Question d'origine :
Bonjour à toute l'équipe du Guichet du Savoir !
La question est simple : "L'habit fait-il le moine ?"
J'aurai tendance à dire oui contrairement au célèbre dicton, surtout de nos jours où le physique est sans l'ombre d'un doute devenu quelque chose de primordial.
En effet, j'ai l'impression que de plus en plus de gens se définissent par rapport au physique qu'ils arborent, notamment chez les jeunes.
Vous aurez compris que la question n'est pas anodine. En effet, au risque de paraître un peu présomptueux, je la pose car il m'arrive très rarement de me tromper sur les gens lorsque je les rencontre de prime abord.
La société est-elle devenue si transparente qu'en un coup d'œil on peut savoir à qui on a à faire ? Ou alors cela a-t-il toujours été ainsi ?
Merci de m'aider dans ma réflexion.
Bonne fin de journée et bonnes fêtes ! <:)
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 24/12/2014 à 14h48
Bonjour,
Tout d’abord, intéressons-nous à ce proverbe :
L’habit ne fait pas le moine
« Il ne faut pas juger les gens sur l’apparence ».
Ce très ancien proverbe est traduit du latin médiéval, cité au XIIIe siècle dans les « Sermons sur le Carême » d’Olivier Maillard, qui s’inspire des « Décrétales » de Grégoire IX. La traduction française (avec des variantes : robe au lieu d’habit, ermite au lieu de moine) est attestée dès le XIIIe s. (« Proverbes ruraux », « Fabliaux », « Roman de la Rose »), au XVe s. chez Charles d’Orléans et au XVIe s. chez Rabelais.
Il est à noter qu’à côté de son sens psychologique (cassure entre être et paraître) et moral (devoir être opposé à être), le proverbe a reçu, au XVIIIe s., une signification financière.
(Source : Dictionnaire d’expressions et de locutions / Alain Rey et Sophie Chantreau)
Le site Expressio nous indique également :
Selon certains, ce proverbe viendrait d'une déformation progressive de la traduction de l'expression latine de Plutarque 'barba non facit philosophum' qui signifiait 'la barbe ne fait pas le philosophe'.
D'autres disent qu'il aurait pour origine un fait historique : en 1297, pour réussir à s'emparer par la ruse de la forteresse bâtie sur le rocher monégasque, François Grimaldi et ses compagnons d'armes se sont déguisés en moines franciscains, fait rappelé sur les armoiries de Monaco.
Enfin, peut-être faut-il simplement voir une certaine ironie dans cette expression.
En effet, lorsqu'elle est apparue, les moines de l'époque étaient bien loin de suivre leurs préceptes. N'hésitant pas à accumuler des biens, à ripailler, à courir la gueuse ou à trucider à tout-va dans les batailles, ils avaient un comportement très éloigné de celui que leur tenue aurait pu laisser supposer.
Ainsi, un brigand désireux de détrousser un moine en le supposant faible, pouvait tomber sur bien plus fort et rusé que lui.
Pour aller plus loin :
• L’habit fait-il le moine ? : quelques réflexions autour des proverbes vestimentaires du Moyen Age / Fanny Oudin
En effet, l’apparence semble prendre une place de plus en plus importante dans nos sociétés contemporaines :
• Bien s’habiller au bureau / Anne Saunier-Plumaz
• Ayez le bon look, donnez une bonne image de vous : pour vous sentir bien, faire la différence et convaincre / Aude Roy
• Valorisez votre image / Marie-Louise Pierson
• Dress code : le bon vêtement au bon moment / Maxime Donzel et Géraldine de Margerie
• Relooking en 7 étapes : soyez votre coach physique et mental / Delphine Lecastel
• …
Néanmoins, le critère du beau a toujours été important, quelque soit l’époque :
Depuis l’Antiquité grecque, nous sommes victimes et vecteurs du même présupposé : ce qui est beau est bon. Aujourd’hui encore, tout le monde le pressent et personne ne veut y croire : notre vie tout entière est soumise à la tyrannie des apparences.
Pour la première fois en France, un livre, Le Poids des apparences (Odile Jacob, 2002), en apporte la démonstration. Professeur de sociologie, Jean-François Amadieu a recensé trente ans d’études américaines et européennes sur le sujet et en tire une conclusion effarante : toute notre vie, dans tous les domaines, en amour comme au travail, notre apparence conditionnera nos relations aux autres.
