Question d'origine :
Qui est l'inventeur du monopoly?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 24/11/2015 à 10h46
Bonjour,
Le Monopoly a été imaginé par une femme quaker, Elisabeth J. Magie, dans le but de dénoncer l'oppression des rentiers de l'immobilier sur les locataires.
Dans un article intituléImpitoyable Monopoly (Le Monde - Mardi 14 août 2001, page 8), Jose Alain Fralon revient sur l'origine du Monopoly :
LA belle histoire commence par une escroquerie, et c'est, somme toute, justice : un jeu à la gloire du capitalisme ne pouvait naître honnêtement sous peine de désespérer encore un peu plus la rue de Belleville, le moins cher des terrains dans l'édition française. On a raconté à l'envi la saga deCharles Darrow , cet ingénieur de Pennsylvanie, au chômage durant la grande crise de 1929, qui inventa le Monopoly après des vacances à Atlantic City et devint le premier créateur de jeu au monde à devenir millionnaire en dollars. Le rêve américain dans toute sa force. En omettant toutefois de dire que ce malin de Darrow avait acheté pour une bouchée de pain le brevet, déposé en 1904, du Jeu du propriétaire (The Landlord's Game), très proche du Monopoly, imaginé par une femme quaker, Lizzie Magie , dans le dessein de pourfendre l'immoralisme des lois de l'offre et de la demande !
Darrow sophistique les règles du jeu, en imaginant notamment le système des maisons et des hôtels, puis met au point quelques exemplaires pour ses amis. La légende, alors, devient vérité : la toile de jute pour les plateaux, peints avec des échantillons de couleur offerts par un drugstore, les maisons construites avec des baguettes de bois trouvées (volées ?) sur un chantier voisin, les titres de propriété découpés dans des vieux cartons, les pions, enfin, imitant les breloques pendues au bracelet de son épouse : une chaussure, un fer à repasser, une brouette...
En 1934, Darrow prend contact avec la société Parker Brothers, sise à Salem, dans le Massachusetts, qui lui réserve un accueil des plus circonspects. Ses spécialistes dénombrent ainsi cinquante-deux erreurs, eu égard aux principes très stricts édictés pour lancer un jeu familial : parties trop longues, compte tenu des quarante-cinq minutes maximum réglementaires, règles trop compliquées. Et puis, surtout, quel est ce jeu où les participants font tourner et retourner leur pion autour du plateau, sans but spécifique à atteindre : caisse d'or, jackpot, voire paradis, comme dans les jeux de l'Oie ! Après bien des hésitations, Parker se laissera convaincre. Pour son plus grand bonheur, et celui de Charles Darrow, qui se retira des affaires à quarante-six ans et mourut, très riche, à soixante-dix-huit ans.
Les superlatifs manquent pour qualifier le succès. On estime aujourd'hui à 480 millions le nombre de personnes qui ont déjà joué au Monopoly, imprimé en vingt-trois langues et édité dans quarante-trois pays. Depuis 1935, cinq milliards de petites maisons vertes ont été construites et 160 millions de boîtes ont été vendues. Avec environ 500 000 exemplaires écoulés chaque année, le Monopoly continue à caracoler dans le peloton de tête des ventes de jeux en France, où un foyer sur deux possède au moins un jeu.
Philippe Romon dans son article intitulé Monopoly à deux têtes (Libération - samedi 19 février 2011) nous en dit davantage surElisabeth J. Magie .
Elle est membre de la secte des Quakers et lectrice fervente de Henry George. Journaliste, homme politique et économiste américain du XIXe siècle, inspirateur du futur mouvement Fabien en Angleterre, George soutient qu'une taxe unique imposée sur la plus-value permettra de lutter contre les bénéfices réalisés par les propriétaires fonciers. Magie et les Quakers partagent cette idée : il faut contrôler le pouvoir des propriétaires immobiliers. En 1904, elle conçoit un jeu pour faire comprendre aux gens la «nature antisociale du monopole». Un petit livret d'instruction accompagne le plateau et les petites maisons en bois. [...]
Le 5 janvier 1904, elle dépose une patente et obtient du bureau fédéral le numéro 748 626 pour son «jeu du propriétaire». Magie souhaite que «chacun accommode le jeu» à sa façon. Pourvu que la leçon d'instruction sociale soit différente et retenue. Et, tout au long des années 10 et 20, le jeu va effectivement se répandre à travers les Etats-Unis.
