Question d'origine :
Bonjour,
Je cherche de la littérature sur la notion "d'humanité" et des rapports qu'entretiennent les êtres humains avec la mort.
Que me conseillez-vous?
Merci d'avance!!
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 22/05/2015 à 15h03
Bonjour,
Vaste interrogation que celle des rapports qu’entretient l’humanité avec la mort.
D’aucuns diraient que l’homme est homme parce qu’il sait qu’il va mourir… Et aux inconscients qui vivraient dans le déni de la Grande Faucheuse, on se charge de la leur rappeler !
Bref, devant cette angoissante question, nous ne vous proposerons que quelques ouvrages qui, espérons-le, ne gâcheront pas votre fin de semaine.
Les Notions de philosophies, éditées aux Presses Universitaires de France, posent clairement les termes de notre mortelle affaire :
« Dans le monde animal ou végétal, la mort apparaît comme un phénomène naturel qui marque simplement le rythme de la vie, l’ordre dans la reproduction de l’espèce. Cependant, il en va autrement pour l’homme, qui considère la mort comme quelque chose qui le concerne spécifiquement. Plus encore, il en fait un phénomène purement humain […] ».
Cette sidération pour la mort est d’autant plus surprenante que « depuis qu’il y a des hommes, et qui meurent, comment le mortel n’est-il pas encore habitué à cet évènement naturel et pourtant toujours accidentel ? Pourquoi est-il étonné chaque fois qu’un vivant disparaît, étonné comme si pareil évènement arrivait pour la première fois ? Et de fait, tout le monde est le premier à mourir comme dit Ionesco » (Vladimir Jankelevitch, La Mort, 1966).
Les hommes s’étonnent donc de mourir et la philosophie, fille de l’étonnement, a largement écrit sur la question :
On peut évoquer dans le désordre :
- Nicolas Malebranche, Entretiens sur la mort
- Ferdinand Alquié, Le Désir d’Eternité
- Marcel Conche, La Mort et la pensée
- Paul Ricoeur, Vivant jusqu’à la mort
Patrick Dupouey propose de son côté une anthologie de textes philosophiques sur le sujet, d’Epicure à Sartre, en passant par Saint Augustin et Kant… En outre, il introduit très clairement et intelligemment ce parcours par quelques réflexions générales sur la question. En fin d’ouvrage, vous trouverez une bibliographie commentée bien inspirante. Un excellent apéritif philosophique donc.
Dans la même veine anthologique, mais en moins copieux, Le Point a publié en 2010 un hors-série intitulé Penser la Mort, les textes fondamentaux, évoquant là encore Pascal, Kant, Nietzsche. L’intérêt de ce petit recueil est qu’il donne aussi à voir les perspectives religieuses et anthropologiques…
Or, sur les hommes (et les femmes !) et la mort, le discours anthropologique n’est pas en reste, décrivant et analysant les coutumes, les rites, les pratiques culturelles associées à la mort dans les sociétés humaines.
Pour commencer, nous vous recommandons le Point d’Actu que nous avions publié à l’occasion de la Toussaint 2007.
Vous y trouverez dans la première partie intitulé « l’homme et la mort », trois ouvrages d’histoire et d’anthropologie essentiels pour réfléchir sur ce sujet.
Plus récemment, le célèbre anthropologue Maurice Godelier a dirigé un ouvrage très complet : La Mort et ses au-delà dans lequel il étudie « les sociétés aussi diverses que celles de la Grèce et de la Rome antiques, du Moyen Age chrétien, de la Chine et de l'Inde contemporaines ou des aborigènes d'Australie. Il montre l'extraordinaire créativité des hommes dans leur face-à-face avec la mort et l'inconnu de l'au-delà, qu'ils soient juifs, musulmans, bouddhistes, amérindiens ou mélanésiens ».
Pour aller plus loin vous nous invitons aussi consulter le rayon sur la mort du secteur anthropologie/ethnologie de la bibliothèque de la Part-Dieu.
Plus globalement sur l’humanité et son futur, vous pourrez lire avec profit deux ouvrages parus récemment :
Etre humain, sous la direction de François Gros, François Terré, Béatrice Tournafond.
« Une synthèse de conférences données à l'Institut de France dans des domaines divers tels que le droit, la médecine, les neurosciences, la philosophie, la morale ou les sciences politiques, en vue d'une analyse de la condition de l'homme moderne selon ses existences psychique, matérielle et sociale ».
Humain, de Roger Pol-Droit et Monique Atlan.
Le livre fait la part belle aux dernières découvertes scientifiques qui modifient notre humaine conditions ; les deux auteurs enquêtent notamment sur les biotechnologies qui feront (et font déjà) reculer la vieillesse, le dépérissement des corps et, qui sait ? La mort elle-même.
Ils font état des thèses transhumanistes, lesquelles partent du principe que « certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables. Dans cette optique, les penseurs transhumanistes comptent sur les biotechnologies et sur d'autres techniques émergentes ».