Poussant son analyse, le sociologue démontre combien la beauté est un formidable outil de discrimination sociale que les élites imposent aux classes les plus basses. Dans le monde entier, les canons de la beauté ne sont-ils pas ceux des Blancs américains diffusés par la télévision et le cinéma : blondeur, minceur, jeunesse. Que l’on s’y résolve ou que l’on se révolte, nous n’en sommes pas moins, dès la naissance, soumis à la première des injustices : celle des apparences. […]
A l’école du favoritisme
A la maternelle déjà, les enfants beaux sont privilégiés. Les enseignants ont une meilleure opinion d’eux, leur accordent davantage d’attention, les évaluent plus chaleureusement - in Modèles du corps et psychologie esthétique de Jean Maisonneuve et Marilou Bruchon-Schweitzer (PUF, 1981). Cette bienveillance engendre une confiance chez l’enfant qui l’accompagnera toute sa vie. D’autant qu’elle va mettre en place une dynamique du succès qui se poursuivra à l’âge adulte. Ensuite, au collège et au lycée, une note peut varier de 20 à 40 % selon la beauté de l’élève. Les études prouvent qu’une étudiante laide mais de bon niveau est peu défavorisée par rapport à une étudiante belle de même niveau. En revanche, si la plus jolie est mauvaise élève, ses notes seront nettement surévaluées par les examinateurs, expliquent Jean Maisonneuve et Marilou Bruchon-Schweitzer dans Le Corps et la Beauté (PUF, 1999).
« Beaucoup plus que l’enfant beau, l’enfant laid est jugé responsable de ses échecs scolaires autant que de ses fautes, remarque Jean-François Amadieu. D’abord par les instituteurs, puis par les professeurs et enfin par les recruteurs. La beauté est un statut qui vaut diplôme : elle enrichit, comme la laideur altère, nos compétences. »
(Source : La tyrannie de l’apparence / Psychologies)
Voir aussi : La tyrannie de la beauté / Jean-François Dortier
De plus, il est normal de juger quelqu’un d’après son apparence, puisqu’il s’agit des premières informations que nous percevons sur cette personne :
Les apparences comptent tout simplement parce qu’elles constituent la première source d’information dont nous disposons sur une personne, en particulier si nous ne la connaissons pas ! Les autres nous jugent donc sur notre physique, et nous en faisons tout autant, de manière automatique, dans les premiers instants d’une rencontre… Tout simplement parce que nous cherchons à cerner l’autre à partir des quelques indices dont nous disposons.
Parfois, nos a priori basés sur le physique s’estompent, lorsque nous apprenons à connaître la personne… mais parfois pas ! Il peut arriver que l’impression que ce que nous avions cru déceler dans les premiers instants (par exemple, « elle est snob », pour une personne très apprêtée) se confirme, ou au contraire, elle se modifie, en fonction du comportement fréquemment adopté par la personne (selon qu’elle se montre hautaine ou chaleureuse avec les autres, je garde mon a priori ou je reviens dessus).
(Source : Pourquoi accordons-nous tant d’importance à l’apparence ? / Psychologies)
Peut-on vraiment juger un livre à sa couverture? Quand on juge les autres sur une première impression, c’est exactement ce que l’on fait. Nous avons tous entendu le cliché: "Vous n'aurez jamais une deuxième chance de faire une bonne première impression." C’est la vérité et une première impression peut parfois être bien plus percutante que nous ne l’imaginons.
Notre cerveau analyse un grand nombre de signaux verbaux et non verbaux presque instantanément quand nous rencontrons quelqu'un (ou tout simplement en regardant une photo) et génère des impressions qui sont souvent aussi précises que celles que nous établissons sur des périodes de temps plus longues. Les recherches ont démontré que nous pouvons former nos premières impressions en quelques fractions de seconde, et pas seulement sur la base d’une rencontre de personne à personne. Nous les formons de façon assez précise en regardant simplement des photos sur Facebook, et certaines femmes peuvent même dire si un homme sera un bon père juste en le voyant.