Autres articles :
- L'inventrice du Monopoly voulait dénoncer les monopoles / Myriam Lebret - Slate - 16/02/2015
- "The Monopolists” : le livre qui révèle la curieuse genèse du Monopoly
- Monopoly : on ne prête qu'aux riches / Anthony Palou - Le figaro.fr - 08/08/2014
Bonne journée.
Le Monopoly a été imaginé par une femme quaker, Elisabeth J. Magie, dans le but de dénoncer l'oppression des rentiers de l'immobilier sur les locataires.
Dans un article intitulé
LA belle histoire commence par une escroquerie, et c'est, somme toute, justice : un jeu à la gloire du capitalisme ne pouvait naître honnêtement sous peine de désespérer encore un peu plus la rue de Belleville, le moins cher des terrains dans l'édition française. On a raconté à l'envi la saga de
Darrow sophistique les règles du jeu, en imaginant notamment le système des maisons et des hôtels, puis met au point quelques exemplaires pour ses amis. La légende, alors, devient vérité : la toile de jute pour les plateaux, peints avec des échantillons de couleur offerts par un drugstore, les maisons construites avec des baguettes de bois trouvées (volées ?) sur un chantier voisin, les titres de propriété découpés dans des vieux cartons, les pions, enfin, imitant les breloques pendues au bracelet de son épouse : une chaussure, un fer à repasser, une brouette...
En 1934, Darrow prend contact avec la société Parker Brothers, sise à Salem, dans le Massachusetts, qui lui réserve un accueil des plus circonspects. Ses spécialistes dénombrent ainsi cinquante-deux erreurs, eu égard aux principes très stricts édictés pour lancer un jeu familial : parties trop longues, compte tenu des quarante-cinq minutes maximum réglementaires, règles trop compliquées. Et puis, surtout, quel est ce jeu où les participants font tourner et retourner leur pion autour du plateau, sans but spécifique à atteindre : caisse d'or, jackpot, voire paradis, comme dans les jeux de l'Oie ! Après bien des hésitations, Parker se laissera convaincre. Pour son plus grand bonheur, et celui de Charles Darrow, qui se retira des affaires à quarante-six ans et mourut, très riche, à soixante-dix-huit ans.
Les superlatifs manquent pour qualifier le succès. On estime aujourd'hui à 480 millions le nombre de personnes qui ont déjà joué au Monopoly, imprimé en vingt-trois langues et édité dans quarante-trois pays. Depuis 1935, cinq milliards de petites maisons vertes ont été construites et 160 millions de boîtes ont été vendues. Avec environ 500 000 exemplaires écoulés chaque année, le Monopoly continue à caracoler dans le peloton de tête des ventes de jeux en France, où un foyer sur deux possède au moins un jeu.
Philippe Romon dans son article intitulé Monopoly à deux têtes (Libération - samedi 19 février 2011) nous en dit davantage sur
Elle est membre de la secte des Quakers et lectrice fervente de Henry George. Journaliste, homme politique et économiste américain du XIXe siècle, inspirateur du futur mouvement Fabien en Angleterre, George soutient qu'une taxe unique imposée sur la plus-value permettra de lutter contre les bénéfices réalisés par les propriétaires fonciers. Magie et les Quakers partagent cette idée : il faut contrôler le pouvoir des propriétaires immobiliers. En 1904, elle conçoit un jeu pour faire comprendre aux gens la «nature antisociale du monopole». Un petit livret d'instruction accompagne le plateau et les petites maisons en bois. [...]
Le 5 janvier 1904, elle dépose une patente et obtient du bureau fédéral le numéro 748 626 pour son «jeu du propriétaire». Magie souhaite que «chacun accommode le jeu» à sa façon. Pourvu que la leçon d'instruction sociale soit différente et retenue. Et, tout au long des années 10 et 20, le jeu va effectivement se répandre à travers les Etats-Unis.
Autres articles :
- L'inventrice du Monopoly voulait dénoncer les monopoles / Myriam Lebret - Slate - 16/02/2015
- "The Monopolists” : le livre qui révèle la curieuse genèse du Monopoly
- Monopoly : on ne prête qu'aux riches / Anthony Palou - Le figaro.fr - 08/08/2014
Bonne journée.
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