Question d'origine :
Bonjour, est ce qu'il y a une différence entre la politique d'apaisement et l'esprit munichois pendant la conférence de Munich en 1938 ? Merci
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 11/01/2016 à 16h14
Traumatisés par la Grande Guerre et surtout préoccupés par la montée du communisme en Europe, plus que par celle du nazisme et du fascisme, la majorité des politiques anglais et français ont dans les années 30 pour priorité d’éviter la guerre avec Hitler et Mussolini, pour ne pas donner à Staline l’opportunité de gagner du territoire sur l’Europe.
Dans ce cadre-là, la différence entre la politique d’apaisement et l’esprit munichois, en lien avec les accords de Munich, tient surtout à la différence de stratégie diplomatique entre l’Angleterre et la France.
La «politique d’apaisement» est surtout le fait des britanniques et plus précisément de Neville Chamberlain et Lord Halifax, surnommés les « appeasers ». Voici la définition donnée par l’historien Paul Kennedy : « politique de règlement des querelles internationales par l'admission et la satisfaction des États par la voie de négociation rationnelle et de compromis, évitant ainsi le recours à un conflit armé qui serait coûteux, sanglant, voire dangereux ». Selon Winston Churchill, fortement opposé à cette politique, « un appeaser est quelqu’un qui nourrit un crocodile en espérant être mangé en dernier ».
L’esprit de Munich ou esprit munichois , désigne plutôt la politique française menée par Edouard Daladier, Georges Bonnet et Maurice Gamelin. Face aux menaces de l’Allemagne d’Hitler sur le territoire tchèque des Sudètes, la France est dans une position délicate : elle est engagée par un traité avec la Tchécoslovaquie, mais son armée étant trop faible, elle ne veut pas intervenir militairement sans les anglais. Sous la pression de l’Angleterre, elle cède et propose un plan franco-anglais, négocié par Chamberlain lors de sa rencontre avec Hitler le 15 septembre 1938 à Berchtesgaden, de cession des Sudètes à l’Allemagne en contrepartie d’une sécurité des nouvelles frontières de la Tchécoslovaquie. Le gouvernement Tchèque et son président Edvard Benes sont acculés à accepter ce plan, validé lors de la conférence de Munich des 29 et 30 septembre 1938.
En France, un courant pacifiste fort, appelé parfois les « pacifistes intégraux », défend le fait de trouver un accord avec Hitler à propos des Sudètes pour éviter la guerre. 500000 personnes dans les rues de Paris ont acclamé Daladier à son retour d’Allemagne, tandis que lui-même, ressent le « lâche soulagement et la honte » décrits par Léon Blum, bien conscient d’avoir trahi la Tchécoslovaquie et d’avoir tout juste repoussé la guerre.
Ces « munichois » s’opposent à un courant plus minoritaire qu’ils appellent les « bellicistes ». En effet, les accords de Munich sont approuvés à 535 voix contre 75, seuls les communistes et quelques députés isolés ont voté contre.
Par la suite, l’expression « esprit munichois » est devenue très péjorative, incarnant la faiblesse et le renoncement des représentants des démocraties face à la détermination des partisans des totalitarismes.
Sources :
La conférence de Munich, une BD de Pierre Kerleroux et Jérôme Blanc
La Tchécoslovaquie sismographe de l’Europe au XXe siècle, p. 61-124
La France des années 30, Serge Berstein, p. 158-162
La trahison de Munich : réponse des « munichois » au « belliciste » Emmanuel Mounier
Vous pouvez lire aussi :
Edvard Benes, un drame entre Hitler et Staline, Antoine Marès
Les accords de Munich et les origines de la guerre
Munich 1938, Jacques Bouillon et Geneviève Vallette
Le fantôme de Munich, un roman de Georges-Marc Benamou
Dans ce cadre-là, la différence entre la politique d’apaisement et l’esprit munichois, en lien avec les accords de Munich, tient surtout à la différence de stratégie diplomatique entre l’Angleterre et la France.
La «politique d’apaisement» est surtout le fait des britanniques et plus précisément de Neville Chamberlain et Lord Halifax, surnommés les « appeasers ». Voici la définition donnée par l’historien Paul Kennedy : « politique de règlement des querelles internationales par l'admission et la satisfaction des États par la voie de négociation rationnelle et de compromis, évitant ainsi le recours à un conflit armé qui serait coûteux, sanglant, voire dangereux ». Selon Winston Churchill, fortement opposé à cette politique, « un appeaser est quelqu’un qui nourrit un crocodile en espérant être mangé en dernier ».
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En France, un courant pacifiste fort, appelé parfois les « pacifistes intégraux », défend le fait de trouver un accord avec Hitler à propos des Sudètes pour éviter la guerre. 500000 personnes dans les rues de Paris ont acclamé Daladier à son retour d’Allemagne, tandis que lui-même, ressent le « lâche soulagement et la honte » décrits par Léon Blum, bien conscient d’avoir trahi la Tchécoslovaquie et d’avoir tout juste repoussé la guerre.
Ces « munichois » s’opposent à un courant plus minoritaire qu’ils appellent les « bellicistes ». En effet, les accords de Munich sont approuvés à 535 voix contre 75, seuls les communistes et quelques députés isolés ont voté contre.
Par la suite, l’expression « esprit munichois » est devenue très péjorative, incarnant la faiblesse et le renoncement des représentants des démocraties face à la détermination des partisans des totalitarismes.
Sources :
La conférence de Munich, une BD de Pierre Kerleroux et Jérôme Blanc
La Tchécoslovaquie sismographe de l’Europe au XXe siècle, p. 61-124
La France des années 30, Serge Berstein, p. 158-162
La trahison de Munich : réponse des « munichois » au « belliciste » Emmanuel Mounier
Vous pouvez lire aussi :
Edvard Benes, un drame entre Hitler et Staline, Antoine Marès
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