Qu'il s'agisse d'un entretien d'embauche, d’un premier rendez-vous amoureux ou d’une rencontre informelle, les premières impressions sont incroyablement puissantes et parfois très difficiles à changer. Mais ce n'est pas totalement sans espoir: comprendre le fonctionnement des premières impressions pourra vous aider à déterminer quel genre d'effet vous souhaitez laisser. […]
Elles sont très difficiles à changer.
Les recherches ont aussi démontré que les premières impressions étaient si fortes qu'elles pouvaient l'emporter sur des faits indéniables ou la connaissance d’une information antérieure. Une étude récente a montré que des participants qui avaient été informés de l’orientation sexuelle d’une personne continuaient à l’identifier comme gay ou hétéro, selon leur première impression, malgré qu’on leur ait fourni une nouvelle information.
Bien que les premières impressions soient une réponse cognitive naturelle, ce genre de jugements instantanés peut, bien sûr, conduire à des stéréotypes.
"Nous jugeons les livres par leurs couvertures, et nous ne pouvons pas nous empêcher de le faire", a affirmé le chercheur Nicholas Rule de l'université de Toronto. "Moyennant un certain effort, nous pouvons éviter d’extrapoler nos impressions, mais nous sommes continuellement obligés de nous corriger à nouveau."
Un certain nombre de facteurs interfèrent lors de nos premières impressions.
Quand il s'agit d’un entretien d'embauche ou d’une rencontre officielle, la façon de vous vêtir et la fermeté de votre poignée de main pourraient faire une grande différence sur la première impression que vous donnerez. Une étude de 2009 publiée dans la revue Personality et Social Psychology Bulletin a démontré que la posture comme le style vestimentaire pouvaient jouer un rôle dans la perception initiale, tandis qu'une autre étude a montré que la force de la poignée de main pouvait également influencer les premières impressions. Les chercheurs ont constaté qu’une poignée de main molle pouvait donner une impression de passivité, alors assurez-vous d’en avoir une bien ferme!
Le ton et la teneur de votre voix jouent également un rôle important pour déterminer le genre de première impression que vous laisserez aux autres. Une étude écossaise a constaté que les participants se sont largement accordés, en entendant seulement la voix d'un sujet, sur un certain nombre de jugements de la personnalité, comme la fiabilité, l'agressivité et la cordialité. "[Les psychologues] ont confirmé que les gens émettent des jugements instantanés quand ils entendent la voix de quelqu'un", a déclaré Drew Rendall, psychologue à l'université de Lethbridge, à Science Mag. "Et ces jugements sont rendus sur très peu de preuves à l’appui."
(Source : Comment faire une bonne première impression (selon la science) ? / The Huffington Post)
Toutefois, ces apparences peuvent être trompeuses car induites par nos préjugés :
• Faut-il se fier aux apparences ? / France Inter
Il faut également garder à l’esprit que l’apparence que nous avons (vêtements, maquillage …) reste un critère important (et notamment chez les jeunes) de l’intégration à un groupe. Il est donc difficile dans ce cas de juger la personne sur son apparence, puisque celle-ci est d’abord et avant tout un « déguisement » qui lui permet de s’intégrer dans la société.
• Notre intégration dans la société dépend-elle de notre image ? / TPE
Cet exemple, tiré de l’actualité, nous montre qu’il est parfois utile de ne pas se fier aux apparences : Une personne obèse peut-elle être ministre de la Santé ?
La nouvelle ministre de la Santé belge, Maggie De Block, est en effet, atteinte d’obésité. C’est alors que c’est posée la question de sa crédibilité, du fait de cet état, à ce poste. Toutefois, cette personne a exercé la médecine pendant de nombreuses et elle est très populaire au sein du peuple belge : "Si l'obésité de la ministre en a fait ricaner plus d'un, observe L'Echo, la popularité du personnage est forte, et ses compétences souvent saluées." Les sondages en attestent : la ministre, qui a exercé la médecine pendant une vingtaine d'années, est l'une des figures les plus populaires du pays. "Son surpoids n'est pas un obstacle, car c'est ce qui la rattache au peuple. Elle est l'une des nôtres", estime d'ailleurs une spécialiste en communication, interrogée par De Morgen. . Enfin, cette obésité est due à une maladie chronique contre laquelle Maggie De Block ne peut rien.
