Question d'origine :
Bonjour,
En 1881 on retrouve a l ile Barbe le tronc d une femme coupée en morceaux,je ne trouve pas grand chose sur cette affaire en sauriez vous plus?merci d avance
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 18/09/2015 à 09h25
Bonjour,
La Bibliothèque de Lyon a fait numériser un certain nombre de titres de la Presse lyonnaise de 1790 à 1944. Vous y trouverez des articles relatant le crime de la femme coupée de l’Ile Barbe.
Par ailleurs, Le Courrier de Lyon et Le Salut public, disponibles uniquement en consultation sur un poste dédié en salle régionale, relatent eux-aussi ce macabre fait-divers. Voici quelques informations tirées de certains de leurs articles :
-
Le parquet vient de recueillir une déposition importante qui va singulièrement faciliter, en la simplifiant, l'instruction de la mystérieuse affaire de l'Ile-Barbe.
Quatre personnes parmi lesquelles M. Puy, agent d'assurances, qui tient à Montluel le café de l'Hôtel-de-Ville, ont déclaré avoir reconnu dans la photographie de la femme coupée en morceaux, une bohémienne boiteuse qu'ils ont vue a Montluel le 10 décembre dernier en compagnie d'un individu dont le signalement correspond traits pour traits à celui de Wliss, actuellement arrêté.
Ces deux personnages ont été surtout remarqués dans l'établissement de M. Puy où ils se sont livrés à une violente discussion.
Voilà qui vient confirmer les suppositions les plus vraisemblables au sujet de l'identité de la victime. Cette malheureuse serait donc, à n'en plus douter, la bohémienne Neumélize, la maîtresse de Wliss avant Marie Hoffmann.
-
On vient de découvrir, dans les environs de l'Ile-Barbe, les jambes de la femme coupée en morceaux. Hier, dans la soirée, des soldats qui se promenaient sur les quais de la Saône, à Saint-Rambert, près du pont de l'Ile-Barbe, aperçurent un paquet informe qui se balançait sur l'eau… Les deux extrémités du sac étaient ouvertes et laissaient voir une masse de chairs en putréfaction. Les soldats s'empressèrent d'aller prévenir le garde champêtre de la commune de Saint-Rambert. Ce dernier alla à son tour avertir la gendarmerie à Vaise…. Le fil de fer laisse, près du genou, une ouverture béante qui indique la place d'une grosse pierre qui a servi à maintenir au fond de l'eau ces restes mutilés…. Le sac et son contenu ont été transportés à la Morgue. Ce matin, le docteur Coutagne, médecin au rapport, et M. Ferrand, expert-chimiste, ont procédé à un premier examen.
Le fil de fer a été reconnu identique à celui qui liait le tronçon. Suivant la remarque fort juste de M. Morin, commissaire de police, ce fil de fer a dû être arraché à une palissade… Le pied gauche est légèrement incliné en avant ; une cicatrice provenant d'une tumeur blanche explique le rétrécissement de la jambe gauche et la claudication dont la victime était affectée…
-
Les restes de la victime du crime de l'lIe-Barbe ont été transportés à la Morgue et de là à la Faculté de médecine.
Hier, dans la journée, MM. Lacassagne, professeur de médecine légale, et Coutagne, médecin au rapport, ont commencé les expériences médico-légales pour reconnaître si réellement la femme coupée en morceaux était boiteuse. Les médecins, après un minutieux examen, n'ont rien découvert, ni dans le bassin, ni dans la colonne vertébrale, qui pût faire croire à la claudication.
D'autre part, le chef de la police de sûreté met en oeuvre toutes les ressources de son imagination pour découvrir une preuve irréfutable de la culpabilité de Wliss. Plusieurs témoins ont déclaré, dans leurs dépositions, que Wliss avait parcouru le chemin de Saint - Rambert accompagné d'un chien. Ce chien, abandonné par le saltimbanque, a été recueilli par M. Carlin. M. Morin s'est rendu hier à Saint-Rambert et a prié M. Carlin de raccompagner dans une promenade dans les environs, et de se faire suivre du chien de Wliss.
M. Morin espérait découvrir par cet animal quelques indices sur les maisons que fréquentait le bohémien.
On conduisit donc le chien de Saint-Rambert à Collonges, et de Collonges à Saint-Cyr…Cette longue promenade de la police, consignant tous les mouvements insolites d'un chien flairant les murs et se permettant toutes les libertés d'un animal de son espèce, nous paraît quelque peu bouffonne. Elle nous rappelle plutôt une scène de vaudeville qu'une enquête judiciaire.
Mais cette affaire continua d’intéresser la presse de l’époque, ainsi :
- Le Nouveau Lyon du 12 décembre 1894 : Peu de nos lecteurs sans doute ont encore présente à la mémoire l’affaire mystérieuse de la femme coupée en morceaux, retrouvée à l’Ile Barbe et pour laquelle l’infortunée famille Weiss fit, à tort, 153 longs jours de prévention.
- Le Passe temps, littérature, beaux-arts, musique, biographies, nouvelles du 24 mars 1901 nous informe : l’assassin de la « femme coupée en morceaux » continue - ainsi que sa victime, d’ailleurs – à garder modestement l’anonyme et tout fait craindre qu’il ne persiste dans son incognito et se dérobe aux familiarités de la police pédestre et équestre qui veille ( ?) sur la sécurité diurne et nocturne…Toutefois, nous ne désespérons pas de le voir revenir se balader à la prochaine vogue de l’Ile Barbe, qui lui rappellera sa première femme … coupée en morceaux avec la même impunité.
Si vous souhaitez connaitre plus de détails concernant cette affaire nous vous proposons de venir consulter plus finement le Courrier de Lyon, le Salut public et Le Progrès à partir de 1880.
Autres documents consultés :
- Les grandes affaires criminelles du Rhône d’Albine Novarino-Pothier,
- Grands procès et affaires criminelles du lyonnais d’Agnès Riche, Daniel Riche,
- Grands criminels lyonnais : récits de Nicolas Le Breton,
- Guide de Lyon des faits divers : de l'Antiquité à nos jours ,
- et le périodique Autrefois : l'actualité de votre histoire ; Ici & aujourd'hui : l'histoire de votre actualité.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter