Question d'origine :
sur les forums apparaissent des oeuvres de J. Garnier mais celle qui l'aurait rendu célèbre n'apparaît qu'en lithographie. Quelle est l'histoire de ce tableau? Se trouve-t-il exposé en France?
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 08/10/2015 à 13h54
Nous ne possédons aucun document consacré exclusivement à l’artiste Jules Arsène Garnier (1847-1889).
Aussi, avons-nous consulté deux dictionnaires d’artistes afin de recueillir tout de même quelques renseignements sur la personne.
Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs / Bénézit, 1999.
Né le 22 janvier 1847 à Paris. Mort le 25 décembre 1889 à Paris. XIXe siècle. Français.
Il étudia à l'École des Beaux-Arts de Toulouse, puis à celle de Paris, dans l'atelier de Gérome. Il parcourut la Belgique, la Hollande et l'Espagne. Il exposa à Paris, de 1869 à 1889, au Salon, puis Salon des Artistes Français. Certaines de ses œuvres furent exposées à l'exposition Équivoques, qui eut lieu au Musée des Arts Décoratifs de Paris, en 1973.
Il peignit de nombreux paysages, à l'occasion de ses différents voyages, mais ce sont ses peintures d'anecdotes, souvent inspirées par les récits de Rabelais, qui lui valurent du succès auprès du grand public, en particulier son tableau intitulé : Le Libérateur du territoire. Parmi ses autres toiles, on cite : Galanterie après boire - Bacchanale - Ne réveillez pas bébé! - Vivez joyeux – La bavarde - Le Roi s'amuse - Pantagruel.
Dictionnaire des petits maîtres de la peinture : 1820-1920 / Gérald Schurr, Pierre Cabanne, 2003.
Paris 1847-1889
Il fit ses études aux Beaux-Arts de Toulouse puis de Paris, à l'atelier de Gérôme. Il parcourt la Belgique, la Hollande et l'Espagne où il peint des paysages habilement composés, mais fort conventionnels. Deux toiles très différentes lui assurent une sorte d'immortalité ; l'une, au château de Versailles représente l'Assemblée nationale rendant hommage à Thiers « libérateur du territoire », composition populaire reproduite dans tous les manuels d'histoire. L'autre, L'Épave (musée de Dijon), hésitant entre érotisme et racisme ingénu, est exposée au Salon en 1873 - Garnier s'y manifeste de 1869 à 1889. Prototype ridicule du « pompiérisme » de l'anecdote, cette toile, étrillée par la critique, connut néanmoins un succès considérable auprès du public.
Comme vous nous le signalez, l’image, la plus fréquemment utilisée dans les publications, évoquant le moment à l’Assemblée nationale où Thiers est qualifié de « libérateur du territoire », est celle d’une estampe réalisée d’après un tableau de Jules Arsène Garnier. Cette image est diffusée par l'Agence photo de la Réunion des Musées nationaux et du Grand Palais. L’œuvre photographiée est une estampe, plus précisément une chromolithographie, 63 x 99,5 cm, localisée au Musée national du château de Versailles. Vous trouvez un commentaire sur cette œuvre sur le site histoire-image.org.
Nous avons ensuite recherché par Google, à partir de mots-clés du titre, une éventuelle trace du tableau original. Au fil des pages consultées, nous avons retenu l’une d’entre elles, sur le site de l’Assemblée nationale, qui fait mention du titre de l’œuvre. Dans le paragraphe concernant la Salle des Conférences, on note :
« Construite par Jules de Joly à l'emplacement de la salle à manger du Prince de Condé, elle a été décorée en 1839 par François-Joseph Heim. La cheminée d'Antonin Moine est surmontée d'un buste de la République de Clésinger. Deux tapisseries illustrent des épisodes de l'Illiade : l'une, « Briséis rendue à Achille », a été tissée à Bruxelles d'après des cartons de Rubens, l'autre, « la colère d'Achille », est un excellent exemple des productions de la Manufacture des Gobelins au XVIIIe siècle.
Nous avons alors consulté les ouvrages que nous possédons sur l’Assemblée nationale. Deux d’entre eux présentent le tableau avec une illustration :
Le Patrimoine de l'Assemblée nationale
p. 187 : une petite illustration couleur, accompagnée de la notice suivante :
«
1878. Jules-Arsène Garnier
Huile sur toile (151 X 239 cm)
Palais Bourbon
Lors d'une séance de l'Assemblée nationale, le 17 juin 1877, députés de droite et de gauche se trouvent spontanément réunis dans un hommage à Adolphe Thiers lorsque le ministre de l'Intérieur parle de ceux qui après 1871 ont été les pacificateurs du pays et les libérateurs de la France. Garnier (1847-1889) relate l'événement dans cette peinture présentée au Salon de 1878 où l'on reconnaît aisément les traits et la petite taille de celui qui venait de disparaître. Fourtou, ministre de l'intérieur, se flatte de ce que ses amis politiques faisaient partie de l'Assemblée nationale de 1871 qui libéra le territoire. Gambetta se lève et s'écrie : « le libérateur du territoire, le voilà ! » Le succès de cette toile est immédiat et occulte les autres œuvres d'inspiration littéraire de ce peintre raffiné. »
L'Assemblée nationale / conception Eric Reinhardt
p. 112-113 : deux illustrations couleur, pleine page, de bonne qualité. L’une montre le tableau dans sa totalité, avec son encadrement, l’autre un détail des personnes qui entourent Adolphe Thiers.
« La salle des conférences. Le libérateur du territoire, tableau peint par Jules-Arsène Garnier en 1878. »
Nous avons également parcouru les catalogues des Salons, de 1868 à 1889. Chaque année, à partir de 1869, Garnier proposait un ou deux tableaux au Salon. En 1869, il exposa le tableau intitulé « Baigneuse ». Dans Les catalogues des Salons. 12 (1878-1880) / publiés par Pierre Sanchez, on relève, dans la partie tableaux du Salon de 1878, l’inscription suivante :
« 978 - Le libérateur du territoire.
Le Ministre de l'intérieur : "… Les hommes qui sont au gouvernement aujourd'hui sortaient des élections de •1871 et faisaient partie de cette Assemblée nationale dont on peut dire qu'elle a été la pacificatrice du pays et la libératrice du territoire. » (Très-bien, à droite) - plusieurs membres, désignant Thiers : - « Le voilà, le libérateur du territoire ! » - (A ce moment les membres de la gauche et du centre se lèvent, et se tournant vers M. Thiers, le saluent des plus vives acclamations et des plus chaleureux applaudissements.)
(Journal officiel de la République française, 17 juin 1877)
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