Question d'origine :
Cher Guichet du savoir,
Lorsque l’on feuillette des catalogues d’œuvres d’art, on rencontre parfois les expressions « collection privée » et « collection particulière ». Quelle différence existe-t-il entre la collection dite « privée » et la collection dite « particulière » ?
Si une personne rédige un tel catalogue et qu’elle y fait figurer une image dont elle est propriétaire, doit-elle mentionner « collection privée », « collection particulière » ou « collection personnelle » (si cela existe) ?
Merci !
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 16/07/2015 à 13h14
Bonjour,
Le Grand Robert de la langue française ne fait pas de distinction entre particulier et privé, ils sont considérés comme synonymes.
Le dossier « Droits des biens culturels et des archives » consacre un chapitre à la distinction entre les collections privées et les collections publiques :
« 4. Les collections des musées
Les collections des musées peuvent être protégées de plusieurs façons. La protection dépendra notamment de la structure institutionnelle qui les gère, qui peut être privée (fondations ou associations) ou publique. Par ailleurs, le label de musée est réglementé. Le législateur a récemment refondu le système de contrôle des musées et créé un label « Musée de France » qui peut être attribué à des institutions tant privées que publiques.
4.1. Les collections privées
Un certain nombre de musées sont constitués sous la forme d’une association ou d’une fondation ; leurs biens sont donc placés sous un régime de droit privé.
Ils seront exposés aux risques de dispersion en cas de vente ou encore de dissolution. Certaines collections bénéficient cependant d’une protection particulière. D’une part, elles sont parfois réunies au sein d’une fondation et les oeuvres peuvent en tout ou partie faire l’objet d’une affectation irrévocable les rendant inaliénables. D’autre part si elles ont obtenu, le label « Musée de France », leurs biens sont alors à soumis à une protection particulière (voir 4.3.).
4.2. Les collections publiques
Les œuvres intégrées dans les collections publiques obéissent à un régime particulier de propriété publique en raison du fait que, non seulement elles sont propriété d’une entité publique (État, commune, département, établissement public, etc.) mais encore elles sont affectés à l’usage du public. À ce titre, elles relèvent du régime de la domanialité publique qui les rend imprescriptibles, inaliénables, insaisissables :
— imprescriptible : le propriétaire public peut revendiquer son bien entre les mains d’un tiers sans limite de temps, par exemple dans le cas où ce bien aurait été volé ;
— inaliénable : le bien ne peut être vendu. Toute vente sera nulle y compris si elle a été effectuée par une personne publique indélicate. Le cas s’est déjà présenté devant les juges à propos de biens mobiliers d’une église, propriété de la commune ;
— insaisissable : il ne peut faire l’objet de procédures de saisie diligentées par des créanciers. »
Une collection privée peut donc appartenir à un musée.
Le Musée Marmottan Monet a consacré une exposition aux collectionneurs privés : Les impressionnistes en privé, cent chefs d’œuvre de collections particulières :
« Le Musée Marmottan Monet rend hommage aux collections privées et présente une exposition réunissant exclusivement des œuvres impressionnistes en provenance de collections particulières du monde entier.
Cinquante et un prêteurs se sont associés avec enthousiasme à ce projet et ont accordé des prêts en provenance du monde entier.
Cette exposition offre l’opportunité unique au public de découvrir des tableaux pour la plupart jamais vus.
Une centaine de chefs-d’oeuvre impressionnistes constitue un ensemble d’exception.
" L’histoire de l’impressionnisme est celle d’un groupe de jeunes artistes qui, rejetés par les instances officielles décidèrent, en 1874, de se réunir pour exposer leurs oeuvres dans des locaux prêtés par le photographe Nadar, au 35, boulevard des Capucines à Paris.
Ces artistes se nommaient Monet, Renoir, Pissarro, Degas, Sisley, Berthe Morisot, Guillaumin et Cézanne. Leur chef de file était Manet, bien qu’il n’ait jamais exposé à leurs côtés.
[...] Rien ne vint entamer la foi de ces artistes, qui, soutenus par une poignée d’amateurs et de marchands au regard visionnaire, poursuivirent avec ardeur la plus grande révolution esthétique de leur temps.