Ainsi, en jugeant sur les apparences, certains se sont demandé s’il était vraiment pertinent de nommer une femme obèse ministre de la Santé. Néanmoins, en creusant un peu plus le portrait de cette femme, on peut difficilement douter de ses compétences dans le domaine (elle est médecin), ni de sa popularité.
Pour aller plus loin :
• Pourquoi se méfier des apparences ? / Ronald Bonan
• Paraître et apparences en Europe occidentale : du Moyen Age à nos jours
• Le poids des apparences : beauté, amour et gloire / Jean-François Amadieu
Bonnes fêtes
Tout d’abord, intéressons-nous à ce proverbe :
« Il ne faut pas juger les gens sur l’apparence ».
Ce très ancien proverbe est traduit du latin médiéval, cité au XIIIe siècle dans les « Sermons sur le Carême » d’Olivier Maillard, qui s’inspire des « Décrétales » de Grégoire IX. La traduction française (avec des variantes : robe au lieu d’habit, ermite au lieu de moine) est attestée dès le XIIIe s. (« Proverbes ruraux », « Fabliaux », « Roman de la Rose »), au XVe s. chez Charles d’Orléans et au XVIe s. chez Rabelais.
Il est à noter qu’à côté de son sens psychologique (cassure entre être et paraître) et moral (devoir être opposé à être), le proverbe a reçu, au XVIIIe s., une signification financière.
(Source : Dictionnaire d’expressions et de locutions / Alain Rey et Sophie Chantreau)
Le site Expressio nous indique également :
Selon certains, ce proverbe viendrait d'une déformation progressive de la traduction de l'expression latine de Plutarque 'barba non facit philosophum' qui signifiait 'la barbe ne fait pas le philosophe'.
D'autres disent qu'il aurait pour origine un fait historique : en 1297, pour réussir à s'emparer par la ruse de la forteresse bâtie sur le rocher monégasque, François Grimaldi et ses compagnons d'armes se sont déguisés en moines franciscains, fait rappelé sur les armoiries de Monaco.
Enfin, peut-être faut-il simplement voir une certaine ironie dans cette expression.
En effet, lorsqu'elle est apparue, les moines de l'époque étaient bien loin de suivre leurs préceptes. N'hésitant pas à accumuler des biens, à ripailler, à courir la gueuse ou à trucider à tout-va dans les batailles, ils avaient un comportement très éloigné de celui que leur tenue aurait pu laisser supposer.
Ainsi, un brigand désireux de détrousser un moine en le supposant faible, pouvait tomber sur bien plus fort et rusé que lui.
Pour aller plus loin :
• L’habit fait-il le moine ? : quelques réflexions autour des proverbes vestimentaires du Moyen Age / Fanny Oudin
En effet, l’apparence semble prendre une place de plus en plus importante dans nos sociétés contemporaines :
• Bien s’habiller au bureau / Anne Saunier-Plumaz
• Ayez le bon look, donnez une bonne image de vous : pour vous sentir bien, faire la différence et convaincre / Aude Roy
• Valorisez votre image / Marie-Louise Pierson
• Dress code : le bon vêtement au bon moment / Maxime Donzel et Géraldine de Margerie
• Relooking en 7 étapes : soyez votre coach physique et mental / Delphine Lecastel
• …
Néanmoins, le critère du beau a toujours été important, quelque soit l’époque :
Depuis l’Antiquité grecque, nous sommes victimes et vecteurs du même présupposé : ce qui est beau est bon. Aujourd’hui encore, tout le monde le pressent et personne ne veut y croire : notre vie tout entière est soumise à la tyrannie des apparences.
