Règne de Norbert le Névrosé
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 20/01/2015 à 18h06
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Question d'origine :
Bonjour,
Dans son ouvrage Poésie du gérondif, Jean Pierre Mauvignier évoque à la page 69 "le règne de Norbert le Névrosé" : s'agit-il d'un d'un roi qui a réellement régné sous ce nom dans les Pyrénées, d'un jeu de mot construit à partir du nom d'un roi (si oui lequel ?) ou d'une pure invention drolatique ?
Citation du paragraphe :
"De même, le basque, parlé sur les rivages de l'Atlantique et sur les cols pyrénéens dans une zone traversée, au moins depuis le règne de Norbert le Névrosé, par plusieurs chemins de Saint Jacques, n'est pas très isolé géographiquement, même s'il l'est nettement plus que le français et l'espagnol ; c'est pourtant l'une des langues les plus complexes qui soient."
Merci
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 22/01/2015 à 09h04
Bonjour,
N’ayant pas accès directement aux ouvrages concernés, nous ne pouvons vous répondre avec certitude. Néanmoins il semblerait que « Norbert le Névrosé » ait été inventé par Alexandre Vialatte :
Vialatte ne parle pas de littérature. Il s’en sert comme d’un tapis volant pour parcourir en zigzag les idées, les souvenirs, les images qui lui sont chers. A chaque détour du chemin on aperçoit l’Auvergne, dont les habitants ne craignent plus que le ciel leur tombe dessus depuis qu’ils ont inventé le parapluie, dont les chèvres donnent un lait à goût de secousse tellurique qui ravit les géologues, dont les habitants se couvrent de chandails superposés, alternativement marron et aubergine. « Pour le 15 août, ils en enlèvent un. A la Toussaint, ils en ajoutent deux. A la fin de leur vie, ils sont devenus pure laine et on se sert du grand-père pour les épingles. »
Son goût des traditions, son amour de l’histoire, depuis Pépin le bref et « Norbert le Névrosé », son catholicisme intégriste, sa méfiance à l’égard du progrès, ont valu à Vialatte une réputation de réactionnaire perclus de préjugés. Mais si vous le rangez à droite, il ruera dans les brancards, tirera la barbe des énarques ou la langue aux notables. Son prochain, c’est Kafka, le canard boiteux, ou Charlot, le paumé, ou la dernière paysanne d’un village abandonné, assise sur les marches de son seuil noir, une écuelle sur les genoux. Par-delà les camps et les castes, il s’adresse à tous les nostalgiques d’un certain art de vivre « et d’orienter les courants d’air pour mûrir les fromages à points bleus ».
Source : Commentaire, n°5, 1979
On retrouve en effet mention de Norbert le Névrosé dans 1968 : Chroniques d’Alexandre Vialatte :
[…]hommes obèses, à béret basque, font pulluler l’escargot comestible ; et de vieux châteaux datant de Norbert le Névrosé, dans les douves desquels des […]
Le terme « névrose » est assez récent : la forme « neurose » est attestée depuis 1785, et « névrose » depuis 1895. (source : Cnrtl)
Cela semble un peu tard pour servir de sobriquet à un seigneur ou roi ayant vécu au temps des « vieux châteaux ». Il s’agit donc probablement d’un trait d’humour, et non d’une référence à un personnage historique réel. Nous ne trouvons en tout cas aucune information sur un « roi Norbert » ayant vécu dans les Pyrénées.
Bonne journée.
N’ayant pas accès directement aux ouvrages concernés, nous ne pouvons vous répondre avec certitude. Néanmoins il semblerait que « Norbert le Névrosé » ait été inventé par Alexandre Vialatte :
Vialatte ne parle pas de littérature. Il s’en sert comme d’un tapis volant pour parcourir en zigzag les idées, les souvenirs, les images qui lui sont chers. A chaque détour du chemin on aperçoit l’Auvergne, dont les habitants ne craignent plus que le ciel leur tombe dessus depuis qu’ils ont inventé le parapluie, dont les chèvres donnent un lait à goût de secousse tellurique qui ravit les géologues, dont les habitants se couvrent de chandails superposés, alternativement marron et aubergine. « Pour le 15 août, ils en enlèvent un. A la Toussaint, ils en ajoutent deux. A la fin de leur vie, ils sont devenus pure laine et on se sert du grand-père pour les épingles. »
Son goût des traditions, son amour de l’histoire, depuis Pépin le bref et « Norbert le Névrosé », son catholicisme intégriste, sa méfiance à l’égard du progrès, ont valu à Vialatte une réputation de réactionnaire perclus de préjugés. Mais si vous le rangez à droite, il ruera dans les brancards, tirera la barbe des énarques ou la langue aux notables. Son prochain, c’est Kafka, le canard boiteux, ou Charlot, le paumé, ou la dernière paysanne d’un village abandonné, assise sur les marches de son seuil noir, une écuelle sur les genoux. Par-delà les camps et les castes, il s’adresse à tous les nostalgiques d’un certain art de vivre « et d’orienter les courants d’air pour mûrir les fromages à points bleus ».
Source : Commentaire, n°5, 1979
On retrouve en effet mention de Norbert le Névrosé dans 1968 : Chroniques d’Alexandre Vialatte :
[…]hommes obèses, à béret basque, font pulluler l’escargot comestible ; et de vieux châteaux datant de Norbert le Névrosé, dans les douves desquels des […]
Le terme « névrose » est assez récent : la forme « neurose » est attestée depuis 1785, et « névrose » depuis 1895. (source : Cnrtl)
Cela semble un peu tard pour servir de sobriquet à un seigneur ou roi ayant vécu au temps des « vieux châteaux ». Il s’agit donc probablement d’un trait d’humour, et non d’une référence à un personnage historique réel. Nous ne trouvons en tout cas aucune information sur un « roi Norbert » ayant vécu dans les Pyrénées.
Bonne journée.
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