L’impressionnisme fut donc, dès ses débuts, une aventure privée. Seuls l’audace, le courage et la perspicacité de cette génération pionnière de particuliers ont permis aux peintres impressionnistes d’obtenir reconnaissance et succès de leur vivant et d’entrer ainsi dans l’histoire de l’art. " Propos de Claire Durand-Ruel Snollaerts et Marianne Mathieu, commissaires de l’exposition. »
Les œuvres présentées durant cette exposition sont issues de collections particulières appartenant à des personnes privées qui ne les exposent pas dans les musées.
D’après ces informations, on peut supposer qu’une collection privée serait une collection qui s’expose au public et qui serait détenue par un groupe (association, musée, fondation…) alors qu’une collection particulière appartiendrait à une personne et ne serait pas exposée au public sauf lors d’expositions.
Ce fut le cas de la collection d’œuvres d’art contemporaines de Georges Pompidou, cette collection particulière a parfois été en partie exposée dans des musées ou des galeries comme l’explique Vincent Huguet dans l’article Les métamorphoses d'une collection :
« D’autre part, l’accès à la culture d’un plus grand nombre a aussi contribué à révéler et à diffuser la figure du collectionneur, jusque-là cantonné dans des sphères restreintes et parfois lointaines. Depuis le succès croissant des grandes expositions, au milieu des années soixante, le public s’est habitué à trouver sur les cartels accompagnant les œuvres,la mention de telle ou telle collection, d’autant plus intrigante qu’elle se dissimule souvent derrière deux mots, parfois suivis d’un nom de lieu : « collection particulière ». C’est ainsi qu’une part plus large de la société a peu à peu pris conscience de l’existence et de l’importance de ces collectionneurs, ni monarques ni magnats, mais avant tout acteurs de l’actualité artistique. L’exposition « Passions privées » était sans doute révélatrice de l’évolution de ces mentalités. Or, la collection Pompidou y figurait nommément, parmi de nombreuses collections restées anonymes. Pour la première fois, un abrégé de la collection particulière de l’ancien Président se retrouvait immergé dans un ensemble qui n’avait rien de politique ou de commémoratif. Une collection parmi d’autres, et, en dépit du nom qui n’était pas masqué, un collectionneur parmi ses semblables. »
La collection de Georges Pompidou n’est présentée au public que lors des expositions, hors de ces périodes, elle n’est pas accessible au public.
Pour obtenir une définition claire de ces deux appellations, nous avons interrogé le Musée des Beaux-Arts de Lyon. Nous vous apporterons leur réponse dès sa réception.
Bonne journée.
Le Grand Robert de la langue française ne fait pas de distinction entre particulier et privé, ils sont considérés comme synonymes.
Le dossier « Droits des biens culturels et des archives » consacre un chapitre à la distinction entre les collections privées et les collections publiques :
« 4. Les collections des musées
Les collections des musées peuvent être protégées de plusieurs façons. La protection dépendra notamment de la structure institutionnelle qui les gère, qui peut être privée (fondations ou associations) ou publique. Par ailleurs, le label de musée est réglementé. Le législateur a récemment refondu le système de contrôle des musées et créé un label « Musée de France » qui peut être attribué à des institutions tant privées que publiques.
4.1. Les collections privées
Ils seront exposés aux risques de dispersion en cas de vente ou encore de dissolution. Certaines collections bénéficient cependant d’une protection particulière. D’une part, elles sont parfois réunies au sein d’une fondation et les oeuvres peuvent en tout ou partie faire l’objet d’une affectation irrévocable les rendant inaliénables. D’autre part si elles ont obtenu, le label « Musée de France », leurs biens sont alors à soumis à une protection particulière (voir 4.3.).
4.2. Les collections publiques
— imprescriptible : le propriétaire public peut revendiquer son bien entre les mains d’un tiers sans limite de temps, par exemple dans le cas où ce bien aurait été volé ;
— inaliénable : le bien ne peut être vendu. Toute vente sera nulle y compris si elle a été effectuée par une personne publique indélicate. Le cas s’est déjà présenté devant les juges à propos de biens mobiliers d’une église, propriété de la commune ;
— insaisissable : il ne peut faire l’objet de procédures de saisie diligentées par des créanciers. »
Une collection privée peut donc appartenir à un musée.
