et les fêtes de Pâques, le 1er Mai est un moment de passage marqué par des quêtes enfantines.
Aujourd’hui, un grand nombre des coutumes se sont entremêlées avec le temps. Mais quelles que soient les traditions du 1er mai, elles ont en commun de mettre à l’honneur la végétation.
Une branche de cerisier pour les filles volages
Dans de nombreuses régions, en Alsace et en Franche-Comté par exemple, un rituel bien répandu consistait à "poser le mai" devant la porte des jeunes filles à marier qui trouvaient au petit matin un arbre ou une simple branche placée près de leurs maisons par les jeunes gens.
Chaque branche déposée avait une signification bien particulière. Ainsi, si une jeune femme recevait une branche de charme, cela signifiait qu’elle était "charmante" ; une branche d’aubépine indiquait qu’elle avait du "caractère". En revanche, si elle retrouvait du cerisier devant sa porte, cela voulait dire qu’elle était "volage".
Pour éviter les commérages, il arrivait aux mères de décrocher les branches injurieuses visant leur fille, avant le lever du jour !
Le mai collectif est un arbre provisoirement planté sur la place du village (souvent un bouleau), que les jeunes gens décorent de rubans, d’une couronne de verdure et de fleurs en papier crépon en l’honneur des jeunes filles de leur âge.
Cette coutume a disparu dans les années 1950/1960 notamment avec l’exode rural et la disparition de certaines traditions villageoises. »
Offrir une plante le 1er mai est donc une tradition ancienne, mais pourquoi a-t-on choisi le muguet ?
L’ouvrage Petit manuel des traditions et coutumes ou l’histoire des fêtes au fil des mois consacre quelques pages au 1er mai et au choix du muguet :
« Un petit brin de bonheur :
La forte odeur de musc qui émane de la fleur lui a tout d’abord valu le nom de « muguette » et enfin, muguet.
Appelée « lis des vallées » mais aussi « gazon de Parnasse », cette petite fleur aux clochettes délicates aurait été, selon la légende, créée par Apollon, dieu du mont Parnasse, afin que les muses qui l’entouraient puissent fouler ce doux tapis sans se blesser.
Autre légende ? Au moment de la création du monde, cette fleur ornait les deux côtés de la porte du paradis.
A chaque fois qu’un brave homme la franchissait, tintaient ses clochettes à même d’identifier les vertus des bonnes âmes… Au Moyen Age, le mois de mai était celui des « accordailles », autrement dit des « fiançailles » et la fleur, celle des rencontres amoureuses. On suspendait un brin au-dessus de la porte de la bien-aimée. Longtemps furent organisés en Europe des « bals du muguet ». C’était d’ailleurs l’un des seuls bals de l’année où les parents n’étaient pas autorisés à jouer les chaperons.
Mais ce n’est que le 1er mai 1561 que le roi Charles IX officialisa les choses. Ayant reçu à cette date un brin de muguet comme porte-bonheur, il en offrit chaque année aux dames de la cour. La tradition était née. »
Votre question est au cœur de l’actualité car plusieurs articles sont parus récemment sur le muguet. Ainsi, Metreonews a publié l’article 1er mai, pourquoi offre-t-on du muguet à la fête du travail ? :
« Un geste répété chaque année dont l’histoire remonte à loin, très loin. Le muguet que l'on offre tous les ans le 1er mai, aussi appelé lys des vallées, une plante originaire du Japon, est présent en Europe depuis au moins le Moyen-Age. La plante à clochettes a toujours symbolisé le printemps et les Celtes lui accordaient un statut de porte-bonheur. Le 1er mai 1561, le roi Charles IX officialisa les choses. Ayant reçu à cette date un brin de muguet en guise de porte-bonheur, il décida d'en offrir chaque année aux dames de la cour. La tradition était née.
Offrir du muguet ne deviendra populaire que le 1er mai 1900 lorsque, lors d'une fête organisée par les grands couturiers parisiens, toutes les femmes reçurent un brin de muguet. Les " petites mains " furent séduites par l'idée, et c'est ainsi que la fleur a pris sa dimension emblématique. »
Le quotidien 20 minutes, s’est lui intéressé aux ventes en baisse du muguet : Qui achète encore du muguet le 1er mai ? et rappelle les conditions de vente du brin porte-bonheur :
« Les ventes sur la voie publique
Certains estiment en effet que les particuliers et les associations distribueraient ce jour-là deux fois plus de muguet que les professionnels… Car tous les Français ont le droit d'en vendre le 1er mai, à condition de se tenir à plus de 40 mètres d'un fleuriste professionnel ou d'un commerce, de ne vendre que du muguet cueilli dans les bois et de se conformer à la réglementation locale.
Ainsi, à Paris, la vente n'est autorisée que si le brin de muguet est vendu sans ajout de fleurs ou de mise en pot. A Dijon, les brins doivent être distribués à plus de 100 mètres des vendeurs professionnels… Si le code pénal interdit la vente sur la voie publique sans autorisation, «la vente du muguet fait l'objet de la part des autorités locales d'une tolérance admise à titre exceptionnel conformément à une longue tradition», explique la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Le fait d’offrir du muguet le 1er mai est donc issu de la rencontre de deux traditions. La journée du travail durant laquelle les travailleurs portaient à leur boutonnière un triangle rouge, puis une fleur rouge et la tradition de Charles IX qui offrait des brins de muguet comme porte-bonheur au début du mois de mai.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter ces précédentes questions du Guichet :
- Le 1er mai.
- Les muguets.
- 1er mai.
L’ouvrage Le 1er mai de Miguel Rodriguez, vous détaillera tous les aspects historiques et culturels de ce jour férié.
Bonne journée.
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