PORTAIT UNIQUE SUR UN TABLEAU A TOUTES EPOQUES ANCIENNES
ARTS ET LOISIRS
+ DE 2 ANS
Le 06/02/2016 à 20h03
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Question d'origine :
Bonjour,
En cherchant des portraits de la Comtesse de Palatine et Philippe d'Orléans, je viens seulement de me rendre compte qu'il est impossible de trouver des peintures de "couples" dans l'histoire française. Que ce soit François 1er, tous les Louis, et autres rois, ils sont tous seuls sur leur tableau. Il y a bien des peintures femmes et enfants, roi qui part à la chasse ou à la guerre avec sa cours ou son armée, mais je n'en trouve pas en tant que couple.
C'est moi qui cherche mal ou ça ne se faisait pas ? Si ça ne se faisait pas, y en a-t-il une raison ?...
Merci d'avance pour votre réponse,
Nelly
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 10/02/2016 à 15h33
Il semblerait effectivement que les peintures de couples royaux soient très peu nombreuses. Encore faudrait-il distinguer les peintures officielles sur tableaux des miniatures présentes dans les manuscrits ou les livres d’heures. On peut trouver également des représentations de couples royaux dans certaines tapisseries. On peut en voir un exemple dans le blog consacrés aux derniers Valois. L’auteur de ce blog néanmoins aboutit à la même constatation que vous, sous l’onglet
« Si le portrait est l'un des meilleurs moyens pour nous de mettre l'Histoire en image, les curieux des derniers Valois se retrouvent très souvent déçus de la pauvreté apparente de leur iconographie. Le portrait français du XVIe siècle paraît bien terne si on le compare avec les majestueux portraits baroques du XVIIe siècle : les tableaux sont de petite taille et souvent insignifiants, les portraits sont en buste au lieu d'être en pied, les décors du fonds et la mise en scène sont austères, il n'y a aucun habillement hormis parfois un maigre rideau rouge ou vert.
Ce qui accentue cette impression de vide c'est également l'absence de portraits de famille. Il n'en existe quasiment pas. Le portrait français du XVIe siècle est traditionnellement individuel. Il faut attendre le XVIIe siècle pour voir les tableaux familiaux se développer. »
Quelques portraits familiaux sont visibles sur le site d’un amateur de portraits de souverains, Portraits des Souverains de France. De Jean II Le Bon à Napoléon III. Entre autres :
Louis XII (1462-1498-1515) et Anne de Bretagne (Anonyme - 16e s. - Chantilly)
Louis XIV et sa famille, par Nicolas de Largillierre. (1710-15 - London, Wallace coll.).
La Famille de Louis de France, fils de Louis XIV, dit "Le Grand Dauphin", par Pierre Mignard (1687 - Versailles).
Nous voyons plusieurs facteurs qui aboutissent à cet état de fait.
La représentation de la personne royale était tout sauf naturelle. Le peintre n’avait pas pour unique but de produire une image ressemblante des personnes en face de lui, mais surtout d’évoquer la puissance du pouvoir royal, avec des traits et des poses nobles, des parures somptueuses et des accessoires symboliques (regalia). L’individu s’effaçait derrière sa fonction.
Les couples royaux ne s’établissaient pas selon des inclinations sentimentales, mais plutôt sur des visées politiques : recomposition des alliances et des territoires entre souverains. A titre d’exemple le mariage entre Louis XIII et Anne d’Autriche n’a été consommé que quatre années après les noces. En outre, le premier rôle d’une reine attendu par la société était celui de procurer au roi un enfant mâle (loi salique).
L’histoire de la peinture, et plus spécifiquement du portrait, montre une évolution constante vers plus de naturel, vers l’expression de l’intériorité. Ces conceptions seront présentes au XVIIIe – on peut citer dans cette veine l’artiste Louise-Élisabeth Vigée Le Brun – et elles constitueront une caractéristique de l’art moderne inauguré par Édouard Manet.
