Question d'origine :
Bonjour
Je voudrais savoir ou passent tous les corps des animaux sauvages morts de vieillesse ou de maladie ( oiseaux , hérissons , chevreuils , sangliers etc ...) On ne voit jamais de carcasses au bord des chemins , routes ou en foret lors de promenades ou dans les jardins . On dit que les oiseaux se cachent pour mourir !... mais les autres ???
Merci de votre réponse et Bonnes vacances
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 20/07/2015 à 13h09
Bonjour,
Les squelettes d’animaux sont effectivement rares dans la nature car tous les animaux se cachent pour mourir.
L’Office National des Forêts explique les raisons de cette dissimulation :
« Comme ils se dissimulent pour donner la vie, les animaux se cachent pour mourir. Seuls quelques rares traces et indices permettent de comprendre que, sous le couvert de la forêt, la mort a fait son œuvre.
Passer de vie à trépas
Il y a bien des manières de mourir en forêt, la plus rare étant la mort par vieillissement naturel.
Par contre, la saison hivernale provoque souvent une forte mortalité suite aux difficultés à trouver de quoi se nourrir. Un accident, une chute ou une blessure de chasse sont souvent une condamnation à brève échéance.
Mais, le plus souvent, on meurt en forêt sous les dents des prédateurs, surtout quand on est jeune. […]
Ainsi, chez les chevreuils, les individus les plus affaiblis, par leur jeunesse ou leur vieillesse, résistent mal. Au printemps, des restes de cadavres sont alors retrouvés par les chasseurs.
Le prélèvement de la chasse
En hiver, la chasse est un moyen de réguler les populations des grands animaux sans prédateurs. Le plus souvent, les chasseurs retrouvent et emportent le gibier qu'ils ont chassé.
Il arrive cependant que des animaux seulement blessés meurent quelques jours plus tard, tapis dans les buissons. De manière générale, les cadavres sont très vite la proie de carnivores, d'oiseaux et d'insectes qui se partagent la chair et les os.
Quand un renard trouve le cadavre récent d'un chevrillard (jeune chevreuil), il l'arrose d'urine pour marquer sa propriété. Il reviendra plus tard terminer son repas ou ramener une part pour ses petits.
Un crâne qui se trouve à proximité d'une fourmilière sera nettoyé en quelques jours.
Des os introuvables ?
Il est très rare de retrouver en forêt des squelettes d'animaux, grands ou petits, car ils sont dispersés : les petits os sont emportés par les carnivores et les gros rongeurs, les autres sont grignotés sur place. Le reliquat est enseveli dans la litière de feuilles et de branches tombées au sol.
Un crâne ou une clavicule sont par exemple appréciés par les rongeurs pour leur apport nécessaire de vitamines. La dureté de l'os leur permet également d'user leurs dents qui poussent sans arrêt.
Un ossuaire varié
Il arrive que des blaireaux réoccupent, pour y fonder une nouvelle famille, un terrier précédemment occupé par d'autres blaireaux ou des renards.
Cette réinstallation est précédée d'un grand nettoyage et les détritus sont rassemblés en tas à l'extérieur. Aux gravats se mêlent des ossements et des crânes.
On peut ainsi trouver un crâne de renard qui côtoie un crâne de blaireau, ou tout ou partie de squelettes d'animaux qui, blessés ou malades, ont dépéri au fond du terrier. »
Le site Planète Gaïa reprend un article de la revue Science et Vie sur la mort des animaux :
« Gare à l'anthropomorphisme ! Contrairement à ce que véhiculent certains clichés, les animaux n'adoptent pas d'attitude particulière face à la mort. Pour une bonne raison : ils n'ont pas conscience de leur fin. Même si leur comportement déroute parfois les scientifiques.