Pour la première fois en France, un livre, Le Poids des apparences (Odile Jacob, 2002), en apporte la démonstration. Professeur de sociologie, Jean-François Amadieu a recensé trente ans d’études américaines et européennes sur le sujet et en tire une conclusion effarante :
Poussant son analyse, le sociologue démontre combien la beauté est un formidable outil de discrimination sociale que les élites imposent aux classes les plus basses. Dans le monde entier, les canons de la beauté ne sont-ils pas ceux des Blancs américains diffusés par la télévision et le cinéma : blondeur, minceur, jeunesse. Que l’on s’y résolve ou que l’on se révolte, nous n’en sommes pas moins, dès la naissance, soumis à la première des injustices : celle des apparences. […]
A la maternelle déjà, les enfants beaux sont privilégiés. Les enseignants ont une meilleure opinion d’eux, leur accordent davantage d’attention, les évaluent plus chaleureusement - in Modèles du corps et psychologie esthétique de Jean Maisonneuve et Marilou Bruchon-Schweitzer (PUF, 1981). Cette bienveillance engendre une confiance chez l’enfant qui l’accompagnera toute sa vie. D’autant qu’elle va mettre en place une dynamique du succès qui se poursuivra à l’âge adulte. Ensuite, au collège et au lycée, une note peut varier de 20 à 40 % selon la beauté de l’élève. Les études prouvent qu’une étudiante laide mais de bon niveau est peu défavorisée par rapport à une étudiante belle de même niveau. En revanche, si la plus jolie est mauvaise élève, ses notes seront nettement surévaluées par les examinateurs, expliquent Jean Maisonneuve et Marilou Bruchon-Schweitzer dans Le Corps et la Beauté (PUF, 1999).
« Beaucoup plus que l’enfant beau, l’enfant laid est jugé responsable de ses échecs scolaires autant que de ses fautes, remarque Jean-François Amadieu. D’abord par les instituteurs, puis par les professeurs et enfin par les recruteurs. La beauté est un statut qui vaut diplôme : elle enrichit, comme la laideur altère, nos compétences. »
(Source : La tyrannie de l’apparence / Psychologies)
Voir aussi : La tyrannie de la beauté / Jean-François Dortier
De plus, il est normal de juger quelqu’un d’après son apparence, puisqu’il s’agit des premières informations que nous percevons sur cette personne :
Les apparences comptent tout simplement parce qu’elles constituent la première source d’information dont nous disposons sur une personne, en particulier si nous ne la connaissons pas ! Les autres nous jugent donc sur notre physique, et nous en faisons tout autant, de manière automatique, dans les premiers instants d’une rencontre… Tout simplement parce que nous cherchons à cerner l’autre à partir des quelques indices dont nous disposons.
Parfois, nos a priori basés sur le physique s’estompent, lorsque nous apprenons à connaître la personne… mais parfois pas ! Il peut arriver que l’impression que ce que nous avions cru déceler dans les premiers instants (par exemple, « elle est snob », pour une personne très apprêtée) se confirme, ou au contraire, elle se modifie, en fonction du comportement fréquemment adopté par la personne (selon qu’elle se montre hautaine ou chaleureuse avec les autres, je garde mon a priori ou je reviens dessus).
(Source : Pourquoi accordons-nous tant d’importance à l’apparence ? / Psychologies)
Peut-on vraiment juger un livre à sa couverture? Quand on juge les autres sur une première impression, c’est exactement ce que l’on fait. Nous avons tous entendu le cliché: "Vous n'aurez jamais une deuxième chance de faire une bonne première impression." C’est la vérité et une première impression peut parfois être bien plus percutante que nous ne l’imaginons.
Notre cerveau analyse un grand nombre de signaux verbaux et non verbaux presque instantanément quand nous rencontrons quelqu'un (ou tout simplement en regardant une photo) et génère des impressions qui sont souvent aussi précises que celles que nous établissons sur des périodes de temps plus longues. Les recherches ont démontré que nous pouvons former nos premières impressions en quelques fractions de seconde, et pas seulement sur la base d’une rencontre de personne à personne. Nous les formons de façon assez précise en regardant simplement des photos sur Facebook, et certaines femmes peuvent même dire si un homme sera un bon père juste en le voyant.
Qu'il s'agisse d'un entretien d'embauche, d’un premier rendez-vous amoureux ou d’une rencontre informelle, les premières impressions sont incroyablement puissantes et parfois très difficiles à changer. Mais ce n'est pas totalement sans espoir: comprendre le fonctionnement des premières impressions pourra vous aider à déterminer quel genre d'effet vous souhaitez laisser. […]
Les recherches ont aussi démontré que les premières impressions étaient si fortes qu'elles pouvaient l'emporter sur des faits indéniables ou la connaissance d’une information antérieure. Une étude récente a montré que des participants qui avaient été informés de l’orientation sexuelle d’une personne continuaient à l’identifier comme gay ou hétéro, selon leur première impression, malgré qu’on leur ait fourni une nouvelle information.
