Question d'origine :
Bonjour,
Vous connaissez surement Carlo Gesualdo, ce compositeur italien aux frontières de la renaissance et de la période baroque, célèbre pour le meurtre de sa femme, Maria d'Avalos, et de son amant (celui de sa femme bien entendu), Fabrizio Carafa. Cette tragédie aura été contée par Torquato Tasso (le Tasse, auteur de "la Jérusalem délivrée) dans un sonnet qui m'est introuvable; sauriez-vous, s'il vous plait, me donner de plus amples renseignements par rapport à ce sonnet, si ce n'est le texte lui-même ? (le cas échéant en version original et traduit s'il est à votre disposition)
D'avance merci
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 01/10/2015 à 10h53
Bonjour,
Nos recherches dans Google livres, nous ont permis de trouver l’ouvrage suivant :
Dictionnaire amoureux de Naples de Jean-Noël Schifano, dans lequel un extrait d’un sonnet du Tasse relatant cet évènement est traduit :
« […]Gesualdo (Carlo) 1560-1613 :
En 1586, Gesualdo épouse la belle et jeune Maria d’Avalos – dont on peut voir le portrait dans San Domenico Maggiore, où eut lieu le mariage et où Maria d’Avalos est ensevelie… Gesualdo est sont troisième mari : le premier est mort d’épuisement à honorer pareille vierge beauté, le second, avec la bénédiction papale, divorça et échappa au destin du premier… Gesualdo, lui, était peu porté au mariage, ses jeunes musiciens mâles l’attiraient davantage, mais il fallait que son principat eût un héritier… Maria était fécondable, elle en avait déjà donné la preuve, et, comme cousine du prince, elle renforçait le blason… Mais le blason ne suffisait pas au tempérament de Maria, qui se lia d’amour passionné avec le jeune duc Fabrizio d’Andria…
[…]
« Quelques jours plus tard, des yeux jaloux découvrirent leurs amours. » […]
L’oncle fut le déclencheur de l’assassinat des deux amants. Nulle passion de la part de Gesualdo, nul crime d’honneur, nulle jalousie : il était, comme toute la noble société napolitaine, au courant depuis longtemps, sans ciller, mais il voulut que l’on prît son crime pour un crime passionnel… Une mise en scène, le 16 octobre 1590, une mise en théâtre, une mise en musique… Il fait semblant, avec toute sa cour, de partir à la chasse, il revient dans la nuit, tous les chevaux ont leurs sabots feutrés pour étouffer tout bruit sur les dalles de lave de la place San Domenico ; par ailleurs, la veille, il a fait fausser les serrures de son palais pour passer les portes en les poussant simplement de la main… Les amants se trouvent en « flagrant délit » de « flagrant péché » comme l’Eglise le dit à l’époque, le prince donne l’ordre à ses serviteurs de les percer et de les arquebuser… […]
Le Tasse, cependant, écrivait des sonnets sur la tragédie des amants, outre le madrigal 294 :
Ferro in ferir pietoso / D’ambi gli amanti il core / Ferro, che in ferir fosti emulo d’amore […] – « Fer en ce miséricordieux coup / dans le cœur des deux amants / Fer en les frappant tu fus rival de l’amour […] »
Ce dictionnaire est aussi présent dans nos collections.
Grâce à ces éléments, nous avons pu poursuivre nos recherches en italien, toujours dans Google livres, nous avons pu consulter le document Della dimora di Torquato Tasso in Napoli negli anni 1588, 1592, 1594 de Carmine Modestino dans lequel le madrigal 294 est cité en intégralité ainsi qu’un autre sonnet du poète Le Tasse :
« Sullo stesso argumento
III
Poi hé d’un cor due amiche amanti voglie,
Hai sciolto no, ma durro ferro estinse,
E quel che tua man dolce stretto avvinse
Nodo, Amore, empia man rompe e discioglie ;
Or che brev’urna e vil terreno accoglie
L’umore onde tuo stral spesso s’intinse,
Ed indi a mille cor tua destra spinse
Per Trar dal mondo ampie onorate spoglie ;
Torna all’aratro, Amor, rompi la terra,
Come già festi un tempo, o almen vendetta
Prendi di lei ch’ogni tua gloria atterra ;
E scrivi al sasso ch’i due amanti serra :
Rotto é già l’arco ed ogni mia saetta,
Con questi, e spenta ogni amorosa guerra. (1)
1 : Questo terzo sonetto fu rinvenuto tra i manoscritti Serrassi accompagnato dall'annotazione seguente: "per intelligenza di questo sonnetto si deve sapere che il Duca d'Andria e la principessa de Venosa colti in adulterio dal marito di lei furono ammazzati il di 17 ottobre 1590; della quale disgraziatissima morte parla la storia arcana di Napoli.
Nella stessa raccolta delle poesie del Tasso fatta dal Rosini incontrasi il seguente madrigale che sembra dettato per lo stesso soggetto :
Madrigale 294.
Ferro in ferir pietoso
D’ambi gli amanti il core,
Ferro, che in ferir fosti emul d’amore ;
Concorso doloroso,
Che concordi ed unite
Tu le morti tenesti, egli le vite ;
Anzi tue fur le palme,
Che amore i corpi uni, tu unisti l’alme ! »
La note 1 précise que le manuscrit était accompagné d’un commentaire relatant le meurtre des deux amants, cela permettant de mettre en contexte le sonnet.
Nous n’avons malheureusement pas trouvé de traduction intégrale de ces deux textes. Vous pouvez cependant consulter un certain nombre d’ouvrages du Tasse dans la bibliothèque numérique Gallica.
Bonne journée.
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