Malade ou blessé, l'oiseau, sentant sa dernière heure arriver, s'exilerait loin des siens... Le cliché a la vie dure. Pourtant, s'il est vrai que l'oiseau s'éloigne du groupe peu avant son trépas, les éthologues ont, pour l'expliquer, des arguments moins "romantiques" : cette retraite volontaire tiendrait simplement au fait que, affaibli, l'animal ne serait plus capable de suivre son rythme habituel, de se déplacer, voire de se nourrir. Dissimulé au creux d'un abri, il économiserait donc son énergie et éviterait de s'exposer aux prédateurs. "Il se cache pour échapper à la mort, non pour mourir", rectifie Francesco Bonadonna, du Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier. Un même malentendu entoure les éléphants et leurs fameux "cimetières", où la légende voudrait qu'ils viennent expirer. Que peut bien avoir en tête le vieux pachyderme, pour renoncer à la sécurité du groupe familial et partir, fragile mais décidé, en solitaire, vers un lieu où sont déjà morts nombre de ses congénères ? Une furieuse envie, en fait, de se mettre de l'herbe tendre sous la dent... "Passé 55-60 ans, cela fait bien quinze ans qu'il a profité de sa dernière poussée de molaires", explique Pierre Pfeffer, ancien directeur de recherche au Muséum national d'histoire naturelle. Ses dents irrémédiablement limées, il parvient tout juste à mastiquer la verdure près des marais. […] Le "cimetière" serait alors tout simplement le lieu où s'entasseraient les restes d'animaux pris au piège. […]
CHOC POSTTRAUMATIQUE
Prenez un saurien, le lézard par exemple. S'il lui arrive de piétiner sans égard le cadavre d'un congénère, c'est que son cerveau, en fait un simple ganglion cérébral, "ne lui permet pas de se représenter ce qui n'est pas dans le contexte. Autant il peut interagir avec un lézard vivant, autant un cadavre est, pour lui, comme un morceau de bois ou de mousse", explique Boris Cyrulnik, directeur d'enseignement en éthologie humaine à l'université du Sud-Toulon-Var. Quid de la fourmi, qui collecte consciencieusement les corps de ses sœurs et les entasse au cimetière de la fourmilière ? "Il serait plus exact de parler de poubelle que de cimetière", précise Guy Théraulaz, du Centre de recherches sur la cognition animale de Toulouse. En fait, l'insecte reconnaît les produits de dégradation, pour l'essentiel de l'acide oléique, au niveau de la cuticule de la dépouille. Comme tout ce qui se putréfie (graines, écorces), elle le dépose donc " à la benne". "Il faut compter 2 ou 3 jours après le décès pour que le cadavre d'une fourmi soit repéré comme tel. Avant, chacun passe son chemin comme si de rien n'était".
Mais chez les mammifères supérieurs, le lobe préfrontal, nettement développé, est connecté au circuit limbique, le socle neurologique qui règle la mémoire et les émotions. Ils sont donc capables de répondre à des informations hors contexte. "Un chien dont le maître meurt voit son monde mental complètement désorganisé. Son univers sensoriel est amputé du disparu. L'être d'attachement n'est plus là, l'animal perçoit le manque et souffre de ce manque. Parfois il cesse de manger, jusqu'à en mourir", explique Boris Cyrulnik. Idem chez le chat ou le singe. Ou chez les fameux inséparables, ces petits perroquets qui vivent en couples très unis. L'animal se laisse-t-il mourir de chagrin ? Non, répondent les spécialistes : il souffre d'une forme de dépression aiguë. "Ils sont en choc posttraumatique, précise Monique Bourdin, vétérinaire comportementaliste à l'Ecole nationale vétérinaire de Maisons-Alfort (ENVA). Certains chats sont d'ailleurs dans cet état de sidération émotionnelle lorsqu'ils sont laissés en pension. Or, chez le chat, deux ou trois jours d'anorexie peuvent être fatals". Tout rentre dans l'ordre si l'on réussit à recréer un lien d'attachement. Si l'on propose un autre compagnon, si l'on joue et stimule l'animal. […] »
Le site Slate s’est lui aussi intéressé à la question dans son article Pourquoi les villes ne sont pas couvertes de pigeons morts ? tout comme le journal Le Figaro qui a publié l’article Les oiseaux se cachent-ils pour mourir ?.