Le Musée Marmottan Monet a consacré une exposition aux collectionneurs privés : Les impressionnistes en privé, cent chefs d’œuvre de collections particulières :
« Le Musée Marmottan Monet rend hommage aux collections privées et présente une exposition réunissant exclusivement des œuvres impressionnistes en provenance de collections particulières du monde entier.
Cinquante et un prêteurs se sont associés avec enthousiasme à ce projet et ont accordé des prêts en provenance du monde entier.
Cette exposition offre l’opportunité unique au public de découvrir des tableaux pour la plupart jamais vus.
Une centaine de chefs-d’oeuvre impressionnistes constitue un ensemble d’exception.
" L’histoire de l’impressionnisme est celle d’un groupe de jeunes artistes qui, rejetés par les instances officielles décidèrent, en 1874, de se réunir pour exposer leurs oeuvres dans des locaux prêtés par le photographe Nadar, au 35, boulevard des Capucines à Paris.
Ces artistes se nommaient Monet, Renoir, Pissarro, Degas, Sisley, Berthe Morisot, Guillaumin et Cézanne. Leur chef de file était Manet, bien qu’il n’ait jamais exposé à leurs côtés.
[...] Rien ne vint entamer la foi de ces artistes, qui, soutenus par une poignée d’amateurs et de marchands au regard visionnaire, poursuivirent avec ardeur la plus grande révolution esthétique de leur temps.
L’impressionnisme fut donc, dès ses débuts, une aventure privée. Seuls l’audace, le courage et la perspicacité de cette génération pionnière de particuliers ont permis aux peintres impressionnistes d’obtenir reconnaissance et succès de leur vivant et d’entrer ainsi dans l’histoire de l’art. " Propos de Claire Durand-Ruel Snollaerts et Marianne Mathieu, commissaires de l’exposition. »
Les œuvres présentées durant cette exposition sont issues de collections particulières appartenant à des personnes privées qui ne les exposent pas dans les musées.
D’après ces informations, on peut supposer qu’une collection privée serait une collection qui s’expose au public et qui serait détenue par un groupe (association, musée, fondation…) alors qu’une collection particulière appartiendrait à une personne et ne serait pas exposée au public sauf lors d’expositions.
Ce fut le cas de la collection d’œuvres d’art contemporaines de Georges Pompidou, cette collection particulière a parfois été en partie exposée dans des musées ou des galeries comme l’explique Vincent Huguet dans l’article Les métamorphoses d'une collection :
« D’autre part, l’accès à la culture d’un plus grand nombre a aussi contribué à révéler et à diffuser la figure du collectionneur, jusque-là cantonné dans des sphères restreintes et parfois lointaines. Depuis le succès croissant des grandes expositions, au milieu des années soixante, le public s’est habitué à trouver sur les cartels accompagnant les œuvres,
La collection de Georges Pompidou n’est présentée au public que lors des expositions, hors de ces périodes, elle n’est pas accessible au public.
Pour obtenir une définition claire de ces deux appellations, nous avons interrogé le Musée des Beaux-Arts de Lyon. Nous vous apporterons leur réponse dès sa réception.
Bonne journée.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 16/07/2015 à 13h35
Le chargé du service de la documentation du Musée des Beaux-Arts de Lyon nous a répondu, nous le remercions pour sa rapidité et pour les informations fournies.
Il n'existe pas de différences entre ces deux appellations :
"Il n’y a strictement aucune différence entre « collection particulière » et « collection privée ». Les historiens de l’art français utilisent de préférence l’expression « collection particulière », tandis que l’on rencontre l’expression « collection privée » dans les écrits de leurs confrères suisses. Le milieu du commerce de l’art utilise, de même, l’expression « collection privée », soit par calque de l’anglais « private collection », soit parce que l’épithète « privée » est moins polysémique (moins ambivalente) que l’adjectif « particulière »."
Bonne journée.
Il n'existe pas de différences entre ces deux appellations :
"Il n’y a strictement aucune différence entre « collection particulière » et « collection privée ». Les historiens de l’art français utilisent de préférence l’expression « collection particulière », tandis que l’on rencontre l’expression « collection privée » dans les écrits de leurs confrères suisses. Le milieu du commerce de l’art utilise, de même, l’expression « collection privée », soit par calque de l’anglais « private collection », soit parce que l’épithète « privée » est moins polysémique (moins ambivalente) que l’adjectif « particulière »."
Bonne journée.
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