Bien évidemment, ces perspectives questionnent en retour notre humanité et notre (indépassable ?) finitude.
Bonnes lectures.
Vaste interrogation que celle des rapports qu’entretient l’humanité avec la mort.
D’aucuns diraient que l’homme est homme parce qu’il sait qu’il va mourir… Et aux inconscients qui vivraient dans le déni de la Grande Faucheuse, on se charge de la leur rappeler !
Bref, devant cette angoissante question, nous ne vous proposerons que quelques ouvrages qui, espérons-le, ne gâcheront pas votre fin de semaine.
Les Notions de philosophies, éditées aux Presses Universitaires de France, posent clairement les termes de notre mortelle affaire :
« Dans le monde animal ou végétal, la mort apparaît comme un phénomène naturel qui marque simplement le rythme de la vie, l’ordre dans la reproduction de l’espèce. Cependant, il en va autrement pour l’homme, qui considère la mort comme quelque chose qui le concerne spécifiquement. Plus encore, il en fait un phénomène purement humain […] ».
Cette sidération pour la mort est d’autant plus surprenante que « depuis qu’il y a des hommes, et qui meurent, comment le mortel n’est-il pas encore habitué à cet évènement naturel et pourtant toujours accidentel ? Pourquoi est-il étonné chaque fois qu’un vivant disparaît, étonné comme si pareil évènement arrivait pour la première fois ? Et de fait, tout le monde est le premier à mourir comme dit Ionesco » (Vladimir Jankelevitch, La Mort, 1966).
Les hommes s’étonnent donc de mourir et la philosophie, fille de l’étonnement, a largement écrit sur la question :
On peut évoquer dans le désordre :
- Nicolas Malebranche, Entretiens sur la mort
- Ferdinand Alquié, Le Désir d’Eternité
- Marcel Conche, La Mort et la pensée
- Paul Ricoeur, Vivant jusqu’à la mort
Patrick Dupouey propose de son côté une anthologie de textes philosophiques sur le sujet, d’Epicure à Sartre, en passant par Saint Augustin et Kant… En outre, il introduit très clairement et intelligemment ce parcours par quelques réflexions générales sur la question. En fin d’ouvrage, vous trouverez une bibliographie commentée bien inspirante. Un excellent apéritif philosophique donc.
Dans la même veine anthologique, mais en moins copieux, Le Point a publié en 2010 un hors-série intitulé Penser la Mort, les textes fondamentaux, évoquant là encore Pascal, Kant, Nietzsche. L’intérêt de ce petit recueil est qu’il donne aussi à voir les perspectives religieuses et anthropologiques…
Or, sur les hommes (et les femmes !) et la mort, le discours anthropologique n’est pas en reste, décrivant et analysant les coutumes, les rites, les pratiques culturelles associées à la mort dans les sociétés humaines.
Pour commencer, nous vous recommandons le Point d’Actu que nous avions publié à l’occasion de la Toussaint 2007.
Vous y trouverez dans la première partie intitulé « l’homme et la mort », trois ouvrages d’histoire et d’anthropologie essentiels pour réfléchir sur ce sujet.
Plus récemment, le célèbre anthropologue Maurice Godelier a dirigé un ouvrage très complet : La Mort et ses au-delà dans lequel il étudie « les sociétés aussi diverses que celles de la Grèce et de la Rome antiques, du Moyen Age chrétien, de la Chine et de l'Inde contemporaines ou des aborigènes d'Australie. Il montre l'extraordinaire créativité des hommes dans leur face-à-face avec la mort et l'inconnu de l'au-delà, qu'ils soient juifs, musulmans, bouddhistes, amérindiens ou mélanésiens ».
Pour aller plus loin vous nous invitons aussi consulter le rayon sur la mort du secteur anthropologie/ethnologie de la bibliothèque de la Part-Dieu.
Plus globalement sur l’humanité et son futur, vous pourrez lire avec profit deux ouvrages parus récemment :
Etre humain, sous la direction de François Gros, François Terré, Béatrice Tournafond.
« Une synthèse de conférences données à l'Institut de France dans des domaines divers tels que le droit, la médecine, les neurosciences, la philosophie, la morale ou les sciences politiques, en vue d'une analyse de la condition de l'homme moderne selon ses existences psychique, matérielle et sociale ».
Humain, de Roger Pol-Droit et Monique Atlan.
Le livre fait la part belle aux dernières découvertes scientifiques qui modifient notre humaine conditions ; les deux auteurs enquêtent notamment sur les biotechnologies qui feront (et font déjà) reculer la vieillesse, le dépérissement des corps et, qui sait ? La mort elle-même.
Ils font état des thèses transhumanistes, lesquelles partent du principe que « certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables. Dans cette optique, les penseurs transhumanistes comptent sur les biotechnologies et sur d'autres techniques émergentes ».
Bien évidemment, ces perspectives questionnent en retour notre humanité et notre (indépassable ?) finitude.
Bonnes lectures.
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