Vous pouvez aussi consulter l’article Cadavre de Wikipédia.
Bonne journée.
Les squelettes d’animaux sont effectivement rares dans la nature car tous les animaux se cachent pour mourir.
L’Office National des Forêts explique les raisons de cette dissimulation :
« Comme ils se dissimulent pour donner la vie, les animaux se cachent pour mourir. Seuls quelques rares traces et indices permettent de comprendre que, sous le couvert de la forêt, la mort a fait son œuvre.
Il y a bien des manières de mourir en forêt, la plus rare étant la mort par vieillissement naturel.
Par contre, la saison hivernale provoque souvent une forte mortalité suite aux difficultés à trouver de quoi se nourrir. Un accident, une chute ou une blessure de chasse sont souvent une condamnation à brève échéance.
Mais, le plus souvent, on meurt en forêt sous les dents des prédateurs, surtout quand on est jeune. […]
Ainsi, chez les chevreuils, les individus les plus affaiblis, par leur jeunesse ou leur vieillesse, résistent mal. Au printemps, des restes de cadavres sont alors retrouvés par les chasseurs.
En hiver, la chasse est un moyen de réguler les populations des grands animaux sans prédateurs. Le plus souvent, les chasseurs retrouvent et emportent le gibier qu'ils ont chassé.
Il arrive cependant que des animaux seulement blessés meurent quelques jours plus tard, tapis dans les buissons. De manière générale, les cadavres sont très vite la proie de carnivores, d'oiseaux et d'insectes qui se partagent la chair et les os.
Quand un renard trouve le cadavre récent d'un chevrillard (jeune chevreuil), il l'arrose d'urine pour marquer sa propriété. Il reviendra plus tard terminer son repas ou ramener une part pour ses petits.
Un crâne qui se trouve à proximité d'une fourmilière sera nettoyé en quelques jours.
Il est très rare de retrouver en forêt des squelettes d'animaux, grands ou petits, car ils sont dispersés : les petits os sont emportés par les carnivores et les gros rongeurs, les autres sont grignotés sur place. Le reliquat est enseveli dans la litière de feuilles et de branches tombées au sol.
Un crâne ou une clavicule sont par exemple appréciés par les rongeurs pour leur apport nécessaire de vitamines. La dureté de l'os leur permet également d'user leurs dents qui poussent sans arrêt.
Il arrive que des blaireaux réoccupent, pour y fonder une nouvelle famille, un terrier précédemment occupé par d'autres blaireaux ou des renards.
Cette réinstallation est précédée d'un grand nettoyage et les détritus sont rassemblés en tas à l'extérieur. Aux gravats se mêlent des ossements et des crânes.
On peut ainsi trouver un crâne de renard qui côtoie un crâne de blaireau, ou tout ou partie de squelettes d'animaux qui, blessés ou malades, ont dépéri au fond du terrier. »
Le site Planète Gaïa reprend un article de la revue Science et Vie sur la mort des animaux :
« Gare à l'anthropomorphisme ! Contrairement à ce que véhiculent certains clichés, les animaux n'adoptent pas d'attitude particulière face à la mort. Pour une bonne raison : ils n'ont pas conscience de leur fin. Même si leur comportement déroute parfois les scientifiques.