Voici quelques références pour aller plus loin :
Roi de France : de Charles VIII à Louis XVI / Michèle Fogel
Vous saurez tout sur la souveraineté : le principe successoral, les mariages, la distance d’avec les sujets, l’exercice solitaire du pouvoir, etc.
Les couples royaux dans l'histoire / Jean-François Solnon.
Onze couples, du Moyen Age à la fin du XIXe siècle, dont trois concerne la France - Charles VI et Isabeau de Bavière, Louis XIII et Anne d’Autriche, Louis XVI et Marie-Antoinette - dans lesquels la femme légitime a exercé un rôle politique.
Portraits de cour / Stéphane Bern, Franck Ferrand.
Panorama du portrait de cour à travers l'histoire de la peinture, de la fin du Moyen Âge à nos jours. L'évolution des styles mais aussi, le rôle de propagande de cet exercice artistique ainsi que les symboles dissimulés dans les portraits sont illustrés à travers plus de 300 toiles.
A noter la reproduction du tableau de Rubens Henri IV reçoit le portrait de Marie de Médicis qui montre l’un des rôles du portrait de cour : la présentation à distance d’un promis ou d’une promise.
L'image du roi de François Ier à Louis XIV / sous la direction de Thomas W. Gaehtgens et Nicole Hochner.
Études, couvrant les XVe, XVIe et XVIIe siècles, portant sur l’image du roi dans l’art, qui n’est pas une simple illustration ou mise en scène, car elle incarne le pouvoir, le corps de l’État. Cette image n’est pas uniquement la trace visible de l’autorité, elle est aussi un lieu de séduction où se tisse un rapport affectif et cultuel entre le peuple et le souverain, entre le peintre et son modèle.
Le prince et les arts : stratégies figuratives de la monarchie française de la Renaissance aux Lumières / Gérard Sabatier
L’auteur explore l'instrumentalisation des arts durant la période de la construction de l'absolutisme qui contribue à façonner un imaginaire de l’autorité entraînant l’adhésion des peuples.
Les portraits du pouvoir : Actes du colloque, Rome, Villa Médicis, du 24 au 26 avril 2001Les portraits du pouvoir : Actes du colloque, Rome, Villa Médicis, du 24 au 26 avril 2001 / organisé par Olivier Bonfait et Brigitte Marin.
Entre image et représentation, entre masque et visage, le portrait relève à la fois de l’art de la ressemblance et de la pratique sociale de la reproduction. Le pouvoir politique a toujours cherché à s’incarner dans une icône dont le fonctionnement puisse réactiver la nature même de ce pouvoir et son autorité.
A noter particulièrement l’étude d’Édouard Pommier Le portrait du pouvoir : de la norme à la réalité.
Symboles du pouvoir / Paola Rapelli.
Guide iconographique des symboles et attributs du pouvoir, ainsi que des rois et princes.
Iconographie des Rois de France : première partie : de Louis IX à Louis XIII / Louis Harcourt Comte d', Charles Maumené Lt. Colonel
Iconographie des Rois de France : deuxième partie : Louis XIV, Louis XV, Louis XVI / Louis Harcourt Comte d', Charles Maumené Lt. Colonel
Étude méthodique, aussi complète que possible, des portraits des rois de France, dans toutes ses manifestations : statuaire, peinture, miniature, dessin, art de la médaille et de la tapisserie, gravure.
Les œuvres sont décrites surtout par du texte. 78 reproductions au total.
L'art du portrait / Elisabetta Gigante.
Vaste historique de l’évolution de l’art du portrait dans sa diversité.
Le portrait / sous la direction de Stefano Zuffi.
Une évocation de l'art du portrait, du gothique à nos jours, à travers 500 chefs-d’œuvre de la peinture occidentale. Un chapitre sur le portrait d’État, un autre sur le jeu des couples.
Deux dossiers pédagogiques très bien faits sur l’histoire du portrait, émanant de musées :
Musée des Augustins à Toulouse.
Musée d’Art Roger-Quilliot à Clermont-Ferrand.
DANS NOS COLLECTIONS :
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