Bien que les premières impressions soient une réponse cognitive naturelle, ce genre de jugements instantanés peut, bien sûr, conduire à des stéréotypes.
"Nous jugeons les livres par leurs couvertures, et nous ne pouvons pas nous empêcher de le faire", a affirmé le chercheur Nicholas Rule de l'université de Toronto. "Moyennant un certain effort, nous pouvons éviter d’extrapoler nos impressions, mais nous sommes continuellement obligés de nous corriger à nouveau."
Quand il s'agit d’un entretien d'embauche ou d’une rencontre officielle, la façon de vous vêtir et la fermeté de votre poignée de main pourraient faire une grande différence sur la première impression que vous donnerez. Une étude de 2009 publiée dans la revue Personality et Social Psychology Bulletin a démontré que la posture comme le style vestimentaire pouvaient jouer un rôle dans la perception initiale, tandis qu'une autre étude a montré que la force de la poignée de main pouvait également influencer les premières impressions. Les chercheurs ont constaté qu’une poignée de main molle pouvait donner une impression de passivité, alors assurez-vous d’en avoir une bien ferme!
Le ton et la teneur de votre voix jouent également un rôle important pour déterminer le genre de première impression que vous laisserez aux autres. Une étude écossaise a constaté que les participants se sont largement accordés, en entendant seulement la voix d'un sujet, sur un certain nombre de jugements de la personnalité, comme la fiabilité, l'agressivité et la cordialité. "[Les psychologues] ont confirmé que les gens émettent des jugements instantanés quand ils entendent la voix de quelqu'un", a déclaré Drew Rendall, psychologue à l'université de Lethbridge, à Science Mag. "Et ces jugements sont rendus sur très peu de preuves à l’appui."
(Source : Comment faire une bonne première impression (selon la science) ? / The Huffington Post)
Toutefois, ces apparences peuvent être trompeuses car induites par nos préjugés :
• Faut-il se fier aux apparences ? / France Inter
Il faut également garder à l’esprit que l’apparence que nous avons (vêtements, maquillage …) reste un critère important (et notamment chez les jeunes) de l’intégration à un groupe. Il est donc difficile dans ce cas de juger la personne sur son apparence, puisque celle-ci est d’abord et avant tout un « déguisement » qui lui permet de s’intégrer dans la société.
• Notre intégration dans la société dépend-elle de notre image ? / TPE
Cet exemple, tiré de l’actualité, nous montre qu’il est parfois utile de ne pas se fier aux apparences : Une personne obèse peut-elle être ministre de la Santé ?
La nouvelle ministre de la Santé belge, Maggie De Block, est en effet, atteinte d’obésité. C’est alors que c’est posée la question de sa crédibilité, du fait de cet état, à ce poste. Toutefois, cette personne a exercé la médecine pendant de nombreuses et elle est très populaire au sein du peuple belge : "Si l'obésité de la ministre en a fait ricaner plus d'un, observe L'Echo, la popularité du personnage est forte, et ses compétences souvent saluées." Les sondages en attestent : la ministre, qui a exercé la médecine pendant une vingtaine d'années, est l'une des figures les plus populaires du pays. "Son surpoids n'est pas un obstacle, car c'est ce qui la rattache au peuple. Elle est l'une des nôtres", estime d'ailleurs une spécialiste en communication, interrogée par De Morgen. . Enfin, cette obésité est due à une maladie chronique contre laquelle Maggie De Block ne peut rien.
Ainsi, en jugeant sur les apparences, certains se sont demandé s’il était vraiment pertinent de nommer une femme obèse ministre de la Santé. Néanmoins, en creusant un peu plus le portrait de cette femme, on peut difficilement douter de ses compétences dans le domaine (elle est médecin), ni de sa popularité.
Pour aller plus loin :
• Pourquoi se méfier des apparences ? / Ronald Bonan
• Paraître et apparences en Europe occidentale : du Moyen Age à nos jours
• Le poids des apparences : beauté, amour et gloire / Jean-François Amadieu
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