Malade ou blessé, l'oiseau, sentant sa dernière heure arriver, s'exilerait loin des siens... Le cliché a la vie dure. Pourtant, s'il est vrai que l'oiseau s'éloigne du groupe peu avant son trépas, les éthologues ont, pour l'expliquer, des arguments moins "romantiques" : cette retraite volontaire tiendrait simplement au fait que, affaibli, l'animal ne serait plus capable de suivre son rythme habituel, de se déplacer, voire de se nourrir. Dissimulé au creux d'un abri, il économiserait donc son énergie et éviterait de s'exposer aux prédateurs. "Il se cache pour échapper à la mort, non pour mourir", rectifie Francesco Bonadonna, du Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier. Un même malentendu entoure les éléphants et leurs fameux "cimetières", où la légende voudrait qu'ils viennent expirer. Que peut bien avoir en tête le vieux pachyderme, pour renoncer à la sécurité du groupe familial et partir, fragile mais décidé, en solitaire, vers un lieu où sont déjà morts nombre de ses congénères ? Une furieuse envie, en fait, de se mettre de l'herbe tendre sous la dent... "Passé 55-60 ans, cela fait bien quinze ans qu'il a profité de sa dernière poussée de molaires", explique Pierre Pfeffer, ancien directeur de recherche au Muséum national d'histoire naturelle. Ses dents irrémédiablement limées, il parvient tout juste à mastiquer la verdure près des marais. […] Le "cimetière" serait alors tout simplement le lieu où s'entasseraient les restes d'animaux pris au piège. […]
CHOC POSTTRAUMATIQUE
Prenez un saurien, le lézard par exemple. S'il lui arrive de piétiner sans égard le cadavre d'un congénère, c'est que son cerveau, en fait un simple ganglion cérébral, "ne lui permet pas de se représenter ce qui n'est pas dans le contexte. Autant il peut interagir avec un lézard vivant, autant un cadavre est, pour lui, comme un morceau de bois ou de mousse", explique Boris Cyrulnik, directeur d'enseignement en éthologie humaine à l'université du Sud-Toulon-Var. Quid de la fourmi, qui collecte consciencieusement les corps de ses sœurs et les entasse au cimetière de la fourmilière ? "Il serait plus exact de parler de poubelle que de cimetière", précise Guy Théraulaz, du Centre de recherches sur la cognition animale de Toulouse. En fait, l'insecte reconnaît les produits de dégradation, pour l'essentiel de l'acide oléique, au niveau de la cuticule de la dépouille. Comme tout ce qui se putréfie (graines, écorces), elle le dépose donc " à la benne". "Il faut compter 2 ou 3 jours après le décès pour que le cadavre d'une fourmi soit repéré comme tel. Avant, chacun passe son chemin comme si de rien n'était".
Mais chez les mammifères supérieurs, le lobe préfrontal, nettement développé, est connecté au circuit limbique, le socle neurologique qui règle la mémoire et les émotions. Ils sont donc capables de répondre à des informations hors contexte. "Un chien dont le maître meurt voit son monde mental complètement désorganisé. Son univers sensoriel est amputé du disparu. L'être d'attachement n'est plus là, l'animal perçoit le manque et souffre de ce manque. Parfois il cesse de manger, jusqu'à en mourir", explique Boris Cyrulnik. Idem chez le chat ou le singe. Ou chez les fameux inséparables, ces petits perroquets qui vivent en couples très unis. L'animal se laisse-t-il mourir de chagrin ? Non, répondent les spécialistes : il souffre d'une forme de dépression aiguë. "Ils sont en choc posttraumatique, précise Monique Bourdin, vétérinaire comportementaliste à l'Ecole nationale vétérinaire de Maisons-Alfort (ENVA). Certains chats sont d'ailleurs dans cet état de sidération émotionnelle lorsqu'ils sont laissés en pension. Or, chez le chat, deux ou trois jours d'anorexie peuvent être fatals". Tout rentre dans l'ordre si l'on réussit à recréer un lien d'attachement. Si l'on propose un autre compagnon, si l'on joue et stimule l'animal. […] »
Le site Slate s’est lui aussi intéressé à la question dans son article Pourquoi les villes ne sont pas couvertes de pigeons morts ? tout comme le journal Le Figaro qui a publié l’article Les oiseaux se cachent-ils pour mourir ?.
Vous pouvez aussi consulter l’article Cadavre de Wikipédia.
Bonne journée.
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